Pays et villes
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UKRAINE |
Indépendante depuis 1991 seulement, l’Ukraine n’en dispose pas moins d’une langue, d’une culture et d’une histoire qui lui sont propres et a connu des courants nationalistes et indépendantistes durables. Mais le rattachement à la Russie tsariste, puis à l’U.R.S.S., n’en a pas moins entraîné, au cours des deux derniers siècles, une inévitable russification et l’usage très général de deux langues – et même de trois, si on ajoute le polonais, parlé à Lvov. Le résultat, en ce qui concerne Mirbeau, c’est que l’Ukraine lui a été doublement, voire triplement, accueillante : de même qu’en Russie stricto sensu, l’intelligentsia russophone a eu pour lui les yeux de Chimène, au début du vingtième siècle ; mais il en a été de même du courant progressiste proprement ukrainien, incarné notamment par le poète et régisseur de théâtre Mykola Voronyj (né en 1871), l’instituteur Boris Grintchenko (1863-1910), militant internationaliste du Parti radical-démocrate ukrainien, et Volodymyr Dorochenko (1879-1963), activiste socialiste du Parti révolutionnaire ukrainien. . Les traductions ukrainiennes ne sont pas très nombreuses. Curieusement, un seul roman de Mirbeau a paru en ukrainien, et ce n’est pas le plus célèbre : Le Calvaire, publié en 1908 à Kiev, aux éditions Tchas, sous le titre bizarre de Brodiaga [“le vagabond”]. En revanche, les contes et, surtout, le théâtre ont été mieux servis. Un très petit recueil de contes (16 pages) a été publié en 1907, à Kiev, mais nous en ignorons le contenu. Il a été précédé en 1904 par « Vers le bonheur », Na stritchou chtchastia, traduit par Volodymyr Dorochenko et paru, à Kiev également, dans Le Messager scientifique et littéraire, et été suivi, en 1924, par « Agronomie », également traduit par Dorochenko et paru à Lvov chez. Nakladom Tovaristva Prosvita, dans la collection. « Narodnia biblioteka » [“bibliothèque populaire”], n° 27, aux côtés de Crainquebille, d’Anatole France, dans une brochure intitulée Dvi doli, [“Deux destins”]. Les affaires sont les affaires, pour sa part, a été traduit par Boris Grintchenko sous le titre inattendu de Ou Zolotykh kajdanakh [“dans les chaînes dorées”] et a été publié à Kiev en 1907, par les éditions Malo-Jitomirska (122 pages). Les Mauvais bergers, Likhi pastoukhi a été publié en 1916, à Lvov, par les éditions Chliakh dans la collection « Novitnia Biblioteka » n° 23 (106 pages), dans la traduction, fidèle, de Volodymyr Dorochenko, laquelle a été reprise en feuilleton, l’année suivante, dans la revue Chliakh, et des représentations ont été données à partir du 5 janvier 1924 au théâtre national d’Ukraine, à Kiev, dans une mise en scène de Romanitskiï. Enfin, Scrupules a été traduit par Mykola Voronyj et publié deux fois, à Kiev, sous le titre de Zlodiï, signifiant “le voleur” : en 1918, aux éditions Dzvin, dans la collection « Universalna biblioteka », et en 1923, à Lvov, aux éditions Russalka, dans la collection. « Teatralna biblioteka ». Pendant la même période, sont publiées en Ukraine des traductions russes : en 1903, à Odessa, paraît une des nombreuses traductions pirates de Les affaires sont les affaires, Vlast dieniek [“le pouvoir de l'argent”], signée de A. P. Bourd-Voskhodov, mais sans indication d’éditeur ; en 1905, à Kharkov, c’est une brochure de 8 pages comportant « L’Enfant », Rebionok , traduit par L. Guendrikovaov, qui sort chez V. I. Potanov ; la même année, paraît à Jytomir, chez I. N. Kovarski, la traduction des Mauvais bergers par L. D. et V. S, sous le titre inhabituel de Plokhie vojaki (90 pages) ; en 1906, à Kiev, paraissent chez le même éditeur deux extraits du Journal d’une femme de chambre , traduits par Soloviev, Zapiski gornitchnoi [“les mémoires d’une femme de chambre”], et Iz dnievnika gornitchnoi [”extrait du journal d’une femme de chambre”] ; à Odessa, la même année et sous le même titre, d’autres extraits sont traduits par I. A. ; en 1926, à Kharkov, est publié, aux éditions Kosmos, Le Jardin des supplices, Sad pytok [“le jardin des tortures”], sans nom de traducteur ; en 1926, à Kharkov, quatre sous-chapitres de La 628-E8, « Le Caoutchouc rouge », « Tapirs », « Missionnaires » et « Le Repas de funérailles », Krasniï kaoutchouk, sont édités par « Ukrainski rabotchiï » [“le travailleur ukrainien”], sous le titre de Krasniï kaoutchouk [“le caoutchoucrouge”]. Il faudra attendre 1991 pour que paraisse à Kiev, aux éditions Radianskiï pismiennik, une traduction complète du Journal d’une femme de chambre, Dnievnik gornitchnoi. Notons enfin qu’une version polonaise de Scrupules a été représentée à Lvov le 13 mai 1904, en même temps que la version ukrainienne, et que la traduction polonaise de L’Épidémie, Epidemia, y a également été représentée le 20 mai 1905. Il est notable que la quasi-totalité de ces traductions en trois langues ont vu le jour du vivant de Mirbeau ou dans les années qui ont suivi immédiatement la révolution russe. Mais après l’arrivée au pouvoir de Staline, Mirbeau n’a plus eu droit de cité en Ukraine, jusqu’à l’effondrement de l’U.R.S.S. D’autre part, on constate que le théâtre occupe une place privilégiée dans cette recension, comme si les pièces de Mirbeau étaient utilisées, avant et au lendemain de la Révolution, à des fins d’agit-prop. P. M.
Bibliographie : Jaroslava Josypyszyn, « Octave Mirbeau et l’Ukraine », Cahiers Octave Mirbeau, n° 9, 2001, pp. pp. 434-442.
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