Pays et villes

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Terme
LA HAYE

La Haye (Den Haag, en néerlandais) est une ville des Pays-Bas, où siège le gouvernement du pays et qui abrite également la Cour internationale de justice. Elle est aujourd’hui peuplée de près de 500 000 habitants (200 000 en 1900). Construite pour l’essentiel au XIXe siècle et fort endommagée par les bombardements de 19444, La Haye est surtout une paisible ville administrative et résidentielle.

Dans La 628-E8 (1907), Mirbeau prétendra y être venu à plusieurs reprises. Mais une seule visite est attestée, au printemps 1905, lors de son périple à bord de sa Charron 628-E8. Toujours est-il qu’il a gardé de cette ville tranquille, qui contraste avec Rotterdam, un souvenir ébloui : « Je comprends qu’on ait choisi la Hollande et, dans la Hollande, La Haye, pour y installer ce tribunal arbitral qui, un jour, en dépit des plaisanteries et des dénégations pessimistes, se substituera au bon plaisir des Empereurs, des Rois, des Parlements, pour connaître des querelles internationales, leur trouver des solutions qui ne seront plus des massacres, et, enfin, établir la paix, je ne dis pas entre les hommes, mais entre les peuples. Il est certain que la Hollande et, parmi toutes les villes de Hollande, que La Haye, possèdent un charme, une vertu – pas encore pacifistes, peut-être –, mais singulièrement pacifiants. On peut y rêver de choses merveilleuses, on peut y rêver le bonheur universel, comme dans un beau parc, le soir après dîner… » Il prête à la ville une salutaire « influence sédative » susceptible de le « guérir de toute vaine agitation » : « Que de fois je suis venu ici, déprimé, surmené, les nerfs tendus et vibrants, par conséquent prédisposé à toutes les impulsions mauvaises! Et, après deux jours passés à La Haye, où ce qui reste d’un peu sauvage, d’un peu inquiétant dans le caractère hollandais disparaît, après deux jours de flânerie devant le Vivier, le Palais de Rembrandt, que gardent les cygnes, le Palais de la Petite Reine douloureuse, où ne veille aucun soldat, après deux jours de promenades, le long de ces jolies rues, de ces jolis jardins, si joliment fleuris, à travers cette belle campagne verte qui s’étale autour de la ville, comme un doux et somptueux tapis, voici que s’opère en moi la détente miraculeuse… Tout s’apaise, âme, muscles, nerfs et cerveau. Je suis heureux de vivre, sans hâtes fébriles, sans désirs brusques et sursautants. Avec une tranquillité complète, je jouis de toute cette mélancolie qui m’entoure et me pénètre, non point la mélancolie amère comme le fiel où elle alla chercher son nom, mais cette mélancolie rayonnante que, jeune, j’ai tant de fois connue aux approches de l’amour, et que donnent aussi les quelques instants de parfait bonheur, dont tout homme, même le plus dénué, garde en soi, au fond de soi, sans savoir d’où il est venu, le souvenir miséricordieux et lointain. » C’est aussi au musée de La Haye qu’il dit s’être enivré de Vermeer et avoir eu un « coup de foudre » qui l’a fait « [s]’agenouiller devant Rembrandt », une des « deux ferveurs de [sa] vie ».

P. M.


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