Familles, amis et connaissances

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Terme
BONNARD, pierre

BONNARD, Pierre (1867-1947), peintre, affichiste, lithographe, il fréquente les Beaux-Arts et l’Académie Julian, où il se lie d’amitié avec Vuillard, Denis, Ranson, Vallotton, Sérusier. Dès 1888, il fait partie du groupe des Nabis, mais indifférent aux théories symboliques et mystiques et étranger à toute préoccupation littéraire, il s’éloigne progressivement de ce cercle pour développer un art personnel, où se mêlent scènes intimistes et spectacles de rue. Influencé par Gauguin et les estampes japonaises, il simplifie la ligne, exalte la couleur, malmène la perspective et supprime le modelé. Son style s’affirme non seulement dans ses tableaux de chevalet, mais aussi dans ses grands panneaux décoratifs, ses paravents, ses lithographies, ses illustrations, ses affiches. Passionné par les arts graphiques, il publie des lithographies dans l’Estampe à partir de 1891, puis collabore à La Revue Blanche, où Vollard le remarque et lui commande des illustrations pour des éditions de luxe. Avec la maturité et l’éloignement de Paris, les nus comme les vues de jardin prennent une plus large place dans son œuvre ; sa peinture devient un chant d’allégresse, ivre de lumière et de couleurs.

Mirbeau apprécie Bonnard qu’il côtoie à La Revue Blanche, comme en témoigne le portrait que le peintre fait de lui et de Régnier dans les locaux du journal pendant l’affaire Dreyfus. L’écrivain est enchanté par les illustrations de La 628-E8 et  il se montre ravi quand il apprend que Vollard choisit à nouveau de confier à Bonnard le soin d’illustrer l’édition de Dingo. Malheureusement la publication tarde (1924) et Mirbeau meurt sans avoir vu les superbes dessins exécutés par l’artiste. Il possède également une de ses toiles (Enfant au bassin, 1899),  qui sera mise aux enchères par sa femme lors de la vente de sa collection. Pourtant, le critique  ne consacrera jamais un seul article à ce peintre. Son nom apparait pour la première fois en 1900 (Le Journal, 15 avril), mais il faut attendre plusieurs années pour que le journaliste ne se contente pas de le mentionner et lui accorde un succinct commentaire : « une spirituelle, incisive imagerie de Bonnard » (La Revue, 1er avril 1905).  À deux autres reprises, il fera l’objet de propos louangeurs. Dans son article pour promouvoir la vente de son ami Thadée Natanson qui, en proie  à d’importantes difficultés financières, est contraint de se séparer de sa collection, Mirbeau admire l’originalité et la maitrise de son art : « Son dessin, spontané, profondément original, aigu, inoubliable, est particulièrement évocateur. […] L’intention qui paraît dans le plus léger de ses traits et le plus frêle en apparence de ses accents de couleur, fait du moindre de ses croquis un objet complet, autonome. » (Le Figaro, 9 juin 1908) Quelques années plus tard, en janvier 1910, dans la préface qu’il rédige pour  le catalogue de l’exposition Vallotton, il salue la fraîcheur et la grâce qui émanent de ses toiles : « M. Pierre Bonnard, perpétuellement inventif, tout fleuri de joies, comme un jeune arbre de printemps, […] nous étonne, chaque fois davantage, par ses trouvailles de grâce et de force. » Force est de constater, cependant, que Mirbeau n’individualise pas vraiment ses remarques. Ce sont toujours des portraits de groupe que Mirbeau réalise. Il ne peut pas faire l’éloge de Bonnard sans féliciter les autres Nabis. Le critique insiste, en effet, sur les rapports qu’ils entretiennent, il les loue d’avoir su échapper à la structure étouffante de l’école pour créer un « cercle choisi » de précieux artistes où chacun a pu développer un art propre. Il admire cette fraternité qui, loin d’être un frein à leur propre création, est une stimulation de chaque instant.

L. T.-Z.


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