Familles, amis et connaissances

Il y a 286 entrées dans ce glossaire.
Tout A B C D E F G H I J K L M N O P Q R S T U V W X Z
Terme
CAILLEBOTTE, gustave

CAILLEBOTTE, Gustave (1848-1894), peintre impressionniste français, de tendance réaliste, malgré son passage par l’École des Beaux-Arts. Fils d’industriel et héritier d’une grosse fortune, il a pu, après des études de droit, se consacrer à ses deux passions : la peinture, bien sûr, en tant que mécène, auteur et collectionneur de toiles impressionnistes ; et le yachting : en effet, il avait aussi une formation d’ingénieur et, en tant qu’architecte naval, il a construit des voiliers ; il était président du club nautique de Gennevilliers, et il lui arrivait d’aller voir Monet à Giverny par la voie fluviale. Il a fait ses débuts de peintre en 1876, en exposant, avec les impressionnistes, un tableau refusé au Salon l’année précédente, à cause de son sujet jugé trop trivial : Les Raboteurs de parquet (Musée d’Orsay). Ses toiles les plus célèbres sont Rue de Paris, temps de pluie (1877, musée de Chicago) et Le Pont de l’Europe (1877). Il s’est spécialisé dans les cadrages originaux, influencés par la photographie, avec notamment des vues plongeantes, ou à travers la rambarde en fer forgé d’un balcon (L’Homme au balcon, boulevard Haussmann, Un balcon, Jeune homme à la fenêtre). Longtemps méconnu en France, Caillebotte a en revanche rencontré un vif succès aux États-Unis. En mourant, le 21 février 1894, par testament, il a légué à l’État sa riche collection d’impressionnistes, en y mettant la condition qu’elles soient exposées au musée du Luxembourg ; mais l’État, sur les soixante-cinq tableaux, n’en accepta que trente-huit, non sans une vive résistance de l’Académie des Beaux-Arts, outragée que ces toiles, signées Manet, Degas, Monet, Renoir, Cézanne, Berthe Morisot et Pissarro, puissent être scandaleusement présentées, au mépris des règlements limitant strictement l’exposition de peintres vivants ; les vingt-sept toiles refusées sont alors retournées aux héritiers du peintre.

Mirbeau semble n’avoir fait connaissance de Caillebotte qu’assez tardivement, mais il lui a d’emblée témoigné beaucoup d’« affection ». En août 1890, il s’est adressé à lui, sur le conseil de Claude Monet, pour louer un canot à vapeur. Le 30 septembre suivant Caillebotte lui a rendu visite aux Damps, en compagnie de Monet, et d’autres invitations ont suivi. Pourtant le critique a jadis avoué son incompréhension face aux toiles de Caillebotte, dans un article courageusement anonyme paru dans Le Gaulois du 2 avril 1880 sous la signature collective de Tout-Paris : jugeant la fameuse et audacieuse Vue à travers un balcon et d’autres paysages, le chroniqueur masqué écrivait : « En tant que décor, je les approuve ; en tant que tableaux, je ne les comprends pas ». Comme, par la suite, Mirbeau n’a plus jamais parlé des toiles de Caillebotte, à la notable différence de tous les autres peintres impressionnistes, on est en droit de se demander si cette incompréhension n’a pas perduré. Lors du scandale du refus du legs Caillebotte, Mirbeau est naturellement intervenu pour qu’« une des plus admirables collections de tableaux anciens et modernes qui soient dans le monde » ne soit pas dispersée ni enterrée dans quelque obscur musée de province, et il a une nouvelle fois stigmatisé l’administration des beaux-arts (« Le Legs Caillebotte et l’État », Le Journal, 24 décembre 1894).

P. M.

 

 


Glossary 3.0 uses technologies including PHP and SQL