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NOTES SUR L'ART

C’est sous ce titre générique, empreint de modestie, que Mirbeau a publié, dans La France, une série de seize chroniques artistiques, entre le 3 octobre 1884 (« Une collection particulière ») et le 22 septembre 1885 (« Caricature »). Onze de ces « Notes sur l’art » ont été recueillies en 1990, en un petit volume de 83 pages, qui a paru à Caen, aux éditions de L’Échoppe. 

Ce sont les premières critiques d’art que Mirbeau ait fait paraître sous son propre nom et elles correspondent à son entrée en lice officielle dans les grands combats esthétiques, qu’il va poursuivre pendant trois décennies. À l’automne 1884, en effet, après les sept mois passés à Audierne à se ressourcer, il a repris sa place dans la presse parisienne avec la ferme intention de mettre désormais sa plume au service de ses idéaux éthiques et esthétiques. En matière d’art, il va devenir le plus illustre représentant du système dit « marchand-critique », où le rôle du critique, médiateur et intercesseur entre les artistes et le public, est complémentaire de celui du marchand : il s’agit de promouvoir les artistes novateurs et de leur permettre de vivre en vendant leurs toiles à des amateurs éclairés par les articles du critique, qui tâche à leur ouvrir les yeux et à voir par eux-mêmes, et non à travers les verres déformants de leur éducation, de la « routine » et de la tradition. Aussi Mirbeau demande-t-il au célèbre galeriste Paul Durand-Ruel de lui présenter les peintres dits « impressionnistes », afin de mieux se pénétrer de leur art et de mieux pouvoir les servir. Si le libertaire Pissarro est encore méfiant et refuse alors de le rencontrer, il n’en va pas de même de Degas , de Renoir et surtout de Claude Monet, qui sera son plus fidèle ami et dont Mirbeau va rapidement devenir le chantre attitré : « Ce sont ces hommes, peu nombreux, chez qui plus tard il faudra chercher le génie de la peinture contemporaine, ces hommes dont on ne rit plus, peut-être, qu’on n’admire pas encore, mais dont le triomphe est encore loin, que je veux essayer de définir. Je veux tenter de démontrer que ce sont réellement les seuls qui forment les anneaux de la grande chaîne qui relie l’art d’aujourd’hui à l’art d’autrefois », écrit-il programmatiquement le 31 octobre 1884, à la fin de son article intitulé « Le Pillage ». À ce « triomphe » qu’il pronostique, nul n’aura plus contribué que Mirbeau lui-même.

« L’art d’autrefois » est représenté, dans les Notes sur l’art, par Watteau (« À propos d’Antoine Watteau ») et par Eugène Delacroix, auquel Mirbeau consacre deux articles (le 4 et le 14 mars 1885). Quant à « l’art d’aujourd’hui », il comprend aussi des peintres qui ne se rattachent pas à l’impressionnisme, tels que Puvis de Chavannes, que l’on soupçonnerait plutôt d’académisme ou de symbolisme, mais que Mirbeau et les impressionnistes admirent, ou Bastien-Lepage, qui se rattache plutôt au courant naturaliste et pour qui Mirbeau n’a que de l’estime.  Le volume est complété par « Le Pillage », « La Protection de l’art français » et « L’Exposition du cercle Volmey ». Tous ces articles ont été insérés dans le tome I des Combats esthétiques.

Voir aussi la notice des Combats esthétiques.

P. M.

 

Bibliographie : Pierre Michel et Jean-François Nivet, « Mirbeau critique d’art », préface des Notes sur l’art, L’Échoppe, pp. 7-15. Voir aussi la bibliographie des Combats esthétiques.


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