Dingo : sa mère -de race dingo, une race proche de celle du loup- est capturée par sir Edward Herpett en Australie puis rapportée en Angleterre où elle met bas une portée de six chiots, « comme une pauvre domestique séduite ». Les chiots sont distribués à sa Majesté Édouard VII et à différents établissements zoologiques ; « le plus beau » est envoyé au narrateur de Dingo.

Dingo ravit son nouveau maître, pour plusieurs raisons :

-D'abord, par son aspect physique : « disproportions de ses forme », « aspect radieusement caricatural », tête, beaucoup trop grosse vers laquelle affluent toutes les énergies nerveuses et sanguines du corps, peau mal taillée, pattes trop fortes, démarche qui zigzague etc... Avec l'âge, il devient fort, musclé, « souple et délié comme un magnifique éphèbe » (p.663), le poitrail large et cuirassé d'or, la queue semblable à un panache de guerrier.

-Par son caractère ensuite : il s'adapte facilement à son nouveau milieu ; il est doué d'une intelligence pratique, à l'instar des « délicieux cancres du collège » (p.655) ; il sait défendre sa personnalité avec constance et ne tombe jamais dans la servilité rampante des autres chiens.

-Par ses goûts enfin : il déteste les meubles Empire, dénués de confort et trop voyants ; il repousse, « comme illogique et stérile, la conception de l'art pour l'art » (p.653), privilégiant plutôt l'utilitaire et tout ce qui favorise son bien-être. Traditionaliste en matière culinaire, il n'admet aucune synthèse, aucune chimie alimentaire, au point de rire des biscuits modern-style.

Il est chiche en amitié, antimilitariste et accueille avec bienveillance –voire sympathie- les mendiants, chemineaux, vagabonds affamés. Bref, Dingo oppose sa nature à l’Idéal.

Dingo meurt d’une jaunisse.