Pays et villes
Il y a 116 entrées dans ce glossaire.Terme | |
---|---|
VENEUX |
Veneux-Nadon, aujourd’hui rebaptisé Veneux-les-Sablons, est un charmant village de Seine-et-Marne, proche de Moret et de Fontainebleau, où Alfred Sisley a peint, en 1880, une toile intitulée Temps de neige à Veneux-Nadon. Aux alentours de 1900, on y comptait environ 1 200 habitants. Mirbeau y a villégiaturé pendant l’été 1901 et les quatre premières semaines de l’automne, du début juillet au 22 octobre. Il y a reçu avec ferveur de nombreux amis : Auguste Rodin, Alfred Jarry, venu à bicyclette, Pierre Quillard, Jules Huret, Georges Bourdon, Thadée et Misia Natanson, et Catulle et Jane Mendès, à qui il a lu sa nouvelle comédie, Les affaires sont les affaires. Mais ce séjour estival a été marqué aussi par bien des misères : très douloureuse crise d’appendicite à peine arrivé ; grave accident de voiture d’Alice, qui a été fort longue à se remettre et qui aurait pu y laisser la vie ; et enfin mort de son fidèle chien Dingo, qu’il a pleuré comme un ami fidèle et irremplaçable. C’est à la fin de son séjour à Veneux-Nadon que Mirbeau a reçu, des acteurs membres du comité de lecture de la Comédie-Française, le « Procès-verbal des comédiens », qui l’a informé du double jeu de l’administrateur de la Maison de Molière, Jules Claretie, lors de la réception des Affaires « à correction », le 24 mai précédent. Au chapitre XII de Dingo (1913), Mirbeau évoquera ainsi sa maison de villégiature : « Le printemps venu, craignant qu’il [son chien Dingo] ne tombât malade, je louai une maison rustique, dans un joli village, ou plutôt à l’écart d’un joli village, Veneux-Nadon, près de Fontainebleau. Le jardin donnait sur la forêt, dont il était en quelque sorte le prolongement. Nulle clôture, nulle barrière ne l'en séparait... La solitude y était charmante. De longs, longs silences, et tout d'un coup, les voix du vent dans les arbres, des voix qui emplissaient les hautes voûtes, les vastes nefs de la forêt, comme des chants d'orgues qu'aurait animés le génie d'un Beethoven. » P. M.
|