Pays et villes

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Terme
ANVERS

Situé sur la rive droite de l’Escaut, Anvers est la plus grande ville des Flandres, la commune la plus peuplée de Belgique et un des plus importants ports du monde (le deuxième en Europe, après Rotterdam). Sa population était déjà de 300 000 habitants au début du vingtième siècle.

            Après y être venu au moins une fois à une date indéterminée, Mirbeau est repassé à Anvers en avril 1905, au cours du voyage en automobile qu’il évoquera deux ans plus tard dans La 628-E8, dont tout le chapitre IV est consacré à Anvers et aux rencontres qu’il prétend y avoir faites. Bien que la ville soit opulente, la foule nombreuse et l’activité trépidante, les restaurants n’offrent à l’écrivain qu’une nourriture quelconque. Et bien qu’Anvers soit une ville belge, Mirbeau lui trouve toute l’apparence d’une « ville allemande » : « Allemands, tous les gros armateurs, les gros banquiers, les gros marchands, les ingénieurs; allemandes, les maisons de courtage, les maisons d'arbitrage, les compagnies d'assurances maritimes, de navigation, d'émigration; allemand, tout ce qui entreprend quelque chose et travaille à s'enrichir, tout ce qui dresse un plan, lave une épure, combine des chiffres, brasse les affaires et l'argent. [...] Le Roi a obtenu des millions pour fortifier Anvers. Ces fortifications ont de la prestance. Les Belges en sont très fiers. Ils prétendent que la ville est imprenable. Le malheur est qu'elle est déjà prise... »

Plus que « la ville neuve », avec « ses larges voies vivantes et remuantes », plus que la vieille ville, aux « rues noires » et aux « maisons crasseuses », plus même que le prestigieux musée Plantin, qu’il revisitera une autre fois, ce qui l’attire et le fascine irrésistiblement, c’est le port, parce que « les ports sont l'image la plus parfaite, la plus exacte du rêve de l'homme » et « le contiennent et l'emportent, tout entier, vers toutes les chimères » : « Moins joyeux et divers, moins bigarré que Marseille, le port d'Anvers est presque aussi imposant – pas aussi féerique et sinistre – que le monstre Hambourg. [...] On y débarque à quai des denrées du monde entier. Le double réseau du chemin de fer et du fleuve canalisé y fait rythmiquement, comme aux battements d'un organe d'échanges, l'échange des ballots de laine, des métaux, de l'ivoire, contre les vêtements, les jouets et les machines ; des fruits, des plantes exotiques, des épices, des pétroles, des tonnes de caoutchouc, des bois précieux contre les calicots coloriés, les parfumeries et les verroteries chères aux nègres... Des vaisseaux frais, pimpants, partent gaiement, comme en sifflant d'aise, et des coques boursouflées, exténuées, rongées par les fucus et les pousse-pied, rentrent en geignant, qui vont aller s'étendre, dans les bassins, pour se refaire... [...] Les membres que, de tous côtés, en grinçant, les grues agitent, multiplient l’effort des bras humains. Les manœuvres, les dockers aux poitrines velues, aux dos écrasés, aux yeux hagards, à la face de bêtes fourbues, qui paraissent condamnés à quelque vain supplice de l’antiquité, déchargent les cales, qu’ils vont remplir, pour les décharger et les remplir, sans relâche. C’est à croire que les bateaux ne font le tour du monde que pour occuper interminablement leur effort de farouches Danaïdes. »

C’est sur les quais d’Anvers que Mirbeau prétend avoir rencontré le vieux Juif qui lui fait un bouleversant récit des pogroms qui se perpètrent impunément dans la Russie de notre ami le tsar.

P. M.


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