Pays et villes

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BRESIL

La présence d’Octave Mirbeau au Brésil est certes modeste, mais elle n’est pas nulle pour autant. En dehors des traductions importées du Portugal, il se trouve en effet que trois de ses romans ont été traduits et publiés au Brésil même. À une date indéterminée, sans doute vers 1910, a paru, à Rio de Janeiro en même temps qu’à Lisbonne et Paris, O Padre Julio,  édité par les  Livrarias Aillaud & Bertrand, dans une traduction d’Alves Bastos, qui a l’air d’être complète ; il semble qu’il y ait eu au moins deux rééditions. Dans les années 1940 a été publiée, également à Rio, par les éditions Casa Mandarino, une traduction du Jardin des supplices, O Jardim dos suplicios, dans une traduction de A. S. Costa. En 1947, c’est au tour du Journal d’une femme de chambre, qui paraît à São Paulo sous le titre infidèle, mais aguichant, de Segredos de alcova [“Secrets d’alcôve”], aux éditions Prometeu, dans une collection significativement baptisée « Eros », et dans une traduction d’Alfredo Ferreira ; le volume a été réédité la même année 1947, puis en 1953 et en 1956, et enfin, semble-t-il, en 1998.  Plus récemment, un extrait du roman,  intitulé « A nova empregada » [“la nouvelle employée”] et traduit par Celina Portocarrero, figure dans une anthologie érotique, As 100 melhores histórias eróticas da literatura universal [“les 100 meilleures histoires érotiques de la littérature universelle”], parue en 2002 à Rio de Janeiro, aux éditions Ediouro (pp. 340-345). 

Par ailleurs, La Grève des électeurs (A greve dos eleitores), traduit par Plinio Augusto Coelho, fait partie d’une autre anthologie, anarchiste celle-là : intitulée Os Anarquistas e as eleições [“les anarchistes et les élections”], elle a paru en 2000, à Saõ Paulo, aux éditions Imaginario, dans la collection « Escritos anarquistas » [“écrits anarchostes”].

Concernant l’accueil fait à Mirbeau, il convient tout d’abord de signaler le chapitre dithyrambique que lui a consacré, en 1926, João Pinto da Silva, dans un volume publié à Porto-Alegre par la Livraria do Globo  Vultus do meu caminho : estudos e impressiões de literatura [“visages de mon chemin : études et impressions de littérature”]. L’auteur y passe en revue la galerie des caricatures mirbelliennes et voit en Mirbeau un « créateur titanique », un homme d’une bonté, d’une générosité et d’ « un amour universel » exceptionnels, et « une des plus grandes figures littéraires de ce  siècle ». Deux écrivains contemporains se sont également intéressés à Mirbeau. D’une part le poète  aveugle Glauco Mattoso : il a composé un sonnet « naturaliste » directement inspiré par Le Jardin des supplices. (voir « Soneto 104 naturalista ») ; et il a commenté le roman à deux reprises : en 2001, en traitant de l’image des prisons dans la littérature et au cinéma (« Aulas de jaulas – O que a literatura e o cinema podem dizer sobre a prisão ? ») ; puis, en 2004, en présentant l’art suprême de la torture tel que l’a évoqué Mirbeau (« Cuando o ceguinho queima a lingua »). D’autre part, l’essayiste et polémiste Janer Cristaldo : il évoque une première fois le même roman de Mirbeau dans son roman autobiographique de 1986, Ponche Verde, et il y voit une anticipation des dictatures “gorilles” d’Amérique latine ; une vingtaine d’années plus tard, revenant sur le jardin exotique imaginé par Mirbeau,  il fait un rapprochement entre les supplices chinois, jugés barbares, et les instruments de torture, bien européens, utilisés par l’Inquisition et qu’il a pu voir exposés dans un musée de Tolède (« Nosso jardim em Toledo », 2008).

P. M.

 

Bibliographie : Pierre Michel, « Glauco Mattoso et Le Jardin des supplices », Cahiers Octave Mirbeau, n° 12, 2005, pp. 286-290 ; Pierre Michel, « Janer Cristaldo et Le Jardin des supplices »,  Cahiers Octyave Mirbeau, n° 15, 2008, pp. 192-200.

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