Familles, amis et connaissances

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Terme
HERVET, émile

HERVET, Émile, journaliste bonapartiste, collaborateur de L'Ordre de Paris, pour le compte duquel Mirbeau a fait le “nègre” et rédigé les « Salons » de 1874, 1875 et 1876 dans l’organe de l’Appel au Peuple. Auparavant, il avait publié en 1865 un roman intitulé Un début dans l'amour, en 1868 un mémoire d'ethnographie slave, puis deux brochures de propagande impérialiste, l'une sur le plébiscite du 8 mai 1870, l'autre sur le prince impérial. Dans L'Ordre de Paris, c’est lui qui est chargé de la rubrique parlementaire, et ses contributions sont particulièrement plates. Il n'y a donc rien là qui l’ait prédisposé spécialement à se préoccuper de critique picturale, ni, a fortiori, à se lancer à l'assaut de ces bastilles de l'académisme que sont les Salons annuels, l'Institut, l'École des Beaux-Arts et la Villa Médicis. Par la suite, ses incursions dans le domaine des beaux-arts seront aussi rares qu’avant les « Salons » signés de son nom : quelques chroniques dans La Patrie, en 1883 et 1885, et surtout un article d'une cinquantaine de pages sur « le but de la peinture », qui paraîtra en août 1891 dans la Revue de la France moderne : il s'agit d'une plate et morne dissertation d'un médiocre élève de rhétorique, sans la moindre référence à la peinture moderne, ce qui est un comble pour un pseudo-salonnier ! Visiblement, le pauvre Hervet n'a pas pu ou pas voulu recruter un nouveau “nègre” pour pallier ses insuffisances ; et, visiblement aussi, pas plus que Decourcelle, Montépin et autres “négriers”, il n'a vraiment lu les articles jadis parus sous son nom – ou, s'il les a lus, il n'en a rien retenu.

Faute de documents, nous ignorons la nature du contrat qui unit Mirbeau et Hervet. S'agit-il d'un simple échange de services à l'amiable ? Ou bien Mirbeau ne prête-t-il à ce fruit sec sa plume émérite que moyennant espèces sonnantes et trébuchantes ? En ce cas, le contrat était-il tacite ou écrit ? Nous ne savons pas davantage pourquoi Hervet a hérité de la rubrique artistique qui, dans un quotidien de propagande politique tel que L’Ordre, était le cadet des soucis de la direction. La lui a-t-on imposée ? Ou bien est-ce lui qui l’a sollicitée ? À lire les articles signés de son nom, il semblerait qu'il ait entamé jadis des études de peinture, ce qu’il est impossible de confirmer. En aurait-il gardé une rancune tenace contre ses anciens maîtres, ce qui aurait pu l'inciter à confier sa cause à une plume mieux exercée que la sienne ? Peut-être tout simplement était-il trop conscient de ses limites pour assumer seul, sans assurer ses arrières, la responsabilité de la rubrique artistique. Enfin nous ignorons quelle a été la marge de manœuvre laissée au “nègre”. Mais on a bien l’impression qu’elle a été large et que, hors quelques hommages probablement obligés à des peintres appréciés sous l’Empire ou d’obédience bonapartiste, le rédacteur a pu faire assez librement ses gammes et ses preuves.

P. M.

 

 

 


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