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Terme
CHRONIQUES MUSICALES

Sous ce titre ont été recueillis trente-deux articles de Mirbeau sur la musique, parus dans la presse entre 1876 et 1908, et édités en 2001 chez Séguier-Archimbaud (256 pages).


Les chroniques de Mirbeau consacrées à la musique sont un peu le parent pauvre de sa production journalistique : d’une part, elles sont relativement peu nombreuses, si on les compare aux chroniques littéraires et à celles qui traitent de peinture et de sculpture ; d’autre part, Mirbeau ne connaît rien en musique, et il ne s’en cache pas, mais il affirme que l’émotion est ce qui importe le plus et qu’il n’est donc nullement illégitime qu’un simple amateur ait envie de faire partager ses coups de cœur, comme il le lance à la tête de critiques imbus des privilèges de leur compétence technique : « Je ne suis qu’un pauvre homme qui va dans la vie, tâchant de voir, de sentir, de comprendre et d’aimer des choses dont vous ne soupçonnez pas, dont vous ne soupçonnerez jamais la beauté, et dont ils vous suffira de savoir qu’elles sont en ré mineur, ou en sol, ou en do » (« Ce que l’on écrit », Le Journal, 17 janvier 1897). De fait, cet ignorant en matière de musique, de son propre aveu, « aime passionnément la musique » (« Chronique de Paris », L’Ordre de Paris, 14 décembre 1876) : il y voit « la langue de l’âme, la langue des sens, la langue de l’amour » (« Le Marquis d’Aoust », Le Gaulois, 3 mai 1880), et il a fait du « surhumain génie de Beethoven » une des « deux ferveurs de [sa] vie » (La 628-E8, 1907).


Il n’en est pas moins vrai qu’il est étranger au monde de la musique – il n’a fréquenté qu’un seul compositeur, Alfred Bruneau, et encore fut-ce pendant l’affaire Dreyfus et pour des raisons sans rapport avec la musique  – ; qu’il ne maîtrise pas du tout le langage de la musicologie, ce qui l’oblige à n’utiliser que le vocabulaire courant ; et qu’il a vécu souvent loin de Paris et, donc, des concerts et de l’Opéra, ce qui l’a forcément privé de quantité de créations musicales. Il n’intervient donc que rarement sur un terrain qui n’est pas vraiment de sa compétence, et souvent pour des raisons extra-musicales, par exemple pour dénoncer le nationalisme des « patriotes » à front bas hostiles à Wagner et à  César Franck, ou pour préconiser l’amitié franco-allemande à l’occasion de la première de Salomé, de Richard Strauss. Il n’en est que plus étonnant que, dans ce domaine comme dans celui de la peinture et de la sculpture, il ait fait de nouveau preuve d’un goût très sûr, en rupture avec celui de la majorité du public et des critiques tardigrades. C’est ainsi qu’il chante les louanges, non seulement de Wagner, mais aussi de Franck et de Debussy, et qu’il apprécie Augusta Holmès et Franz Servais. En revanche, il tourne en dérision une gloire nationale comme Gounod, ce qui lui vaut une avalanche de protestations, et n’est guère élogieux pour les deux autres gloires françaises que sont Saint-Saëns et Massenet.

Voir aussi les notices Gounod, Franck, Servais, Debussy et Wagner.


P. M.

 

Bibliographie : Pierre Michel et Jean-François Nivet, « Mirbeau et la musique », préface des Chroniques musicales, Séguier-Archimbaud, 2001, pp. 7-17 ; Mathieu Schneider,  « La géopolitique musicale d’Octave Mirbeau », in Actes du colloque de Strabourg L’Europe en automobile – Octave Mirbeau écrivain voyageur, Presses de l’Université de Strasbourg, 2009, pp. 181-192.

 

 


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