Pays et villes

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Terme
GAND

Gand est une grande et vieille ville flamande, située au confluent de l’Escaut et de la Lys. Elle a vu naître Charles-Quint et a connu, à la fin du moyen-âge, une grande prospérité liée à l’industrie drapière, d’où un prestigieux patrimoine architectural, notamment la cathédrale Saint-Bavon. Elle est aujourd’hui au centre d’une agglomération d’un demi-million d’habitants. Au début du vingtième siècle, la commune de Gand comptait 160 000 âmes.

            Mirbeau a, semble-t-il, visité plusieurs fois la ville, mais nous ne pouvons dater qu’une seule de ces visites : en août 1896, en compagnie de Georges Rodenbach. Il évoque la ville dans La 628-E8 (1907), récit de son voyage d’avril 1905 à travers la Belgique et les Pays-Bas, dans sa fameuse automobile Charron. Il est très sensible au charme de la vieille cité, « avec ses rues si anciennes, ses pignons peints, ses toits coloriés et tout ce que disent les façades de ses églises, tout ce que chuchotent les vieux murs au bord du canal ». Mais il est rebuté par le catholicisme rétrograde qu’il y a constaté à deux reprises et qu’il attribue au « sang espagnol qui coule dans ses veines ».

* La première fois, il prétend être tombé malade dans une auberge d’un village proche et avoir demandé qu’on aille lui « chercher un médecin, à la ville voisine, qui était Gand.

Ah ! Seigneur Jésus, s'écria la bonne, en me voyant très pâle... Il va peut-être mourir... Dites une prière, bien vite, monsieur... Dites une prière... Et attendez-moi...

Elle sortit précipitamment, sans m'apporter d'autres secours.

Quelques minutes après, je vis entrer, introduit dans ma chambre par la petite bonne, un gros prêtre, essoufflé d'avoir trop couru... Il voulut, à toute force m'administrer l'extrême-onction. Et comme je refusais de me munir des sacrements de l'Église, il insista avec violence et ne se retira qu'après avoir appelé, sur ma tête de mécréant, toutes les malédictions du ciel et toutes les fureurs de l'enfer. »

* La deuxième fois, il raconte qu’ il a « vu autrefois, à Gand, une grève ». Mais au lieu « des flots de peuple lâchés et battant, avec des clameurs de mer soulevée, les murs de la ville », comme il l’imaginait, il n’a vu, éberlué, qu’une «  procession religieuse qui défilait silencieusement, avec des attributs religieux, des bannières ecclésiales, des oriflammes, des femmes déguisées en Saintes-Vierges, des enfants, en petits anges frisés... » Et il revoit encore un « ouvrier, à la gueule farouche, qui marchait devant la foule, portant je ne sais quoi, qui ressemblait à un ostensoir... »

            Ce rappel sert à introduire un récit, controversé, qu’il a fait paraître dans L'Écho de Paris le 31 octobre 1893, « L'Émeute », rebaptisé « Démocrates de Gand ». Sur la foi d’un prétendu ami de Maeterlinck qu’il aurait retrouvé à Bruxelles, il met en lumière l’aliénation du prolétariat gantois qui, à l’occasion de manifestations tournant à l’émeute pour réclamer le suffrage universel, n’auraient pas hésité à tirer sur la foule...

            Nous ne saurions évidemment garantir la véridicité de ces trois anecdotes.

P. M.

 

 

 


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