Pays et villes

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Terme
LA BOUILLE

La Bouille est une petite commune touristique de la Seine-Maritime, proche de Rouen, à laquelle elle était reliée par un bac, et située sur les bords de la Seine. C’est la patrie d’Hector Malot. Turner, Lebourg et Gauguin l’ont peinte.

À l’époque où il habitait à proximité, aux Damps, Mirbeau a eu l’occasion de se rendre à La Bouille et lui a consacré une chronique curieusement intitulée « ? » (L'Écho de Paris, 25 août 1890) : « La Bouille est, sur la Basse-Seine, un petit village, fréquenté des Rouennais et des gens d’Elbeuf. Il n’a de particulier que cette faveur qui, on ne sait pourquoi, le désigne à la passion des excursionnistes et villégiaturistes départementaux. Par un phénomène inexpliqué, La Bouille leur procure, parait-il, l’illusion d’une plage et le rêve d’une mer. […] Or, La Bouille, la Seine n’est pas plus large qu’à Vernon ou au Pont-de-l’Arche. En revanche, elle y est moins accidentée. Elle coule, lente et coutumière, entre deux berges expressément fluviales, que hantent les gardons et les chevennes, poissons terriens s’il en fut. Et cependant, pour peu que vous causiez cinq minutes avec un Rouennais de Rouen ou un Elbeuvien d’Elbeuf, il vous dira « : “Comment, vous ne connaissez pas La Bouille !... Mais il faut aller à La Bouille, il faut déjeuner à La Bouille ! La Bouille ! La Bouille !” Quand il a dit La Bouille ! il a tout dit. Quand il est allé à La Bouille, il a tout fait. Dans l’arrière-boutique, emplie de la poussière du coton, dans l’asphyxiante odeur de l’usine, La Bouille se présente à. son esprit comme une sorte de Nice normande, de Sorrente occidentale, d’île lointaine et féerique, ceinturée de plages d’or et frangée d’écume rosé, où sont des fleurs, des poissons et des oiseaux, comme il n’en existe dans aucun coin équatorial. » Mirbeau voit là une illustration de la folie d’un monde où rien n’a de sens (« La plus grande folie est de chercher une raison aux choses. Les choses n’ont pas de raison d’être, et la vie est sans but »), et un symptôme de « l’âme des multitudes », dont les déplacements grégaires donnent « la sensation de vivre une vie de cauchemar, effarante, et pareille à un conte d’Edgar Poe réalisé ».

P. M.

 

 

 


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