CRITIQUE MUSICALE |
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Mirbeau et la musiqueBien que ses interventions dans le domaine de la musique aient été rares et qu'il n'ait eu aucune connaissance technique en la matière – faute de formation, de pratique et d'amis musiciens – Octave Mirbeau n'en a pas moins manifesté le plus vif intérêt pour les batailles musicales de son temps. Doté, là encore, d'un goût très sûr, et susceptible d'émotions très vives, il a, au fil de ses chroniques, voire de ses romans, rendu aux grands musiciens du passé un hommage qui, à l'époque, était très loin d'être général : Bach, Haendel, Mozart, Beethoven – une des deux "ferveurs de [sa] vie", écrit-il – , Weber, Liszt et Berlioz. Parmi les compositeurs contemporains, Mirbeau a contribué à révéler Augusta Holmès, la compagne de Catulle Mendès, et le Belge Franz Servais, auteur de L'Apollonide ; et il a manifesté son admiration pour Bizet et Verdi, à l'occasion de la reprise ou de la création de certains de leurs opéras, et, ce qui est beaucoup plus surprenant et méritoire, pour Johannes Brahms, alors fort méconnu en France, et pour Richard Strauss, à l'occasion de la création à Paris de Salomé (1907). Il a également mené contre l'Opéra de Paris une campagne virulente, l'accusant de reprendre inlassablement les œuvres les plus usées du répertoire et de préférer Meyerbeer, Gounod et Ambroise Thomas à Bizet et à Berlioz. Mais ses trois principales batailles, Mirbeau les a menées en faveur de Richard Wagner, de César Franck et de Claude Debussy. Pierre MICHELDES ARTISTESRichard WAGNERIl voit en Wagner "la plus haute, la plus sublime expression de l'art au dix-neuvième siècle", et il dénonce à plusieurs reprises les pseudo-patriotes "au front de taureau" qui vitupèrent en Wagner un ennemi de la France et tentent d'empêcher par la terreur les représentations de Lohengrin (1886-1887). Il proclame au contraire, haut et clair, que l'art n'a pas de patrie. ***********César FRANCKDans deux articles jugés sacrilèges et qui suscitent un beau scandale parmi les lecteurs du Journal (1896-1897), il encense César Franck, génie modeste et méconnu, auteur de la "sublime Rédemption", et il lui oppose le talent surestimé d'un compositeur adulé des dames et des bourgeois, le prétentieux et vulgaire Charles Gounod, en qui il ne voit qu'"un musicien pour cabinets de toilette, dont les mélodies semblent, dans une odeur fade de parfumerie, l'égouttement savonneux des lavabos et des bidets"... ***********Claude DEBUSSYQuant à Claude Debussy, Mirbeau en a la révélation à l'occasion de la bataille de Pelleas et Mélisande, en 1902. Alors que Maurice Materlinck – qu'il a découvert et imposé douze ans plus tôt – manifeste sa totale incompréhension de la musique de Debussy et souhaite " une chute prompte et retentissante " à l’adaptation de sa propre pièce, Mirbeau y pressent " la musique de " et en garde " une impression bouleversante " qu’il tente de faire partager à ses lecteurs. - Les articles de Mirbeau sur l’art, parus sous son nom, ont été publiés,
en deux volumes, par Pierre Michel et J.-F. Nivet, sous le titre de
Combats esthétiques (Séguier, 1993). Les articles parus sous pseudonyme ont été publiés par Pierre Michel sous le titre de Premières chroniques esthétiques (Société Octave Mirbeau, 1996). Liste des articles de Mirbeau surWikipédiaChroniques musicales |
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