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Terme
L'AFFAIRE DREYFUS

Paru en 1991 à la Librairie Séguier, ce volume est un recueil quasiment complet des soixante-deux articles de Mirbeau consacrés à l’Affaire et parus, pour l’essentiel dans L’Aurore, entre le 28 novembre 1898 et le 11 septembre 1899 — il convient toutefois de noter l’absence de « L’Espoir futur » (Le Journal, le 29 mai 1898), qui a été malencontreusement oublié. Les textes sont précédés d’une longue préface de Pierre Michel et Jean-François Nivet, « Présentation » (pp. 7-42). Un index nominum complète le volume.

Si l’entrée de Mirbeau dans la bataille révisionniste peut paraître tardive au premier abord, il convient de préciser que son premier article (le septième feuilleton de Chez l’Illustre écrivain) ne paraît en fait que trois jours après l’entrée en lice d’Émile Zola, dans son article « M. Scheurer-Kestner »), à un moment où il n’y a encore qu’une poignée de personnes convaincues de l’innocence de Dreyfus et de la forfaiture du haut État-Major. Dans l’incapacité de s’exprimer sur l’Affaire au Journal, qui, après un moment d’hésitation, a choisi le camp de l’Ordre, Mirbeau devra attendre son entrée à L’Aurore, début août 1898, pour donner toute sa mesure. Ses deux premières contributions sont particulièrement importantes, car elles s’adressent respectivement aux deux catégories sociales dont il souhaite promouvoir l’alliance : d’un côté, les couches intellectuelles petites-bourgeoises, à qui il tente de faire comprendre les enjeux culturels de la bataille qui s’est engagée (« Trop tard ! », 2 août 1898) ; et, de l’autre, le prolétariat, pour qu’il se joigne aux “intellectuels” et défende un innocent sans considération de son appartenance de classe et de “race” (« À un prolétaire », 8 août 1898).

Utilisant abondamment l’interview imaginaire, dont certaines sont désopilantes (voir notamment « À cheval, Messieurs », 5 janvier 1899), le pamphlétaire s’emploie à ridiculiser et à discréditer les politiciens, militaires, magistrats et écrivains anti-dreyfusards (avec une prédilection pour le président du Conseil Charles Dupuy (« Le Compagnon Charles Dupuy », 26 janvier 1899), le journaliste et député nationaliste Lucien Millevoye (« À M. Lucien Millevoye », 19 janvier 1899) et son ancien patron Arthur Meyer (« Apologie pour Arthur Meyer », 16 février 1899). Il entend ainsi les réduire à leur minimum de malfaisance, pour la plus grande jubilation de ses lecteurs.

Il tente aussi de  galvaniser son lectorat dreyfusiste en mettant en lumière l’impossibilité de ne pas l’emporter, tant sont abondantes les preuves des faux et de la forfaiture, et tant les républicains de toute obédience ont intérêt à serrer les rangs face à la menace de subversion des nationalistes au front bas et aux cris de mort. Mais, ce faisant, il leur inspire une confiance qu’il ne partage pas, comme en fait foi son dernier article, à la veille du procès de Rennes, « En province » : la province est complètement indifférente au sort du capitaine Dreyfus, « la province s’en fout », alors qu’on assiste au « retour de la barbarie ».

Trente-quatre de ces textes de Mirbeau dreyfusard sont consultables en ligne sur Wikisource. D’autres sont en ligne sur le site de Scribd.

Voir les notices Affaire Dreyfus, Dreyfus, Politique, Anarchie et Éthique.


P. M.


Bibliographie : Yannick Lemarié, « Octave Mirbeau, l’Affaire et la littérature de combat », Cahiers Octave Mirbeau, n° 7, 2000, pp. 95-108 ; Pierre Michel et  Jean-François Nivet, préface de L’Affaire Dreyfus, Librairie Séguier, 1991, pp. 9-42 ; Pierre Michel, « L’Opinion publique face à l’Affaire, d’après Octave Mirbeau », Actes du colloque de Tours sur Les Représentations de l’affaire Dreyfus dans la presse en France et à l’étranger, Littérature et nation, n° hors série, 1995, pp. 151-160 ;  Yvette Mousson, « Le Style de Mirbeau dans ses Combats politiques et L’Affaire Dreyfus », Cahiers Octave Mirbeau, n° 3, mai 1996, pp. 46-51.

 

 

 

 


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