Pays et villes
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POLIGNY |
Poligny est une petite ville du Jura, dont la population, d’environ 4 000 habitants, est restée à peu près stable depuis un siècle. C’est la capitale mondiale du Comté. On trouve aussi des vignobles à proximité. À l’époque de Mirbeau on y exploitait l’albâtre, on y faisait le commerce des bestiaux et on y trouvait des tanneries, des tuileries et des faïenceries. Mirbeau y est passé en voiture, vraisemblablement en 1902, un jour de marché, et évoque avec sympathie l’arrêt qu’il y a fait, dans la dédicace à Fernand Charron de La 628-E8 (1907) : « C'était la fin d'un jour de marché. Tout était calme dans les rues. Nul bruit dans les cabarets, à peu près vides. Bêtes et gens s'en allaient pacifiquement, qui à l'étable, qui au foyer. Quelques groupes restaient encore à deviser sur la place, où les petits marchands avaient démonté et repliaient leurs étalages... Rien qu'à la traverser, la ville me fut sympathique. Elle avait un air de décence, de bonne santé, de bon accueil, très rare en France. » Ses conversations, à l’auberge, avec deux paysans lui révèlent « des hommes, calmes, réfléchis, réalistes, précis, qui ne croient qu'à leur effort, ne comptent que sur lui, savent ce qu'ils veulent, ont le sentiment très net de leur force économique, exigent qu'on respecte en eux la dignité sociale et humaine du travail. Aucune trace de superstition en leurs discours, et, ce qui me frappa beaucoup, pas le moindre misonéisme » À l’en croire, ils étaient dénués de tous préjugés contre l’automobilisme, allergiques au cléricalisme et désireux d’apprendre, l’instruction étant la condition de l’affranchissement des cerveaux : « Je compris très bien que le passé n'avait plus aucune prise sur ces hommes conscients et qu'ils défendraient, avec une volonté tenace et une tranquille assurance, les conquêtes, les pauvres petites conquêtes, matérielles et morales, qu'ils avaient su, tout seuls, arracher à la société et au sol ingrat de leurs montagnes... » P. M.
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