Familles, amis et connaissances

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Terme
ADAM, juliette

ADAM, Juliette (1836-1936), née Juliette Lamber, est une femme de lettres et une républicaine passionnée. Elle a été un temps l’égérie de Gambetta et est célèbre pour son esprit farouchement revanchard et son patriotisme exacerbé. Elle tenait un salon fort couru par les politiciens opportunistes. Veuve du sénateur Edmond Adam en 1877, elle a fondé La Nouvelle revue en 1879 et y a notamment publié et lancé Paul Bourget et Pierre Loti. Elle a fait paraître des nouvelles (Récits du golfe Juan, 1873), des romans (Grecque, 1877, Païenne, 1883) et Un rêve sur le divin (1888), dont s’est gaussé Mirbeau.

            Ce dernier ne pouvait guère être de ses amis, ayant d’abord servi la cause bonapartiste, puis s’étant rallié à l’anarchisme, c’est-à-dire à des adversaires résolus de la République parlementaire que soutient mordicus Juliette Adam. De surcroît il s’est moqué d’elle à plusieurs reprises, mais au début sous un masque : d’abord, dans une fantaisie pas trop méchante signée Tout-Paris et parue dans Le Gaulois le 18 juillet 1880, « La Poire et le fromage », sans qu’elle s’en formalise outre-mesure, mais dont il s’excuse auprès d’elle ; ensuite en 1884, dans un roman “nègre”, La Belle Madame Le Vassart (1884), où il caricature « la mère Adam », comme il l’appelle, sous le nom de Mme Hervé (de la Moselle). Or, fort curieusement, c’est quand même vers elle qu’il se tourne, au printemps 1886, pour lui proposer de faire paraître en feuilleton dans sa revue son premier roman officiel, Le Calvaire. Le choix est fort étrange, car le chapitre II, qui démystifie l’idée de patrie et donne de l’armée française une image lamentable, ne pouvait que choquer celle qui se considérait comme « l’âme de la patrie ». Comme c’était prévisible, elle refuse de pré-publier le scandaleux chapitre II, si contraire à ses convictions, mais elle accepte tout de même de publier le reste du roman, moyennant la somme de 2 500 francs, qui n’était pas négligeable. En 1887, elle songe un temps à confier à Mirbeau la critique d’art de La Nouvelle revue, mais recule face aux réactions de certains abonnés. Dans ses lettres privées,  Mirbeau a la dent très dure pour parler d’elle, dans ses lettres à Paul Hervieu, ce qui ne l’empêche pas de se montrer respectueux, humble et plein de bonne volonté dans celles qu’il lui adresse (et qui sont recueillies dans le tome I de sa Correspondance générale).

P. M.

 

                Bibliograhie : Correspondance générale, Tome 1, édition établie, présentée et annotée par Pierre Michel avec l'aide Jean-François Nivet, L'Âge d'Homme, 2002.


ADAM, paul

ADAM, Paul (1862-1920), romancier très prolifique et très divers, qui a flirté un temps avec le naturalisme (Chair molle, 1885, paru en Belgique), puis avec le boulangisme, aux côtés de Maurice Barrès, avec l’anarchisme, avec le symbolisme et avec l’occultisme. Apologiste de Ravachol en 1892 (« un saint nous est né », écrit-il), il est devenu par la suite un ferme partisan des conquêtes coloniales et a illustré une idéologie du sacrifice, de l’honneur et de l’énergie, que d’aucuns ont qualifiée de proto-fasciste. Ses meilleurs volumes sont ses Lettres de Malaisie (1897), anticipation politique, et sa tétralogie napoléonienne : La Force (1899), qui vibre d’un souffle épique, L’Enfant d’Austerlitz (1902), La Ruse (1903) et Au soleil de Juillet (1903) – cycle auquel on peut rattacher La Bataille d’Uhde (1897) et Le Lion d’Arras (1920). Mais il a aussi écrit des nouvelles (Les Tentatives passionnées, 1903), des romans exotiques de reconstitution historique (Basile et Sophia, 1899) et des romans de dénonciation sociale (Essence de soleil, 1890, Les Robes rouges, 1891, Le Mystère des foules, 1895, Le Vice filial, 1898, Le Trust, 1910).

Mirbeau n’a eu que peu de relations avec Paul Adam, et il est douteux que sa production littéraire, pour une bonne part alimentaire, l’ait enthousiasmé. Les engagements boulangistes et nationalistes de son jeune confrère ont dû le refroidir quelque peu, tout comme son style empanaché. Mais il avait de l’estime pour l’homme, dont l’anarchisme provisoire l’a rapproché un temps, et il est alors intervenu, avec succès, pour le faire entrer au Journal, en septembre 1892.

P. M.

 

Bibliographie : Isabelle Genest, Intellectuels et décadence durant la Belle Époque : les cas d'Octave Mirbeau et Paul Adam, thèse dactylographiée, Université de New-York, 2001, 499 pages.


ADES, albert

ADÈS, Albert (1893-1921), romancier égyptien de langue française et qui a passé en France ses dernières années, près de Triel-sur-Seine, où vivait alors Mirbeau. Avec son compatriote Albert Josipovici, il a publié, en 1914, Les Inquiets et, en 1919, un roman, Goha le simple, dont le manuscrit avait enthousiasmé Mirbeau, peu de temps avant sa mort et qu’il a accepté de préfacer. Seul il a publié Le Roi tout nu. Il travaillait à une étude comparée de Mirbeau, Maeterlinck et Bergson, La Pyramide, quand la mort l’a surpris. Sa fille a publié en 1949 ses notes manuscrites, sous le titre Adès chez Bergson.

             Adès n’a connu Mirbeau qu’à un moment où il était vieux, malade, revenu de tout, « supplicié » par la guerre, dégoûté par l’indécrottable stupidité des hommes, et hors d’état d’écrire (c’est en réalité Francis Jourdain qui, sur ses indications, a rédigé la préface de Goha). Il lui a consacré plusieurs émouvants articles de témoignages, où il a rapporté nombre de ses propos rétrospectifs sur son œuvre. Mais si Mirbeau est critique envers lui-même, Adès, lui, est plein d’admiration pour une œuvre de salubrité sociale, dont la colère est alimentée à la même source que « les malédictions des prophètes », et pour un  homme qui, malgré ses déceptions et ses écœurements, continue de vibrer de « l’amour de l’humanité ». Quant à Mirbeau, après avoir apprécié la vive intelligence d’Adès et de son ami Josipovici, il a vu en Goha, dont ils lui ont apporté le manuscrit, une « œuvre de génie », qui lui a enfin permis de véritablement comprendre l’Orient et qui, pour lui, est « de la vie », et non de la simple littérature.

P. M.

 

Bibliographie : Albert Adès : « La Dernière physionomie d’Octave Mirbeau »,  La Grande revue, mars 1917 ; Albert Adès, « L'Œuvre inédite d'Octave Mirbeau », Excelsior, 3 juin 1918 ; Albert Adès, « Mirbeau critique d’art et collectionneur », La Renaissance de l’art, février 1919, pp. 55-66 ; Albert Adès, « Octave Mirbeau à Cheverchemont », Nouvelles littéraires, 27 janvier 1934 ; Albert Adès, La Pyramide - Trois hommes et une vérité, étude manuscrite ; Octave Mirbeau, Préface du Livre de Goha le Simple, Calmann-Lévy, 1919, pp. I-VII.


AJALBERT, jean

AJALBERT, Jean (1863-1937), avocat, poète impressionniste (Sur les talus, 1888), romancier et mémorialiste, anarchiste de tempérament à ses débuts, et qui se situe dans la mouvance naturaliste et impressionniste ;  il entendait notamment donner à la banlieue droit de cité littéraire, comme Raffaëlli en peinture. Auteur de Sur le vif (1886), Le P’tit (1888), En amour (1890), Femmes et paysages (1891), Mémoires en vrac - Au temps du symbolisme (1938). Il a aussi adapté pour le théâtre La Fille Élisa, d’Edmond de Goncourt, qui a été créé le 26 décembre 1890 au Théâtre Libre et interdit le 19 janvier suivant. Il succèdera à Mirbeau à l’Académie Goncourt, le 28 novembre 1917, et sera ensuite conservateur de la Malmaison, puis administrateur de la manufacture de Beauvais.

Mirbeau avait de l’amitié pour son cadet à qui, à en croire les Mémoires en vrac, il aurait jadis demandé d’aller retirer sa malle, laissée en gage à Audierne, chez le célèbre aubergiste Batifoulier, en juin 1884. Il a aussi de l’estime pour l’écrivain : en 1889, il intervient auprès de Valentin Simond pour qu’il publie en feuilleton En amour, roman « qui [lui] paraît une œuvre infiniment délicate, et d’un très fin et subtil travail de joaillier » et qui dénote « le sens de la modernité ». De son côté, Ajalbert est emballé par Sébastien Roch, « courageux et superbe plaidoyer pour l’enfance ». Les deux écrivains ont en commun, selon Mirbeau, « une façon de voir la vie humaine, désenchantée et spirituelle dans la tristesse, et ironique dans la pitié », et un engagement anarchiste, qui les rapproche à maintes reprises dans les années 1890 : ainsi, en 1891, c’est Ajalbert qui plaide pour Jean Grave (voir la notice) contre la Société des Gens de Lettres, dans une affaire où son aîné intervient, avec son efficacité habituelle, dans les colonnes de L’Écho de Paris ; tous deux soutiennent l’hebdomadaire libertaire Les Temps nouveaux ; tous deux  réfutent les thèses de Strindberg sur les femmes, en 1895 ; enfin tous deux s’engagent résolument dans la campagne dreyfusiste, en 1898-1899, Ajalbert se payant même le luxe, en janvier 1898, de faire paraître une fausse lettre de soutien à Zola, signée de ses confrères du Journal, pour les obliger à prendre position publiquement.

P. M.

 

 

 


ALEXIS, paul

ALEXIS, Paul (1847-1901), écrivain naturaliste, ami dévoué et fidèle disciple de Zola. Journaliste, il a collaboré à La Cloche, au Réveil et, surtout, sous le pseudonyme de Trublot, au Cri du peuple de Jules Vallès et Séverine, où il recourait volontiers à une langue argotique suspecte d’artifice. Romancier et conteur, il a participé aux Soirées de Médan (1880), ouvrage collectif, et il est l’auteur de La Fin de Lucie Pellegrin (1880), d’où il a tiré une pièce, du Besoin d’aimer (1885), de Madame Meuriot (1890), qu’il a eu beaucoup de mal à achever, et d’un recueil de nouvelles, L’Education amoureuse. Il a écrit aussi un Émile Zola, notes d’un ami (1882), qui constitue un témoignage de première importance.

Alexis faisait partie des très rares amis que Mirbeau tutoyât. Mais, s’il avait de l’estime et de l’amitié pour l’homme, en revanche il ne trouvait aucune espèce de talent au romancier et voyait en lui le mauvais produit d’« une doctrine absurde et barbare », le naturalisme, qui « n’a, jusqu’ici, produit que M. Paul Alexis et M. Henry Céard – de quoi, j’imagine, il n’y a point lieu de se vanter » (« Émile Zola et la naturalisme », La France, 11 mars 1885). Aussi bien refuse-t-il poliment d’écrire un article sur Madame Meuriot, en 1890, et, lorsqu’il s’est agi de compléter la première Académie Goncourt, en 1897, n’a-t-il pas voulu défendre la candidature d’Alexis, lequel, sans trop compter sur son soutien, ne s’en demande pas moins si le vote annoncé de Mirbeau en faveur de Barrès et de Rodenbach est définitif. Le 16 janvier 1898, Alexis a été un des premiers signataires de la deuxième pétition d’intellectuels dreyfusards, rédigée par Mirbeau et publiée dans L’Aurore.

P. M.

 


ALLAIS, alphonse

ALLAIS, Alphonse (1854-1905), célèbre humoriste et fantaisiste. Il était un grand amateur de jeux de mots, de facéties, de parodies et d’histoires absurdes, qui remettent en cause le faux sérieux et les normes sociales, littéraires et linguistiques. Comme Mirbeau, il a collaboré au Journal depuis sa fondation, en 1892. Il est notamment l’inventeur du fameux capitaine Cap, célèbre par ses breuvages. Son premier recueil d’« histoires chatnoiresques », À se tordre, a paru en 1891. Les autres principaux recueils sont Le Parapluie de l’escouade (1893), Rose et vert pomme (1894), Deux et deux font cinq (1895), On n’est pas des bœufs (1896), Le Captain Cap, ses aventures, ses idées, ses breuvages (1902). Pendant l’affaire Dreyfus, il a publié un roman intitulé L’Affaire Blaireau.

Avec des contes fantaisistes tels que « Le Concombre fugitif » (Le Journal, 16 septembre 1894), « Explosif et baladeur » (Le Journal, 25 novembre 1894), ou encore « Un peu de science », inséré en 1901 dans Les 21 jours d’un neurasthénique (Le Journal, 29 mars 1896), Mirbeau s’est révélé un frère spirituel d’Alphonse Allais, dont il partage le goût de la loufoquerie et des mystifications, le plaisir des jeux de mots, et aussi le profond mépris pour Francisque Sarcey et son prétendu « bon sens ». Ils se sont amusés à dialoguer dans les colonnes du Journal. Le 29 novembre 1894 et le 23 décembre 1895, Allais a fait paraître des lettres ouvertes « à M. Octave Mirbeau ». Quant à Mirbeau, il a à son tour adressé une « Lettre ouverte à Alphonse Allais » (Le Journal, 19 avril 1896), où il rapporte la « fin tragique » d’un hérisson alcoolique, à laquelle l’humoriste a répondu, le 22 avril, dans un « télégramme ouvert à Octave Mirbeau ». Sous le pseudonyme de Jean  Salt, Mirbeau a également publié un pastiche d’Allais, « Curieux effets de la science » (Le Journal, 5 juin 1897). Il a aussi cité le nom de son ami dans deux chroniques de L’Écho de Paris, « La Larme » (29 août 1893) et « Égalité, fraternité » (6 février 1894). Quant à Allais, il a dédié à Mirbeau un de ses contes, « Le Nommé Fabrice », paru dans Le Chat noir le 14 avril 1888 ; et le 24 juillet 1896, il a publié sa chronique du Journal, « La Vie drôle »,  « pour dégoûter Octave Mirbeau ».

P. M.

 

Bibliographie : François Caradec, « Mirbeau et Alphonse Allais », Cahiers Octave Mirbeau, n° 3, 1996, pp.174-176 ; Pierre Michel, « Octave Mirbeau – Jean Salt », (Cahiers Octave Mirbeau, n° 3, 1996, pp.145-173)

 


ALYPE, pierre

ALYPE, Pierre (1846-1906), journaliste et politicien gambettiste, d’origine réunionnaise, qui a réussi, en 1881, à se faire élire, dans des conditions contestées, député des Indes françaises. Il a siégé à la Chambre jusqu’à 1898, date à laquelle il a été écrasé par son concurrent. Quoique républicain, il s’est montré hostile à l’assimilation et partisan de maintenir les usages les plus rétrogrades, au profit d’une minorité d’Indiens privilégiés et traditionnels et au détriment des basses castes et des parias, traités en sous-hommes, en quoi il s’est opposé au gouverneur Drouhet, qui lui a intenté un procès en diffamation, en 1882, avant d’être rappelé par Félix Faure, sous-secrétaire d’État aux colonies, en octobre 1884. En conflit  également avec son successeur, Richaud, il obtient aussi son rappel.

En 1885, à la demande de son ami François Deloncle (voir la notice), Mirbeau mène campagne contre Alype dans les colonnes de La France. Le 4 juillet, dans  « M. Pierre Alype », il l’accuse d’être un intrigant et un répugnant personnage à la « tête de convict » que l’on n’a pas envie de « regarder une seconde », de n’avoir fait que du mal dans les Indes françaises, d’y déshonorer la France et de risquer, par son comportement qui n’inspire qu’un mépris général, de priver 280 000 électeurs du droit de vote si par malheur il devait être réélu. Suite à une lettre ouverte du député, Mirbeau récidive le 9 juillet dans « À M. Alype », où il réitère ses accusations et met Alype au défi de les réfuter.

P. M..

 


ANQUETIN, louis

ANQUETIN, Louis (1861-1932), peintre et dessinateur français. Impressionniste indépendant, ami de Toulouse-Lautrec et de Van Gogh, il a exposé avec eux, au Salon des Indépendants, en 1888 et 1891, et au Café Volponi, pendant l’Exposition Universelle de 1889. Il était allergique aux théories et aux écoles (« des blagues », disait-il) et affirmait la primauté du tempérament, ce qui contribuait à le rapprocher de Mirbeau. Après avoir découvert les estampes japonaises et les jeux de lumière à travers les vitraux colorés des fenêtres Avec le tout jeune Émile Bernard, il a néanmoins fondé le « cloisonnisme », ainsi baptisé par Édouard Dujardin, et caractérisé par de gros contours noirs (Le Faucheur et L’Avenue de Clichy le soir, 1887). Par la suite, il évoluera vers le classicisme et s’inspirera particulièrement de Rubens, auquel il consacrera une étude en 1924 (Combat, 1896, Renaud et Armide, 1904).

Mirbeau ne semble pas avoir beaucoup apprécié les recherches picturales d’Anquetin. Dans son article du 31 mars 1891 sur « Van Gogh », il lui reconnaît, dans deux des toiles exposées, « une jolie échappée de lumière » et « de savantes harmonies de gris », mais il regrette les « réminiscences flagrantes », les « conventions d’école », les « bizarreries ratées » et les « caricaturales laideurs ». Il faut croire que le peintre ne lui en garde pas rancune, car, trois semaines plus tard, il le sollicite pour soutenir sa protestation contre le refus de ses toiles, et de beaucoup d’autres, par le jury du  Salon du Champ-de-Mars. Ensemble ils écrivent un texte, qui se présente sous la forme d’une lettre adressée à Mirbeau lui-même, qui la publie, le 22 avril, dans « Les Jurys au Salon », et qui dénonce ce nouveau Salon, devenu, en quelques années, « une coterie plus étroite, plus fermée, plus anti-artistique, plus essentiellement commerciale encore, que le Salon ancien ». Il présente l’initiateur de la protestation en ces termes : « M. Anquetin est un peintre de beaucoup de talent, dont on peut discuter, parfois, les tendances, mais dont un artiste probe et loyal ne peut méconnaître les réelles et très grandes qualités d’art. » Le lendemain, 200 artistes protestataires décident d’organiser une exposition sans jury (qui se tiendra au Palais des Arts Libéraux, du 29 mai au 30 juin) et votent « par acclamation des remerciements à la presse, et particulièrement à M. Mirbeau », qui est nommé, « avec un grand enthousiasme », membre du comité d’organisation. En post-scriptum de son article du 28 avril 1891, Mirbeau refuse cet « honneur », parce qu’il est hostile aux comités en général et parce qu’il n’est pas « pour l’organisation de l’art », mais bien « pour sa désorganisation ». Cependant, ajoute-t-il, « cela ne m’empêche pas de suivre, avec un amical intérêt, la campagne si énergiquement menée par M. Anquetin ».

P. M.

               

Bibliographie : Pierre Michel, « La Question du jury au Salon - Anquetin et Mirbeau », Cahiers Octave Mirbeau, n˚ 9, 2002, pp. 215-222.


ANTOINE, andré

ANTOINE, André (1858-1943), est, même s’il n’a pas inventé la notion de mise en scène, le premier des grands metteurs en scène français. Il fonde le Théâtre Libre en 1887 et le dirige jusqu’en 1894. Ce théâtre, qui ne possède aucun local, est une compagnie d’amateurs à laquelle Antoine adjoint parfois un comédien professionnel. Antoine a recruté un public d’abonnés devant lequel il donne ses représentations ; il dispose en principe  de ressources financières suffisantes et il n’a pas à rechercher des succès d’argent comme les autres directeurs de théâtres ; ses  représentations sont privées  et  il n’a donc  pas à soumettre ses pièces au visa de la censure, qui subsiste jusqu’en 1906 et dont il récuse le principe. Antoine veut  renouveler le théâtre français et lancer de nouveaux auteurs qui ont du mal à  se faire jouer dans les grands théâtres parisiens ; les directeurs ne sont pas audacieux et ils leur préfèrent souvent des auteurs comme Dumas et Sardou, même si les jeunes  générations  pensent que leurs pièces ont vieilli. Antoine donne environ un spectacle par mois ; celui-ci comprend une, deux ou trois pièces et il change chaque fois d’auteurs. Il veut que les différents éléments de la représentation  forment  un ensemble cohérent et que le décor montre tout de suite au spectateur dans quel milieu les personnages évoluent. Il pense, comme Zola qui l’a beaucoup influencé, qu’ils sont déterminés par lui  Ennemi du cabotinage, il exige de ses acteurs qu’ils vivent leurs personnages au lieu de les jouer et  qu’ils  forment un ensemble sans chercher  à briller individuellement, comme cela arrivait souvent à son époque. Antoine crée des décors très vivants, remplis d’objets familiers,  et se sert avec beaucoup d’habileté de la lumière. Il lance de nombreux auteurs, dont le noms sont souvent oubliés, mais dont certains, comme Georges Ancey, Jean Jullien, François de Curel et  Henry Céard, ne manquent pas d’intérêt. Il est le premier à jouer en France Tolstoï, Ibsen, Strindberg et Hauptmann. Victime de difficultés financières, il abandonne le Théâtre Libre en 1894. Il est nommé codirecteur de l’Odéon en juin 1896, avec un homme de lettres, Paul Ginisty, mais comme il ne s’entend pas avec lui, il démissionne en novembre 1896. Il fonde le Théâtre Antoine en 1897 et le dirige jusqu’en 1906. Il dirige l’Odéon de 1906 à 1914, date à laquelle il fait faillite. Il produit après la guerre plusieurs films et il écrit de nombreux articles de critique dramatique. Par son désir de  nouveauté et son désintéressement, Antoine a servi d’exemple aux grands metteurs français qui sont venu après lui, même si,  comme Jacques Copeau, ils avaient d’autres conception esthétiques. 

Antoine et Mirbeau sont assez longtemps en rapport l’un avec l’autre, mais cette relation est toujours délicate ; les deux hommes se cherchent en effet sans toujours se trouver. Ils  commencent à s’intéresser l’un à l’autre à l’époque du Théâtre Libre, car chacun reconnaît le talent de l’autre et voit en lui un esprit affranchi de préjugés et  opposé à l’ordre établi. Mirbeau est un journaliste connu. Son article du Gaulois sur les comédiens (15 septembre 1884) a probablement amusé Antoine et il est évident  que celui-ci a approuvé, lorsqu’il l’a lue dans le même journal, le 20 juillet 1885, sa virulente attaque contre la  censure. Mirbeau publie deux romans, Le Calvaire en 1886 et L’Abbé Jules en 1888, et devient une figure de premier plan dans les lettres françaises. Il connaît plusieurs auteurs d’Antoine, notamment Émile Bergerat, Jean Ajalbert et Léon Hennique. Antoine voudrait s’assurer son concours et il s’adresse à lui à plusieurs reprises. Il  pressent peut-être que, bien qu’il n’ait encore rien écrit pour le théâtre, il peut y exceller. Il lui demande en juin 1887, à lui ainsi qu’à Becque, à Maupassant et à d’autres écrivains,  de lui confier une pièce. Mirbeau ne lui  promet rien. Antoine réitère sans plus de succès sa demande pendant l’été de 1888 ; il propose en octobre 1889 à Carré, directeur du Vaudeville, d’organiser des matinées dans son théâtre et de les faire précéder par des conférences ; il cite Mirbeau parmi les conférenciers auxquels il pense ; là non plus le projet ne se réalise pas. Même s’il ne donne aucune pièce à Antoine, Mirbeau s’intéresse au Théâtre Libre. Il  publie dans Le Figaro du 24 août 1890 un article enthousiaste sur La Princesse Maleine de Maeterlinck et il demande sans doute  à Antoine de jouer la pièce. Henry Bauër, le critique littéraire de L’Écho de Paris, intervient auprès d’Antoine dans le même sens. Antoine prend le temps de réfléchir et Le Figaro annonce le 25 qu’il a l’intention de jouer La Princesse Maleine et Les Aveugles, du même Maeterlinck. Il renonce ensuite  à son projet, sans doute parce que La Princesse Maleine est difficile à mettre en scène et qu’elle ne correspond pas à son esthétique, qui à ce moment est plutôt naturaliste. Il est possible aussi que, très jaloux de son indépendance, il n’ait pas voulu avoir l’air de se laisser influencer. Mirbeau assiste en décembre  1890 à la représentation de La Fille Élisa d’Ajalbert, d’après le roman des Goncourt ; il publie dans L’Écho de Paris du 5 janvier 1891 un article virulent contre Hector Pessard, qui avait vivement critiqué la pièce dans Le Gaulois (27 décembre 1890). Mirbeau publie sous son nom le 9 mai 1893 dans L’Écho de Paris un article écrit en réalité par Camille Mauclair sur Pelléas et Mélisande, que Lugné-Poe joue  au théâtre de l’Œuvre le 17 mai. Mirbeau-Mauclair écrit : « En voilà assez des reconstitutions d’ameublement, du triomphe de l’accessoire soi-disant exact, des glaces peintes et du trompe-l’œil, autant que de la vraie soupe et du vrai feu, ébahissement du badaud. » Tout en se moquant du trompe-l’œil, il lance des pointes contre le Théâtre Libre, Antoine demande cependant à Mirbeau en avril 1893 d’intervenir près de Jules Huret, sans doute pour que celui-ci lui demande une interview ; Mirbeau le prie  en février 1894 de lui envoyer des places pour une représentation d’Une journée parlementaire de Barrès et par la même occasion l’invite chez lui.

Le jeu de cache-cache continue pendant l’éphémère direction d’Antoine à l’Odéon. Il  demande à Mirbeau de se charger d’une conférence sur une pièce de Beaumont et Fletcher, deux auteurs  de l’époque élizabéthaine, intitulée Philaster ou l’amour qui saigne ; il  démissionne avant que la pièce soit jouée et la conférence n’a pas lieu. Mirbeau  est invité  au déjeuner qui  est organisé en l’honneur d’Antoine le 7 décembre et  qui réunit  quatre-vingt convives, dont  Zola, Becque, Jules Lemaitre et Firmin Gémier. Mirbeau se dédit à la dernière minute en alléguant qu’il est appelé d’urgence chez lui, à Carrières-sous-Poissy ; il est possible en effet qu’il soit revenu en hâte près de son épouse malade.

Le projet déjà ancien d’Antoine de jouer Mirbeau se réalise quand il prend la direction du Théâtre-Antoine, mais des difficultés surgissent vite. Mirbeau a l’intention de lui confier  ses Mauvais Bergers et il lui en lit la moitié au printemps 1897. Il se dédit ensuite et confie sa pièce à Lucien Guitry et Sarah Bernhardt, qui la jouent au théâtre de la Renaissance le 14 décembre 1897. Mirbeau lui  donne  une autre pIèce, L'Épidémie. Antoine n’est pas enthousiasmé par cette bouffonnerie, dans laquelle  Mirbeau a volontairement outré les traits de  ses personnages et il  ne la monte que parce que Mirbeau le harcèle. Il la joue le 14 mai 1898 dans un spectacle coupé ; celui-ci commence  par  deux pièces gentillettes et amusantes, où l’adultère est évoqué, mais non consommé, Julien n’est pas un ingrat de Pierre Veber et Les Amis d’Abraham Dreyfus. Antoine, sûr que les deux premières pièces plairont, a gardé L’Epidémie, pièce provocante et plus risquée, pour la fin. Le spectacle réussit ; L'Épidémie est bien joué ; Antoine, qui s’est chargé du rôle du maire, et les conseillers municipaux paraissent comme il se doit, grotesques. Les avis des critiques sur la pièce sont nuancés. Charles Martel  estime dans L’Aurore, sans nier le talent et la verve de  Mirbeau que celui-ci   « tapant trop fort, a manqué son but » ; Catulle Mendès déclare dans Le Journal que « cette caricature énorme lui plaît par son énormité même » ; Duquesnel écrit dans Le Gaulois : « La caricature est outrée,  sanglante et de durée un peu longue peut-être... mais le fouet qui frappe à tort et à travers cingle parfois fort et il y a des coups bien portés. » Antoine n’en abandonne pas moins la pièce après sept représentations, à la grande déception de Mirbeau, qui le lui reproche  dans une lettre de juin. Mirbeau lui demande des places le 25 octobre 1898 pour Judith Renaudin, de Pierre Loti, et en février 1900 pour Le commissaire est bon enfant, de Courteline. Beau joueur, il publie  dans Le Journal du 21 janvier 1900 un article élogieux sur Antoine : « Antoine a livré au vieux théâtre une guerre à mort et victorieuse. » Mirbeau, échaudé, ne demande plus rien à Antoine ; il confie Le Portefeuille à Gémier, qui le joue avec un grand succès à la Renaissance en 1902 et le reprend plusieurs fois. Il fait jouer Les affaires sont les affaires et Le Foyer à la Comédie-française en 1903 et en 1908. Le  fonds Antoine de la BNF conserve un télégramme de Mirbeau à Antoine, daté probablement de 1904 ; Mirbeau prie Antoine de disposer de ses fauteuils et s’excuse de ne pas venir. Aucun document ne nous renseigne  sur les rapports de Mirbeau et d’Antoine postérieurs à cette date. Il est probable qu’ils se sont distendus, mais il n’est pas sûr qu’ils aient complètement cessé.

P. B.

 

Bibliographie : ; André Antoine, Mes souvenirs sur le Théâtre Antoine et l’Odéon, Les Œuvres représentatives, 1928 ; Pierre Michel,  « Les Mauvais bergers et Le Repas du lion », Cahiers Octave Mirbeau, n° 3, 1996, pp. 213-220 ; Francis Pruner, Les Luttes d’Antoine, Minard, 1954-2007. 

 

 

 

 

 

   


ANTOINE-FEILL, heinrich

ANTOINE-FEILL, Heinrich (1855-1922) était un richissime homme d’affaires et collectionneur allemand, qui vivait à Hambourg. Il était armateur et dirigeait aussi le conseil  de surveillance du grand théâtre de la ville, le Schauspielhaus. Il s’est distingué en collectionnant les montres, les monnaies et les médailles, et sa très précieuse collection a été vendue aux enchères, à Cologne, en 1955 (le catalogue de la vente a été réédité en 2010).

Nous ignorons à quelle époque Mirbeau s’est rendu à Hambourg et comment il a eu l’occasion de faire la connaissance d’Antoine-Feill. Mais il le connaît suffisamment pour lui recommander Jules Huret, lorsque celui-ci, en 1906, mène sa grande enquête sur l’Allemagne wilhelminienne.  Voici comment il présente alors ce curieux personnage à son ami Huret : « Il est, de son métier, un des hommes les plus riches de Hambourg, avocat, banquier, armateur. / Pour vous donner une idée de lui, en peu de mots, voici. / Feill, un jour, me raconte qu’il va très souvent à Paris. Il descend à l’hôtel de l’Athénée. / Il va à Paris pour ses affaires, un peu, pour son plaisir, beaucoup. / Et voici comment il opère. Le matin, il s’entretient avec le portier de l’hôtel. Il lui demande : Avez-vous une femme du monde, pour moi, aujourd’hui ? — Oui, répond le portier... J’ai la duchesse de Cambacérès ... ou la princesse de Galles... Je vous conseillerais plutôt la duchesse... C’est trois mille francs... — Voilà ! fait Feill, qui remet trois mille francs, incontinent, au portier... Vous savez, j’aime mieux que ce soit vous qui remettiez l’argent... Et voici dix louis pour vous... — Je vais vous arranger ça, pour 4 heures, dans votre appartement. — C’est très bien... Et la duchesse ?... Est-ce qu’elle va m’arranger ça, aussi ? — Elle vous arrangera tout ce que vous voudrez... / Et Feill conclut : / – Il avait raison... elle était épatante !... / Mais tout ça n’empêche pas que ce soit un homme très fort. »

P. M.


APOLLINAIRE, guillaume

APOLLINAIRE, Guillaume (1880-1918), de son vrai nom Wilhelm Albert Włodzimierz Apolinary de Wąż-Kostrowicki,  poète français, d’origine polonaise par sa mère. Il a été mis en cause, en 1911, pour le vol de la Joconde, et a alors été emprisonné une semaine. Blessé sur le front  en 1913, puis trépané, il est décédé de la grippe espagnole à la veille de l’armistice. Issu de la mouvance symboliste, il annonce le surréalisme, dont il a créé le nom. Ses deux principaux recueils sont Alcools (1913) et Calligrammes (1918), où il expérimente une création poétique visuelle, en donnant à ses textes la forme de dessins. Son poème le plus célèbre est « Le Pont Mirabeau ». En tant que critique d’art, il a soutenu l’avant-garde picturale et en particulier le cubisme. Il a aussi publié des contes (L’Hérésiarque et Cie, 1910) et perpétré quelques romans érotiques : Les Onze mille verges (1907), où se ressent l’influence de Sade, et Les Exploits d’un jeune Don Juan (1911). 

Apollinaire admirait Mirbeau : il a rendu compte élogieusement de La 628-E8 (La Phalange, 15 mars 1908) et a envoyé à son aîné un superbe exemplaire de L’Hérésiarque, agrémenté de ce bel envoi : «  À Octave Mirbeau / au maître admirable et puissant / au seul prophète de ce temps / son admirateur / Guillaume Apollinaire ». De son côté, Mirbeau est intervenu en faveur d’Apollinaire lors de son arrestation, un an plus tard : « Je tiens M. Guillaume Apollinaire en haute estime, pour son caractère et pour son talent littéraire. Il n'a pas encore donné tout ce qu'on peut attendre de lui : c'est un artiste, c'est un érudit, c'est un travailleur ardent : il ne peut pas être un malhonnête homme. Le clan des profiteurs, des lâches, des arrivistes féroces ne compte pas un homme de la valeur de Guillaume Apollinaire. Celui-ci n'avait pas besoin de recourir aux profits du vol, car il mérite, déjà, de gagner largement sa vie avec sa plume. [...] Laissez-moi dire encore combien celui-ci compte d'amis parmi les écrivains, y compris, dans notre Académie des Goncourt, M. Léon Daudet, qui a chaudement défendu le livre de ce “juif” » (Paris-Journal, 10 septembre 1911). 

P. M.

 


ARCHINARD, louis

ARCHINARD, Louis (1850-1932), militaire français, qui s’est notamment illustré par la conquête du Soudan (le Mali d’aujourd’hui). Ancien polytechnicien, sous-lieutenant en 1870, il a été envoyé en mission en Indochine, puis, en 1880, au Soudan, où il s’est emparé de Segou, en 1890, et de Djenné, en 1893, mettant fin à l’empire Toucouleur et faisant entrer le Soudan dans l’Afrique Occidentale Française. Il a été nommé général de brigade en 1896, puis général de division, en 1900, et a multiplié par la suite les responsabilités et les honneurs au sein du haut état-major.

Pour Mirbeau, le général Archinard incarne, dans toute son horreur, le militaire colonialiste, bardé de préjugés racistes et de sanguinaire bonne conscience. Il a donc entrepris de démystifier d’importance l’image de civilisateur qu’il s’est acquise. Dans un de ses contes cruels, « Maroquinerie » (Le Journal, 12 juillet 1896), il place en exergue trois citations emblématiques, pêchées, selon lui, dans La Gazette européenne, où « cet illustre conquérant » aurait exposé  « ses plans de colonisation », que Mirbeau qualifiera ironiquement de « simples mais grandioses » au chapitre IX des 21 jours d’un neurasthénique (1901), où il reprend l’essentiel de son conte de 1896. Les voici : « Plus on frappera les coupables ou innocents, plus on se fera aimer » ; « Le sabre et la matraque valent mieux que tous les traités du monde » ; « ... En tuant sans pitié un grand nombre ». On comprend qu’il ait eu envie de voir de plus près ce brave militaire, aux idées aussi radicales qu’hygiéniques, et que, comme le narrateur des 21 jours, cinq ans plus tard, il se soit rendu « chez ce brave soldat, dans le but patriotique de l’interviewer ». Au cours de cette interview, évidemment imaginaire, le « grand Civilisateur soudanais » lui montre avec une fierté comique les murs qu’il a fait couvrir de « peaux de nègres », cent neuf au total, soit « la population d’un petit hameau », histoire de ne rien perdre de la matière première de tous les Africains dûment massacrés par ses soins. Car, s’il est vrai que, « malheureusement, le nègre n’est pas comestible », sauf à la rigueur, si on l’accommode en conserves « pour la troupe », en revanche le « cuir » de nègre est  « joli… solide… inusable » et on peut l’utiliser pour « fabriquer de la maroquinerie d’art », et même « des gants pour le deuil »...  Mirbeau va jusqu’à  faire dire à ce doux civilisateur idéaliste : « Je ne connais qu’un moyen de civiliser les gens, c’est de les tuer... Quel que soit le régime auquel on soumette les peuples conquis... protection, annexion, etc., etc., on en a toujours des ennuis, ces bougres-là ne voulant jamais rester tranquilles... En les massacrant en bloc, je supprime les difficultés ultérieures... »

Il est à noter que Paul Reboux et Charles Muller se sont souvenus de « Maroquinerie », en 1910, pour rédiger leur remarquable « à la manière de Mirbeau », intitulé « Pour les pauvres » (voir la notice Parodie).

P. M.

 

 

 

 

 


AUDOUX, marguerite

AUDOUX (Marguerite), qui s’appelle en réalité Marguerite Donquichote, naît à Sancoins, dans le Centre de la France, le 7 juillet 1863. Elle perd sa mère à trois ans et se retrouve seule avec sa sœur Madeleine, après la fuite immédiate du père, lui même enfant abandonné. Une tante les recueille, puis la future romancière est élevée, de cinq à quatorze ans, par les sœurs de Marie Immaculée à l’Hôpital général de Bourges, qui fait également office d’orphelinat. L’une des religieuses, sœur Marie Aimée, la protège. Cet attachement, réciproque, marquera à jamais la future romancière. La chétive orpheline (qui ne dépassera pas le mètre quarante huit) est ensuite placée à Sainte Montaine, en Sologne, comme bergère d’agneaux et servante de ferme. Après une expérience relativement heureuse de deux années, de nouveaux « maîtres » arrivent, moins proches de l’adolescente qui, vers dix sept ans, éprouve un amour payé de retour pour Henri Dejoulx, le frère de la fermière. Mais la famille craint une mésalliance et chasse la servante. Nous sommes en 1881. la jeune fille est majeure et monte à Paris pour tenter de survivre en tant que couturière. Vingt années particulièrement noires durant lesquelles, notamment, d’une liaison orageuse, naît un enfant qui ne survivra pas. Marguerite Audoux ne tarde pas à se réfugier dans l’adoption puisque, devenue stérile, elle prend en charge Yvonne, la fille de sa sœur, tout en échappant au chômage à travers les emplois les plus ingrats (dans la buanderie de l’Hôpital Laennec, à la Cartoucherie de Vincennes). Plus tard, vers 1895, elle monte sa propre maison de couture. Elle prend alors le nom de sa mère, Audoux. C’est à partir d’Yvonne que les hasards de la vie vont orienter son existence vers la littérature. L’enchaînement du destin est le suivant : dans les années 1900, un jeune homme s’éprend de la nièce en question ; ce jeune homme, c’est Jules Iehl, alias Michel Yell en littérature, juriste et écrivain, ami d’André Gide. Yell s’aperçoit vite que l’objet de sa flamme est en réalité une créature légère qui se prostitue dans le quartier des Halles. Il va donc chercher – et trouver – consolation auprès de la tante, à qui il fait connaître ses amis écrivains et artistes : Charles Louis Philippe, Léon Paul Fargue, Léon Werth, Régis Gignoux... Le groupe auquel la jeune femme s’agrège, et qui forme un véritable cénacle – le « groupe de Carnetin », du nom du village de Seine et Marne où la bande se réunit de 1904 à 1907 – découvre que l’ancienne bergère écrit.

L’un d’eux, Francis Jourdain, connaît Octave Mirbeau par son père Frantz Jourdain, l’architecte qui préside le Salon d’automne. Mirbeau s’enflamme lui aussi pour le manuscrit de son roman autobiographique Marie Claire,  qui évoque les années 1866-1881, de Sancoins au départ pour Paris et où les faits sont assez fidèlement relatés, dans un style exceptionnellement pur et limpide.  Mirbeau lui fait obtenir rien moins que le Prix Fémina en 1910 et l’accompagne d’une retentissante préface, qui se clôt ainsi : « Lisez Marie-ClaireEt quand vous l’aurez lue, sans vouloir blesser personne, vous vous demanderez quel est parmi nos écrivains – et je parle des plus glorieux – celui qui eût pu écrire un tel livre, avec cette mesure impeccable, cette pureté et cette grandeur rayonnantes. »

Michel Yell, quant à lui, quitte définitivement Marguerite Audoux en 1912. Elle a quarante sept ans, lui trente cinq, mais surtout, il voudrait fonder une famille, avoir des enfants, ce qu’il réalise avec une autre. À cette époque, la romancière commence à prendre en charge les trois fils d’Yvonne. C’est également de 1910 à 1914 qu’elle connaît Alain Fournier. En 1920, paraît L’Atelier de Marie Claire, qui a encore un succès certain, fût il moindre que le premier. Ce decrescendo, malheureusement, se poursuit. La vie et l’œuvre vont comme s’éteindre progressivement : la santé est chancelante, les yeux en particulier, et le travail d’écriture, de plus en plus laborieux à tous points de vue, donne encore naissance à deux romans (De la ville au moulin, Fasquelle, 1926, et Douce Lumière, Grasset, 1937, posthume) et à des contes (La Fiancée, Flammarion, 1932). Marguerite Audoux s’éteint à Saint Raphaël, le 31 janvier 1937, sans grand bruit. Les quelques articles de presse que provoque l’événement sont sans commune mesure avec le tonnerre médiatique qui avait salué la couturière des lettres pour son Marie Claire en 1910.

Si Marguerite Audoux, comme tant d’autres, dut le passage de l’ombre à la lumière à celui qui imposait alors sa loi dans la République des lettres, il y eut, comme avec ses autres amis écrivains et artistes, un plus : l’amitié. En témoignent deux lettres envoyées par Mirbeau à la couturière en septembre et octobre 1911. Il la remercie pour ses fleurs, pour un pâté, lui explique comment il la défend pour le prix à la ligne des contes qu’elle destine à Paris Journal, la met en garde contre des publications prématurées, lui parle de la santé d’Alice et de la sienne, chancelantes, conclut par un « Vos amis qui vous aiment de tout leur cœur. » Autre marque de cette affection, dans l’autre sens : la tonalité des deux articles que la couturière des lettres écrit sur son aîné, avec comme cadre la maison de Triel. Le premier se conclut ainsi : « Il vient au devant de vous les deux mains bien ouvertes, et pendant qu’il garde les vôtres dans une pression pleine et chaude, on sent qu’il donne toujours plus qu’il ne prend » (« Portraits – Octave Mirbeau », Les Cahiers d’aujourd’hui, n° 1, octobre 1912, p. 10 11). Le second prend place dans le numéro spécial que Les Cahiers d’aujourd’hui consacrent à Mirbeau cinq ans après sa mort. Dans ces lignes d’hommage, on reconnaît bien l’empathie désabusée du solitaire : « La souffrance des choses tout autant que celle des êtres lui apportait à lui même une souffrance qu’il augmentait comme à plaisir. Rarement il riait, et lorsque cela lui arrivait, son rire était plus amer que gai » (« Ce que je sais de lui », Les Cahiers d’aujourd’hui, n° 9, 1922, p. 122 125). Dans la « famille » de Marguerite Audoux, où la plupart des compagnons de route ont quelque dix ans de moins qu’elle, Mirbeau représente sans doute la figure tutélaire du père.

À ce jour, il n’existe pas de « Société des Amis de Marguerite Audoux », mais, depuis 1937, elle trouve régulièrement une digne place dans le Bulletin des Amis de Charles Louis Philippe. Éditeurs et universitaires tentent, en particulier depuis les années 1980, de faire connaître la vie et l’œuvre, trop oubliées. Les deux premiers romans ont été réédités chez Grasset en 1987, le dernier chez Buchet Chastel en 2009. trois biographies ont paru à ce jour, la dernière en 1991. Un colloque a été consacré à la romancière en 2004. Depuis 1998 existe un Prix Marguerite Audoux, qui récompense une œuvre proche de l’inspiration ou de l’écriture de l’auteur de Marie Claire.

B.-M. G.

 

Bibliographie : Bernard-Marie Garreau, Marguerite Audoux, la couturière des lettres, Tallandier, 1991, pp. 165-171 et 202-205 ; Bernard-Marie Garreau, « Octave Mirbeau et Marguerite Audoux – Convergences thématiques et idéologiques », Cahiers Octave Mirbeau, n° 4, 1997, pp. 355-369 ; Bernard-Marie Garreau, La Famille de Marguerite Audoux, Presses Universitaires du Septentrion, 2000, t. I, pp. 255-269 ; Bernard-Marie Garreau,  « Présence d’Octave Mirbeau dans la correspondance a

BAFFIER, jean

BAFFIER, Jean (1851-1921), tailleur de pierres et sculpteur français d’origine prolétarienne. Fils d’ouvrier agricole du Berry, il a eu la révélation de la statuaire en découvrant la cathédrale de Nevers. Il a été médaillé au Salon de 1883. Il est l’auteur de bronzes de Louis XI (1884), Jacques Bonhomme (1885) et Marat, qui symbolisent à ses yeux trois périodes de l’histoire de France. En 1886 , il a fait paraître un pamphlet, Le Réveil de la Gaule, ou La Justice de Jacques Bonhomme (1886). Idéaliste assoiffé de justice, incapable de supporter les crimes et les mensonges de la société dans laquelle il vit, il s’est senti une mission à accomplir, à l’instar des tyrannicides du passé : dans une crise de folie, le 9 décembre 1886, il a attaqué avec une canne-épée un député créole de Paris, Germain Casse, qu’il accusait de ne pas avoir tenu ses engagements, et qui symbolisait à ses yeux la pourriture des parlementaires. Grâce au témoignage d’un aliéniste pour lequel Baffier ne possédait pas l’entière responsabilité de son acte, il a été acquitté sous les applaudissements du public an avril 1887.

Mirbeau a été sensible à la naïveté plébéienne de cet artiste idéaliste et lui a consacre un article le jour même où s’est ouvert son procès (« Jean Baffier » Le Gaulois, 6 avril 1887). Il y exprime son admiration pour le buste de la mère de l’artiste ou celui d’une jeune Berrichonne, « chef-d’œuvre de sincérité et de grâce campagnarde ». Mais il ne saurait approuve Baffier d’avoir eu la présomptueuse ambition de sauver l'humanité par un acte symbolique. S’adressant  lui, il conclut ainsi son article : « Ô Jean Baffier, l’homme est ignoble, la vie immonde. Il en a toujours été ainsi et il en sera toujours de même. [...] Cela est triste, assurément, mais qu’y faire ? Vous êtes un artiste, un vrai. Votre œuvre est déjà belle, et vous pouvez aspirer à devenir l’un des plus grands parmi les sculpteurs de cette époque, qui a si peu de sculpteurs. Vous aimez la Nature, vous la comprenez jusque dans ses plus imperceptibles frissons. Et vous avez souffert... Je vous envie, car vous êtes parmi les heureux de ce monde. Vous avez en vous tout ce qui vaut qu’on vive, tout ce qui console de l’homme. Vos joies, vos tristesses, vos douleurs, vos passions, vos haines, tout votre rêve de créateur, faites-le chanter, et pleurer, et hurler sur les lyres énormes de pierre. Mêlez-vous de produire des chefs-d’œuvre, mais ne vous mêlez plus de guérir l’humanité : elle est incurable, ô Jean Baffier, et elle crèvera dans sa lèpre, c’est moi qui vous le dis. »

P. M.

 

Bibliographie : Pierre Michel, « Octave Mirbeau et Jean Baffier », in Berry et littérature, Chateauroux, Mémoires et documents de l'Académie du Centre, 1996, pp. 181-186.


BALZAC, honoré de

BALZAC, Honoré de (1799-1850), célèbre romancier français. Il a commencé par une abondante production romanesque alimentaire, publiée sous divers pseudonymes, qui lui a permis de faire ses gammes, avant de trouver sa voie et de signer, en 1829 et 1830, Les Chouans et la Physiologie du mariage : la combinaison de l’histoire récente, intensément vécue ou reconstituée, et de l’observation sociologique, abondamment complétée par une imagination foisonnante, devait lui permettre de tracer un tableau à la fois vivant, divers et qui se voudrait complet, de la société française de la Restauration et de la Monarchie de Juillet, après les bouleversements de la Révolution et de l’Empire. Après avoir regroupé ses quelque quarante-cinq romans en sous-ensembles (Scènes de la vie privée, Scènes de la vie de province, Scènes de la vie parisienne, Études philosophiques etc.), il les a insérés, non sans quelque artifice, dans un tout qu’il a décidé, en 1841, de nommer La Comédie humaine, par référence à la Divine comédie de Dante : il exprimait ainsi son ambition, non seulement de concurrencer l’état-civil, comme il disait, en prêtant vie à quelque deux mille personnages dotés d’une chronologie précise et dont beaucoup apparaissent dans plusieurs romans, mais surtout de créer de toutes pièces un univers où le romancier serait, dans sa création, l’équivalent de Dieu dans la sienne. Parmi ses romans les plus célèbres, citons La Peau de chagrin (1831), La Femme de trente ans (1831), Louis Lambert (1832), Le Médecin de campagne (1833), Eugénie Grandet (1834), La Recherche de l’absolu (1834), Le Père Goriot (1835), Le Lys dans la vallée (1835), La Fille aux yeux d’or, Le Curé de Tours, César Birotteau, La Vieille fille, Ursule Mirouet, Illusions perdues (1837-1839), Béatrix (1839), La Rabouilleuse (1842), Splendeur et misères des courtisanes (1844-1847), La Cousine Bette (1846), Le Cousin Pons (1847), Les Paysans (posthume, 1855, L’Envers de l’histoire contemporaine (posthume, 1855), etc. En même temps qu’il produit inlassablement, avec une abondance prodigieuse, il mène une vie harassante de héros balzacien, se lançant sans répit dans des affaires qui échouent le plus souvent, et dans des aventures féminines, qui sont aussi des sources de désillusions cruelles, à l’instar de son mariage tardif avec « l’Étrangère », Mme Hanska. Bien qu’on l’ait souvent considéré comme un réaliste, ce n’est pas le monde réel qu’il copie : il projette plutôt sur la société de son temps les fantasmes et les amertumes d’un cerveau en permanente gestation, et ce sont plutôt les « corsaires en gants jaunes » du Second Empire qui se sont inspirés de ses personnages. Quant à ses idées philosophiques (il s’intéresse à l’occultisme et à Swedenborg, voir Séraphita, 1833) et à ses idées politiques (légitimiste, il défend le trône et l’autel), elles sont nettement en décalage par rapport à l’histoire sociale qu’il est supposé décrire.

Mirbeau ne fait pas sienne la vision balzacienne du roman, totalisante et finaliste : il refuse au contraire la composition et sa conception du roman exclut toute velléité de donner de la société française une vision d’ensemble qui implique son unité et sa cohésion et qui permette d’en découvrir et d’en comprendre tous les rouages. Au lieu, comme Balzac, de tâcher de renforcer la cohérence interne de son univers romanesque, mimétique d’une société que le concurrent de la divine comédie souhaitait ordonnée, hiérarchisée, et par conséquent stable, le libertaire Mirbeau n’a pas seulement souhaité dynamiter un “ordre” social criminogène et oppressif, mais il n’a de surcroît cessé d’en affirmer l’irréductible chaos, à l’image de la vie et de l’univers, « ce crime » sans criminel. Certes, il lui est arrivé de recourir lui aussi à la technique des personnages reparaissants, mais le nombre en est extrêmement limité et ce n’est qu’une solution de facilité pour un journaliste et romancier en quête de personnages, sans qu’il y ait la moindre intention de créer un univers parallèle. En dépit de ces divergences de conceptions, Mirbeau n’en admire pas moins sans réserves « l'épique créateur de La Comédie humaine », dont l’œuvre n’est pas seulement énorme, mais aussi prophétique : « Cette œuvre, qui est un œuvre d'âpre psychologie et, en dépit de son culte pour l'argent, une œuvre de critique sociale pessimiste, est, en même temps, une œuvre de divination universelle. Solidement établie sur le contemporain, elle engage et prédit l'avenir. […] Des moralistes ont voulu prouver que Balzac avait inventé, de toutes pièces, des mœurs, des comportements sociaux, tout un monde artificiel – le monde de Balzac, comme on l'appela, pour l'opposer au monde de la réalité –, que toute une catégorie d'ambitieux, d'aigrefins, d'aventuriers séduits par les vices brillants, l'amoralité triomphante de son œuvre, s'étaient en quelque sorte moulé l'âme sur celle de ses imaginaires héros. C'est une sottise. Il ne les avait pas inventés, il les avait prévus. »

Mirbeau ne partage pas non plus les idées politiques ni les valeurs du grand romancier.  Mais il est frappé par la contradiction, évidente, entre les attachements rétrogrades qu’il proclame haut et fort et la lucidité de la peinture sans concessions qu’il nous offre de la France post-révolutionnaire. Certes, Balzac se dit bien monarchiste et catholique, « mais, emporté par la puissance de la vérité au-delà de ses propres convictions », il a, de fait, « boulevers[é] si audacieusement l'organisation politique, économique, administrative de notre pays, étal[é] toutes les plaies sociales, [mis] à nu tous les mensonges, toutes les violences, toutes les corruptions des classes dirigeantes, et, plus que n'importe quel révolutionnaire, déchaîn[é] dans les âmes “les horreurs de la révolution” ». Balzac est donc progressiste, voire révolutionnaire, malgré qu’il en ait !

Si Mirbeau admire le romancier, il est, plus encore, fasciné par la formidable vitalité et l’incessante créativité d’un homme hors du commun : « J'adore l'homme extraordinaire qu'il fut, le prodige d'humanité qu'il a été. Sa vie – du moins par ce que l'on en connaît – ressemble à son œuvre. On peut même dire qu'elle la dépasse. Elle est énorme, tumultueuse, bouillonnante. C'est un torrent qui a roulé de tout. […] Tout fut énorme en lui, ses vertus et ses vices. Il a tout senti, tout désiré, tout réalisé de ce qui est humain. Il fut Bianchon, Vandenesse, Louis Lambert ; il fut aussi Rubempré ; il fut même Vautrin. […] La vie de Balzac ? Un permanent foyer de création, un perpétuel, un universel désir, une lutte effroyable. La fièvre, l'exaltation, l'hyperesthésie constituaient l'état normal de son individu. La pensée, les passions grondaient en lui, comme des laves en activité dans un volcan. Avec une aisance qui confond – une aisance, une force d'élément – il menait de front quatre livres, des pièces de théâtre, des polémiques de journal, des affaires de toutes sortes, des amours de tout genre, des procès, des voyages, des bâtisses, des dettes, du bric-à-brac, des relations mondaines, une correspondance énorme, la maladie » (La Mort de Balzac, 1907).  

Mirbeau a consacré à la mort de Balzac trois sous-chapitres de La 628-E8, qui ont fait scandale et qu’il a fait retirer du volume in extremis, à la demande instante de la fille de Mme Hanska. Ils ne seront publiés qu’après sa mort.  

Voir aussi la notice La Mort de Balzac.

P. M

 

Bibliographie : Wolfgang Asholt, « De la statue à La Mort de Balzac : les Balzac de Mirbeau », Littérature et nation, Université de Tours, n° 17, octobre 1997, pp. 99-115 ; Pierre Michel et Jean-François Nivet, « Une publication scandaleuse », postface de La Mort de Balzac, Le Lérot, Tusson, 1989, pp. 57-71 ; Pierre Michel, « Octave Mirbeau et les personnages reparaissants », Cahiers Octave Mirbeau, n° 16, 2009, pp. 4-18 ; Marie-Françoise Montaubin, « Mort de Balzac », Cahiers Octave Mirbeau, n° 4, 1997, pp. 267-280 ; Arnaud Vareille, « “C’est la vie qui exagère” : quelques remarques à propos de la mort de Balzac dans La 628-E8 d’Octave Mirbeau », Studia romanica posnaniensa, Poznan, n° XXXII, décembre 2005, pp. 185-194. 


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