Familles, amis et connaissances

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Terme
BRUNETIERE, ferdinand

BRUNETIÉRE, Ferdinand (1849-1905), célèbre universitaire et critique littéraire, de goût très classique, de tendance classificatoire, et très hostile à la modernité, à Baudelaire, à Zola, au naturalisme, au symbolisme et au genre romanesque en général. Il est l’auteur de nombreux ouvrages d’Études critiques et d’Essais sur la littérature classique, sur les lettres contemporaines, sur des questions de critique, sur la poésie lyrique, sur le roman naturaliste et sur les époques du théâtre français. Entré à la prestigieuse Revue des deux mondes en 1875, il en a vite assuré la direction officieuse, ce qui a fait de lui une puissance dans le monde des lettres. À la fin de sa vie, il s’est converti au catholicisme romain, plus par conservatisme social que sous l’aiguillon de la foi chrétienne. Antidreyfusard, il accuse, en mars 1898, les intellectuels dreyfusistes d’abuser de leur influence et de se fourvoyer en s’aventurant sur un terrain – les problèmes d’ordre militaire – auquel ils n’entendent goutte. Et il s’engage clairement à droite, pour la défense d’un ordre social menacé par la contestation et l’agitation des révisionnistes.

Longtemps très hostile à son dogmatisme et à ses jugements péremptoires, Mirbeau ne s’est jamais privé de se gausser de la néanderthalienne et soporifique Revue des deux mondes. Il a fini cependant par reconnaître qu’il l’avait mal jugé, sans le lire, et il s’est rapproché de lui en 1894, par le truchement du fidèle Paul Hervieu, grâce à une commune hostilité au scientisme et au lombrosisme, quoique sur des bases fort différentes. Le 11 mars 1894, dans un article du Journal, « Rêverie », il fait publiquement son mea culpa : « J'aime son courage moral, la violence de ses convictions littéraires, son imperturbable sincérité en des opinions qui ne sont pas toujours les miennes, pourtant, et que, souvent, je réprouve. [...] J'ai fait, jadis, comme tant d'autres. Sur la foi de quelques chroniqueurs immensément distingués, moi aussi, je suis parti en guerre contre M. Brunetière. Et l'ayant réduit en poudre, la fantaisie me vint de lire ses livres. J'aurais peut-être dû commencer par là. |...] Plus tard, je fus un peu étonné, en lisant les œuvres de M. Brunetière, ces œuvres dont j'avais fait une si complète capilotade, d'y trouver avec des choses parfois rebutantes, d'admirables pages qui sont parmi les plus fortes de ce temps. »  Sensible à cette autocritique, Brunetière lui commande alors, pour sa Revue, un roman, que Mirbeau, en pleine crise, n’écrit pas, et, à défaut, lui passe commande d’une longue dissertation, genre inhabituel pour le polémiste, sur la future exposition universelle de Paris (l’article paraît dans la Revue des deux mondes le 15 décembre 1895). En confiance, Mirbeau se permet même de le solliciter lorsque ses neveux Petibon passent leur baccalauréat... Mais l’affaire Dreyfus (voir la notice) les oppose de nouveau et semble avoir mis fin à leurs relations.

Les lettres de Mirbeau à Brunetière, conservées à la Bibliothèque Nationale, sont recueillies dans le tome III de sa Correspondance générale.

P. M.


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