Pays et villes

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Terme
ILE DE SEIN

L’île de Sein est une petite île bretonne, située dans la mer d’Iroise, à 5 kilomètres de la pointe du Raz, au milieu de récifs dangereux.  Sa superficie n’est que de 0,5 km2 et sa population dépasse à peine 200 habitants aujourd’hui (il y en avait 900 en 1896). Plate et dépourvue d’arbres et de buissons Elle est exposée aux vents violents et aux tempêtes susceptibles de la submerger.

Nous ne savons pas avec certitude à quelle date Mirbeau a eu l’occasion de visiter l’île de Sein. Mais selon toute vraisemblance ce fut au cours de son séjour à Audierne, en 1884, car c’est du port d’Audierne, où il séjournait alors, que partaient les bateaux assurant la liaison avec le continent. Il évoque l’île de Sein le 30 juin 1896, dans une chronique du Journal signée Jacques Celte et intitulée « Notes de voyage », qu’il a ensuite insérée, en 1901, dans le chapitre XX des 21 jours d’un neurasthénique. Il y insiste sur le profond isolement de l’île, dont la plupart des habitantes ne connaissent rien du continent, et sur la misère, matérielle et intellectuelle, des habitants d’une terre dépourvue de ressources : « L’île de Sein n’est séparée du continent que par quelques milles. De la pointe du Raz et de la côte de Beuzec, on aperçoit, par les temps clairs, ses dunes plates, mince trait jaune sur la mer, et la colonne grise de son phare. En cet espace marin, un peu sinistre, l’Océan est semé de récifs hargneux, dont les pointes apparaissent, même par le calme, presque toujours frangées d’écume, et les nombreux courants qui, sur le vert des eaux, tracent des courbes laiteuses, font de ces parages une route dangereuse aux navires. […] Misérable épave de terre, perdue dans ce remous de mer qu’on appelle l’Iroise, et chaque jour minée par lui, l’île de Sein, par la pauvreté indicible de son sol et les mœurs primitives de ses habitants, semble au voyageur qui y débarque un pays plus lointain que les archipels du Pacifique, et plus dépourvu que les atolls des mers du Sud. Et, pourtant, sur ce sable et ces rocs, ces cailloux et ces galets, vit une population de près de six cents âmes, disséminées en de sordides hameaux. Quelques carrés de pommes de terre, et de maigres choux, de petits champs de sarrasin, tondus et pelés comme le crâne d’un teigneux, composent l’unique culture de l’île, laissée aux soins des femmes. L’arbre y est inconnu, et l’ajonc est le seul végétal arborescent qui consente à vivre dans cet air iodé, sous les constantes rafales du large. À l’époque de sa floraison, il répand un parfum de vanille sur les odeurs de crasse humaine, de varech pourri et de poisson séché, dont s’empuantit l’atmosphère en toute saison. »

Une des conséquences de la pauvreté et de l’insularité est l’ignorance cocasse des femmes, qui ignorent tout de ce qu’on trouve sur le continent et s’effarent devant des chiens, des vaches ou des moulins à vent : « La plupart d’entre elles n’ont pas vu le continent. Beaucoup ne sont pas allées plus loin que le petit port d’où, chaque jour, les pêcheurs partent. Des formes de la vie, elles ne connaissent que ce que leur pauvre île en recèle, que ce que les naufrages, si fréquents sur cette mer de rocs, en déposent sur les plages, que ce qu’en apporte le cotre qui, trois fois par semaine, fait le service postal entre Audierne et Sein. »

P. M.


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