Familles, amis et connaissances

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Terme
DEBUSSY, claude

DEBUSSY, Claude (1862-1918), compositeur français. En rupture avec la forme classique, il est classé généralement parmi les impressionnistes, parce que sa musique est sensorielle et vise à traduire musicalement des images et des impressions. Il a obtenu le prix de Rome en 1884 avec L’Enfant prodigue. Il a composé une cantate, La Demoiselle élue, de la musique symphonique (La Mer, Nocturnes, Prélude à l’après-midi d’un faune) et surtout de la musique de chambre (quatuor, sonates, musique pour piano) Un seul  opéra a été achevé et représenté :  Pelléas et Mélisande, d’après la pièce homonyme de Maurice Maeterlinck, créé à l’Opéra-Comique le 30 avril 1902. Mais Maeterlinck, furieux que le rôle de Mélisande ait échappé à sa compagne Georgette Leblanc, et qui n’appréciait guère la musique en général, et pas du tout celle de Debussy en particulier, a été pris d’une colère incontrôlable, a pris en haine l’œuvre nouvelle et  lui a même souhaité publiquement « une chute prompte et retentissante ».

On sait que c’est Mirbeau qui a lancé Maeterlinck par son article retentissant sur  La Princesse Maleine, dans Le Figaro du 25 août 1890. Or il apprécie vivement la musique de Debussy, ce qui le place alors dans une situation extrêmement délicate. Il tente en vain d’apaiser la colère du poète, qui vient de lui dédier Le Temple enseveli, et il lui faut user de toute sa diplomatie pour rendre hommage tout à la fois au dramaturge belge et au compositeur français sans blesser personne. Associant les deux créateurs dans un même hommage, il  admire, en « Pelléas et Mélisande, une légende belle et triste, comme celle de Paolo et de Francesca, un poème d’un accent lyrique si nouveau, si émouvant et si simple, que M. Debussy paraphrase en une adorable musique ». Et d’ajouter, en s’adressant à son ami flamand : « Et rien ne pourra faire, non plus, que le nom de M. Debussy, en qui vous avez trouvé le seul interprète de votre génie, plus qu’un interprète, une âme créatrice fraternellement pareille à la vôtre, ne rayonne à côté de votre nom, comme le nom d’un maître glorieux !… En sortant de cette répétition, ébloui, si fier d’être votre ami, et que vous m’ayez fait l’honneur de me dédier cette œuvre, je me disais : “Comme c’est triste que Maurice Maeterlinck soit obligé de renier publiquement son génie si pacifiquement pur, si harmonieusement beau !” Et j’étais tenté de m’écrier, comme un des personnages de votre poème, et en vous aimant davantage : “Si j’étais Dieu, j’aurais pitié du pauvre cœur des hommes !” ». (« Maurice Maeterlinck », Le Journal, 27 avril 1902).

Une quinzaine de jours plus tard, nouvel hommage à Debussy dans un article, « Propos en l’air », que Le Journal ne passa pas, ce qui mit fin à la collaboration de Mirbeau au grand quotidien. Ayant assisté à une représentation ordinaire, sans le public blasé des premières, il a eu le plaisir de constater l’effet produit, sur des spectateurs naïfs et sans préjugés, par « ce lyrisme si simple, si émouvant et si humain » : « Les deux premiers tableaux étonnèrent un peu. Puis l’émotion vint, se propagea, grandit, et la représentation finit dans un véritable triomphe. »

P. M.

 

 


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