Pays et villes

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LITUANIE

Modeste a été la réception de Mirbeau en Lituanie, ce qui n’a rien d’étonnant : aujourd’hui, à la différence de l’Estonie, ni Le Jardin des supplices (Kankinimų sodas), ni même Le Journal d’une femme de chambre (Vienos kambarinės dienoraštis), ne sont accessibles dans la langue du pays. Plus curieux, en revanche, est le fait que la seule œuvre qui y ait été traduite soit Les Mauvais bergers, et ce à trois reprises et en deux langues ! En effet, Netike ganytojai [“les pasteurs infidèles”] a d’abord paru en 1908, dans la Russie tsariste, en feuilleton et en lituanien, dans une revue de Vilnius, Vilniaus zinios, traduit par Jurgis Antanaitis ; puis en 1921, à Kaunas, la capitale de la Lituanie devenue indépendante, aux éditions Varpo, dans une nouvelle traduction de N. Lukavicius. Mais auparavant, en 1906, avait paru à Vilnius une traduction en yiddish et en caractères hébraïques, par Vilnahi, Jan i Madlena (i Shlechte Fihrer)  [“Jean et Madeleine (les mauvais conducteurs)”], aux éditions Bikherfarlag Tzukunft [“éditions le futur”] (102 pages) ; le titre met en évidence qu’aux yeux du traducteur Jean Roule et Madeleine ne sont pas des héros positifs, mais sont eux aussi, voire eux surtout, de mauvais bergers. Reste que ce sont probablement des motivations politiques qui expliquent le choix de cette pièce, que Mirbeau n’aimait pas et qu’il aurait voulu rayer de la liste de ses œuvres. La seule autre traduction répertoriée est celle de « L’Enfant »,  Vaikas, parue en 1906, à Vilnius, dans un petit recueil de contes français traduits par J. V. Verté, dans Vilniaus zinios,  n° 81. Peut-être une recension systématique de la presse lituanienne de l’entre deux guerres permettrait-elle de découvrir d’autres textes proposés aux lecteurs lituaniens, mais le bilan a toutes chances de rester modeste, et la période communiste, comme dans d’autres pays, a été particulièrement improductive : Mirbeau devait hérisser le poil des apparatchiks.

Lors de sa mort, Vincas Mickiewicius-Kapsukas, socialiste révolutionnaire qui fondera par la suite le Parti Communiste lituanien, a pourtant rendu hommage, dans Naujoji gadyne, à l’écrivain engagé aux côtés des prolétaires et détesté par les bourgeois. Quant à V. Dubas, dans son histoire de la littérature française, Prancuzu literaturos istorija, parue à Kaunas en 1929, il n’évoque que brièvement Mirbeau, dont il souligne le réalisme, mâtiné de restes romantiques (tome 1, p. 246).

P. M.

 

Bibliographie : Irena Skurdeniene, « La Réception de Mirbeau dans la littérature lituanienne au tournant du XXe siècle », Cahiers Octave Mirbeau, n° 13, 2006, pp. 171-175.

 

 

 

 


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