Familles, amis et connaissances

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Terme
COPPEE, françois

COPPÉE, François (1842-1908), poète populiste et auteur dramatique, qui a curieusement commencé sa carrière littéraire en collaborant au Parnasse.  Il est l’auteur de recueils de vers, fort prosaïques, où il chante les petites gens en un langage familier : Intimités (1868), Les Humbles (1872), Le Cahier rouge (1874). Au théâtre, il a triomphé avec une courte pièce en vers, Le Passant (1869), puis avec Le Luthier de Crémone (1874) et deux grands drames historiques en vers, Severo Torelli (1883) et Les Jacobites (1885). Il a été élu à l’Académie Française en 1884, mais la génération suivante, de la mouvance symboliste, n’avait que mépris pour sa poésie vieillotte et triviale et, de son propre aveu, le traitait de « vieux con » (cité par Goncourt le 7 mars 1894). Converti au nationalisme et à la bien-pensance catholique et antisémite, il sera membre fondateur de l’anti-dreyfusarde Ligue de la Patrie française, fondée le 31 décembre 1898, alors que son amour proclamé des humbles et sa pitié pour les pauvres, les ressorts de sa poésie, étaient de nature à laisser supposer qu’il serait aux côtés de l’innocent capitaine.

Dans Les Grimaces, Mirbeau traçait un portrait plutôt favorable de Coppée critique dramatique, dont la bienveillance apparente traduisait en réalité une profonde indifférence « pour des œuvres n’appartenant ni à la littérature, ni à la poésie », et il terminait son « portrait de critique » par ces lignes appréciatives : « J’honore infiniment le talent sincère et délicat de M. François Coppée, ce talent si souple qui a produit des volumes de vers exquis et familiers ; des contes tristes ou gais d’une observation parfois cruelle, et des pièces de théâtre, dont l’une, Le Luthier de Crémone, est un petit chef-d’œuvre de grâce et d’émotion, et l’autre, Severo Torelli, une œuvre enflée d’un grand souffle et portée par un grand et noble effort » (Les Grimaces, 1er décembre 1883). Au fil des années, c’est l’agacement qui prendra le pas sur l’estime, au point que, à en croire Edmond de Goncourt, Coppée serait devenu sa « bête noire », en 1896. Il s’amuse alors à le parodier – « Mon pantalon », « Mes sabots » – et raconte sur son compte de méchantes anecdotes. Deux ans plus tard, pendant l’affaire Dreyfus, il brocarde impitoyablement le nationalisme grotesque du vieil académicien. Dans une désopilante interview imaginaire de L’Aurore, où, entre autres insanités, il lui fait déclarer qu’il ne conçoit « la beauté, la gloire, la vie d’un pays que sous la forme militaire », il le présente bien étrangement affublé : « Comme je cheminais, tristement, le long des quais, je vis, tout d’un coup, s’arrêter, devant le Palais-Mazarin, un fiacre. Un militaire en descendit. Je pensai, tout d’abord, que ce militaire était étranger. Outre qu’il semblait gauche d’allure et très embarrassé de son sabre, je ne reconnaissais point son uniforme pour appartenir à notre belle armée nationale. Il était coiffé d’un haut képi, à palmes vertes. Un dolman noir, orné de passementeries vertes et bordé d’astrakan, teint en vert, lui moulait le buste. Des bottes de maroquin vert étranglaient, au genou, une culotte bouffante sur laquelle une large bande verte était appliquée, qui rappelait les sévères motifs palmoïdes du képi. Ma surprise s’augmenta de constater que, en guise d’éperons, des plumes d’oie, d’un acier brillant, étaient vissées au talon de ses bottes. Quant au sabre, très long, très terrible, qui complétait cet étrange accoutrement, il commençait en croix, se poursuivait en cierge, et finissait en goupillon » (L’Aurore, 5 janvier 1899 !).

P. M.  


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