Familles, amis et connaissances

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Terme
PETIT, georges

PETIT, Georges (1856-1920), galeriste et marchand d’art, qui a contribué, comme Durand-Ruel, à faire connaître des artistes novateurs. Fils de François Petit, il a succédé à son père en 1877, s’est fait construire un hôtel particulier et a aménagé, rue de Sèze, une immense galerie comportant plusieurs salles luxueuses : inaugurée en 1882, elle est aussitôt qualifiée par Zola de « magasins du Louvre de la peinture ». Dès lors Petit a mené un train de vie extrêmement élevé, dépensant 400 000 francs par an. Avec quelques années de retard sur Durand-Ruel, il a commencé à acheter des toiles impressionnistes, mais s’est toujours arrangé pour réaliser un énorme bénéfice en les revendant. Il a présenté pendant des années une Exposition internationale de peinture, dont Mirbeau a rendu compte en 1885, 1886 et 1887, et où figuraient Monet, Renoir, Whistler, Sisley et Raffaëlli. C’est aussi la galerie Georges Petit qui a accueilli, en 1889, l’exposition Monet-Rodin et, en 1892, des expositions rétrospectives de Pissarro et de Renoir.

Pour les peintres, Georges Petit présente l’avantage inappréciable de disposer de grandes salles bien placées, ce qui est fort tentant. Mais, aux yeux de Mirbeau, qui est sans illusions sur le personnage, il tâche surtout de les rentabiliser en les utilisant « comme il peut », c’est-à-dire n’importe comment, en multipliant des expositions dépourvues le plus souvent du moindre intérêt (« Le Sport dans l’art », La France, 21 décembre 1884). C’est chez Petit qu’a lieu, en mai 1885, la première Exposition internationale de peinture, où les toiles de Monet qui y sont exposées incitent le critique à pronostiquer que « le Monet restera » et que sa cote ne va pas manquer de monter rapidement. C’est également chez lui que se tient, en 1889, l’exposition conjointe Monet-Rodin, que Mirbeau a encouragé ses deux amis à organiser de conserve. Ainsi écrit-il à Monet, en mai 1888 : « Puisque Petit vous offre la salle en octobre, acceptez-la. Tâchez de décider Whistler à envoyer à cette exposition quelques grands portraits. Rodin aura bien des choses nouvelles. Et cela fera une exposition de choix. Je ferai tous mes efforts pour obtenir de Magnard un grand article dans Le Figaro ; je vous promets le Gil Blas et Le Gaulois, et La France. Avec cela nous ferons un bon lancement. » Et dix mois plus tard : « Donnez l’épée dans les reins de Rodin. Il a besoin d’être stimulé. Je vais lui écrire aussi un de ces jours. L’occasion est unique pour tous les deux. Il ne faut pas qu’elle vous échappe. » L’ennui est que, au fil des mois et des tractations menées par le sculpteur, sans consultation de son co-exposant, Georges Petit se montre de plus en plus vorace : après avoir fait miroiter la gratuité de la galerie, puis exigé 8 000 francs de chacun des exposants, plus 10 % des ventes, il finit par leur imposer des conditions draconiennes : 10 000 francs chacun et 15 % des ventes. Financièrement, c’est un échec. Mais Mirbeau console son ami en y voyant malgré tout les prémices de succès à venir : « Ce qu’il y a de terrible, c’est Petit. Il n’y a aucune solidité dans ce caractère de gamin, de rastaquouère et de filou combinés. Et puis il ment avec une effronterie admirable... Je sais bien que les autres sont pareils, et qu’il a, plus que les autres, une salle. Mais peut-être y a-t-il une combinaison moins onéreuse à trouver ; et s’il croit en vous – ce qui dans le fond est certain – le faire participer davantage, à l’abri d’une sorte d’association.  Enfin, c’est un moyen à inventer, songez-y. »

P. M.


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