Familles, amis et connaissances

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Terme
LOMBARD, jean

LOMBARD, Jean (1854-1891), ancien syndicaliste et écrivain anarchisant et autodidacte, d’origine prolétarienne, mort prématurément « dans une inexprimable misère ». Il est surtout connu comme auteur de deux puissants romans historiques :  L’Agonie (1888), dont l’action est située à Rome sous le règne d’Héliogabale, et Byzance (1890), dont l’action se déroule au huitième siècle. Tous deux sont écrits en un style fort rugueux. Peu avant sa mort il a achevé un livre de psychologie militaire, Un Volontaire de 1792, qui a été publié l’année suivante.

Mirbeau lui a rendu hommage dans un émouvant article nécrologique, « Jean Lombard », (L'Écho de Paris, 28 juillet 1891), à la fin duquel il a lancé une souscription pour venir en aide à sa veuve et à sa petite fille, ce qui les a sauvées d’une misère noire. Il voit en Jean Lombard un « visionnaire »,  « un puissant et probe écrivain, un esprit hanté par des rêves grandioses et des visions superbes, un de ceux, très rares, en qui se confiait notre espoir », et aussi « un penseur profond qui observe, explique les passions humaines, dans le recul, pourtant si incertain, de l’histoire ». Il y insiste sur ses origines plébéiennes : « Jean Lombard avait gardé de son origine prolétaire, affinée par un prodigieux labeur intellectuel, par un âpre désir de savoir, par de tourmentantes facultés de sentir, il avait gardé la foi carrée du peuple, son enthousiasme robuste, son entêtement brutal, sa certitude simpliste en l’avenir des bienfaisantes justices. » Il reconnaît que quelques lecteurs pourraient être « choqués par ce style barbare, polychrome, et forgé de mots techniques, pris aux glossaires de l’antiquité », mais, pour sa part, il en apprécie la « grande allure », les « sonorités magnifiques », le « fracas d’armures heurtées, de chars emportés », qui est « comme l’odeur même, de sang et de fauves, des âges qu’il raconte ». Surtout il admire « la puissance de vision humaine, d’hallucination historique, avec laquelle ce cerveau de plébéien a conçu, a reproduit les civilisations pourries de Rome, sous Héliogabale, et de Byzance », présentant ainsi L’Agonie : « L’Agonie, c’est Rome envahie, polluée par les voluptueux et féroces cultes d’Asie, c’est l’entrée, obscène et triomphale, du bel Héliogabale, mitré d’or, les joues fardées de vermillon, entouré de ses prêtres syriens, de ses eunuques, de ses femmes nues, de ses mignons ; c’est l’adoration de la Pierre noire, de l’icône unisexuelle, du phallus géant, intronisé dans les palais et les temples, avec d’étonnantes prostitutions des impératrices et des princesses ; tout le rut forcené d’un peuple en délire, toute une colossale et fracassante et ironique folie, sombrant en des massacres de chrétiens, et l’incendie des quartiers de Rome. »

Mirbeau reprendra une bonne partie de cet article dix ans plus tard, lorsque l’éditeur Ollendorff lui demandera de préfacer une réédition de L’Agonie, illustrée par Auguste Leroux (préface de L’Agonie, 1901).

P. M.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 


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