Familles, amis et connaissances

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Terme
TANGUY, julien

TANGUY, Julien (1825-1894), était un ancien communard, devenu marchand de couleurs. Sa petite boutique, située au 14 de la rue Clauzel, dans le IXe arrondissement de Paris, était fréquentée par des peintres peu fortunés, qui déposaient souvent chez lui des toiles en guise d’à-valoir sur le prix des fournitures qu'ils lui achetaient, à charge pour lui de les vendre, s’il trouvait des acquéreurs. Pissarro, Cézanne et Van Gogh, entre autres, furent ses amis et ses clients. Le « père Tanguy », comme on l’appelait, a été immortalisé par Van Gogh, qui a laissé de lui plusieurs portraits (l’un d’eux, acheté par Mirbeau en 1905, sera revendu 20 200 francs en 1919).

C’est au père Tanguy que, pour 600 francs, Mirbeau a acheté, en 1891, deux toiles de Van Gogh, les Iris et les Tournesols, en cachette de sa femme, à qui il a fait croire que le marchand de couleurs lui en avait fait cadeau. Il les a revendues 90 000 francs à Bernheim, en 1912...  En 1987, elles atteindront le prix fabuleux de 560 millions de francs, record mondial à l’époque !

Mirbeau a consacré au père Tanguy un article nécrologique ému, le 13 février 1894, lorsque le vieil amateur de peinture est mort d’un cancer de l’estomac. Il y évoque notamment le Pot de glaïeuls que le père Tanguy voulait lui montrer après la mort de Van Gogh : « C’est un des derniers tableaux qu’il ait faits. Une merveille ! Il faut que je vous le montre ! Les fleurs, voyez-vous, personne n’a senti ça comme lui. Il sentait tout, le pauvre Vincent ! Il sentait trop ! Ça fait qu’il voulait l’impossible. Je vais vous chercher le Pot de glaïeuls... » Et Mirbeau a cette phrase prophétique : « L’histoire de son humble et honnête vie est inséparable de l’histoire du groupe impressionniste, lequel a donné les plus beaux peintres, les plus admirables artistes à l’art contemporain, et, lorsque cette histoire se fera, le père Tanguy y aura sa place. »

Pour venir en aide à la pauvre veuve du père Tanguy, qui n’avait pas les moyens de renouveler le bail de la boutique, et lui permettre de trouver un logement décent, Mirbeau a pris l’initiative de solliciter des artistes reconnaissants (parmi lesquels Claude Monet, Jean-François Raffaëlli, Charles Cazin, Maxime Maufra, etc.), de constituer un comité d’honneur et. d’organiser une vente de leurs œuvres. Elle a lieu le 2 juin 1894 à l’Hôtel Drouot et a rapporté 14 261 francs.

P. M.

 

Bibliographie : Bernard Vassor, « OctaveMirbeau protecteur de la famille Tanguy », 4 juin 2006.

 

 


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