Oeuvres

Il y a 96 entrées dans ce glossaire.
Tout A B C D E F G I J L M N O P R S T U V
Terme
Correspondance Monet

Cette édition a paru à Tusson, aux Éditions du Lérot, en 1990. Outre les lettres (au nombre de 121, en comptant les “lettres-fantômes”), elle comprend les articles de Mirbeau consacrés à Monet, un cahier de documents iconographiques, une liste de mots-clefs, un index et une longue préface. En revanche, on n’y trouve aucune lettre de Claude Monet, hors un bref extrait de catalogue : elles ont en effet été vendues en 1919 par Alice Mirbeau et personne à ce jour ne les a retrouvées. Cette correspondance n’est donc pas croisée. Elle n’est pas non plus complète : aux lettres découvertes par Pierre Michel en 1967 et qui appartenaient alors à Mme Giordanengo, fille de Michel Monet, lui-même fils du peintre, s’ajouteront, dans les tomes III et IV de la Correspondance générale, une cinquantaine de lettres qui ont été vendues en 2001 et 2006 par les héritiers de cette dame.

Même incomplètes, les lettres de Mirbeau à Monet, qui couvrent un quart de siècle, de 1884 à 1910, n’en sont pas moins fort importantes pour la compréhension des idées esthétiques de Mirbeau et pour la connaissance de l’évolution du peintre et des luttes qu’il a dû mener et pour lesquelles son ami a été d’un secours constant, dans le cadre du système marchand-critique, sur lequel il n’entretenait pourtant aucune illusion. À la différence des lettres à Rodin, brèves et souvent pauvres, elles révèlent une parfaite communion d’esprit entre les deux amis, tant sur le plan artistique que sur les plans éthique et politique : ainsi Monet est-il spontanément dreyfusard et refuse-t-il avec le même mépris que Mirbeau la croix de la Légion dite “d’Honneur”. Ils ont aussi en commun une passion pour le jardinage et pour les fleurs, et plusieurs lettres sont consacrées à des échanges de renseignements sur l‘horticulture. Dans nombre de ses lettres, Mirbeau joue le rôle d’un psychothérapeute et s’emploie, avec efficacité, à remonter le moral du peintre, en le mettant en garde contre « la maladie du toujours mieux ». Ses éloges réitérés, qui reposent sur une connaissance intime des objectifs du peintre et dénotent un coup d’œil très sûr, et les conseils d’un homme habitué à frayer avec les éditeurs, les rédacteurs en chef des grands quotidiens et les principaux galeristes, sont extrêmement salutaires pour le moral d’un artiste en quête de renouvellement permanent et qui doute souvent de lui-même. Il tend constamment à se rabaisser lui-même pour relativiser le sentiment d’échec éprouvé par Monet dans ses phases de découragement. 

 Ces lettres sont aussi précieuses pour la connaissance de Mirbeau et de sa création. On y trouve en effet de nombreux jugements intéressants sur ses publications, sur ses propres recherches littéraires, sur le genre romanesque, pour lequel il n'éprouve plus que du dégoût, et sur les batailles qu’il mène pour faire jouer ses pièces.

P. M. 

 

Bibliographie : Pierre Michel, « À propos des lettres de Mirbeau à Claude Monet », à paraître en 2011 dans les Actes du colloque de Rouen Impressionnisme et littérature, Presses universitaires de Rouen ; Pierre Michel et Jean-François Nivet, préface de la Correspondance avec Claude Monet, Le Lérot, 1990, pp. 7-28.

 

 

 


Glossary 3.0 uses technologies including PHP and SQL