Familles, amis et connaissances

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Terme
FANTIN-LATOUR, henri

FANTIN-LATOUR, Henri (1836-1904), peintre et lithographe français. Ami de Manet et très lié aux peintres impressionnistes, il a assuré une sorte de transition entre romantisme et impressionnisme. Il est l’auteur de portraits (notamment d’Édouard Manet) et de natures mortes, surtout des fleurs, très prisées aux États-Unis. Il affectionne aussi les portraits de groupe : Hommage à Delacroix (1864), où il se représente aux côtés de Manet, Whistler et Baudelaire,  L’Atelier des Batignolles (1870), sa toile la plus célèbre, où il a peint tous ses amis peintres de l’époque, notamment Manet, Monet, Renoir et Bazille (musée d’Orsay), Un coin de table (1872), où l’on aperçoit Verlaine et Rimbaud et six autres poètes, et Autour d’un piano (1885), où, autour de Chabrier, sont regroupés Vincent d’Indy et cinq autres amis. Il a aussi réalisé de nombreuses lithographies inspirées par des compositeurs, Wagner au premier chef, auxquelles il souhaitait donner une fluidité quasi musicale.

En 1885, Mirbeau est très élogieux pour Fantin-Latour, en qui il voit « un des meilleurs peintres de figures d’aujourd’hui, celui qui donne le plus de force, dans une facture sobre, simple et large et qui est un des plus puissants coloristes avec les noirs et les gris » (« Les Portraits du siècle », La France, 23 avril 1885). Quinze jours plus tard, dans son « Salon » de La France, c’est un véritable dithyrambe en l’honneur d’un « chef-d’œuvre qui l’émeut », Autour d’un piano, que Mirbeau juge sans égal cette année-là. Tout en affirmant que  « personne n’est plus essentiellement moderne que M. Fantin-Latour », il le rapproche d’un des plus grands maîtres du passé, Léonard de Vinci : « L’intensité de sentiment qui s’irradie de ces physionomies fait irrésistiblement penser aux figures de Léonard de Vinci, si chargées de mystères et d’humanité, de joies ambiguës et de passions vraies ! La pénétration avec laquelle le grand Léonard fouillait l’âme de ses modèles, on la retrouve ici presque aussi forte, aussi empreinte de naturalisme savant et de poésie élevée. » Mirbeau admire le « résultat merveilleux qui consiste à donner de son âme aux personnages que l’on peint » : « Ce n’est pas une ligne ou un groupe de lignes errantes qu’il copie, ce sont des sensations domptées qu’il sait faire plier à son haut caprice, sans les froisser ou les meurtrir » (« Le Salon – Fantin-Latour et M. Gervex », La France, 9 mai 1885). Dans son « Salon » de l’année suivante (La France, 16 mai 1886), nouveaux éloges pour les deux toiles de Fantin qui sont exposées : un « portrait de maître », à la fois simple, beau et « mystérieux », dont il admire « la perfection absolue » du style et « la calme beauté morale » de la vision ; et une « toile wagnérienne », Tannhäuser, qui a « la douceur et le charme d’un rêve de poète ».

Mirbeau songe alors à écrire une étude plus poussée sur Fantin-Latour et, ne le connaissant apparemment pas, s’adresse à Jean-François Raffaëlli pour obtenir quelques informations, que celui-ci lui fournit un peu à contrecœur. À l’en croire, Fantin envoie chez un photographe ceux qui lui demandent un portrait, lit du Molière à sa femme après lui avoir expliqué que l’amour c’est souvent « pénible » et « ennuyeux », se couche tous les soirs à dix heures, vend ses tableaux de fleurs en Angleterre par le truchement d’une vieille Anglaise à relations et « s'est brouillé avec tous ses amis ». Fort de ces précieux renseignements, Mirbeau a, semble-t-il, d’autant plus vite renoncé à son projet qu’il juge l’évolution du peintre dommageable. Ainsi, dans son « Salon » de 1893, il lui reproche de « chanter toujours la même chanson » et de se contenter d’allégories « sans force et sans imagination », et il regrette vivement ses mélancoliques portraits de femmes de jadis (Le Figaro, 29 avril 1893).

P. M.

 

 

 

 


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