Familles, amis et connaissances

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Terme
RIMBAUD, arthur

RIMBAUD, Arthur (1854-1891), poète français, né à Charleville, mort à Marseille. Il se fait connaître du milieu des poètes parisiens à l’âge de 17 ans, mais, par son attitude peu sociable et sa relation homosexuelle avec Verlaine, mal perçue à l’époque, il sera rejeté par le milieu qui l’avait cependant  bien accueilli. Après son séjour parisien, seul un poème de lui, Les Corbeaux, fut publié en 1872, dans un une revue, et il éditera, à compte d’auteur, son livre Une Saison en enfer, qui sombra dans l’oubli immédiatement, car il n’avait pu en obtenir que quelques exemplaires d’auteur. Sa vie de poète prend fin à l’âge de vingt ans, après quoi il entreprit une suite de voyages qui l’amenèrent notamment à Aden et en Éthiopie, où il fera du commerce. Rimbaud fut totalement oublié du public jusqu’en1883, date à laquelle  Verlaine le fit connaître dans la revue Lutèce, qui publia Les Poètes maudits du 5 octobre au 17 novembre 1883. On commença alors à lire pour la première fois des poèmes comme Le Bateau ivre et Voyelles, qui deviendront rapidement célèbres.

Pourtant, avant Verlaine un écrivain avait mentionné son nom : Octave Mirbeau. En effet, dans Le Gaulois du 9 mars 1883, dans un article intitulé « La Sœur de charité », Mirbeau écrivait : « Un poète inconnu, et qui avait du génie pourtant, le pauvre Rimbaud, a poussé un jour ce grand cri de souffrance chrétienne : “O femme, monceau d’entrailles, pitié douce, tu n’es jamais la Sœur de charité !” » Or cette citation provient du poème de Rimbaud Les Sœurs de charité, qui ne sera exhumé qu’en 1906. Verlaine lui-même ne l’avait pas retrouvé. Ce n’est pas tout. Une année plus tôt, le 15 mars 1882, Mirbeau publiait sous le pseudonyme de Gardeniac (pseudonyme identifié à présent de manière certaine par Pierre Michel), dans une chronique du Gaulois intitulée « Rose et gris », un poème Poison perdu, qui a été parfois attribué à Rimbaud. Mirbeau écrit avant de citer le poème : « Et je reviens, me rappelant ces vers douloureux d’un poète inconnu : […] » On a toute les raisons de penser, comme l’a souligné Pierre Michel, que le « poète inconnu » est Rimbaud, si on tient compte du fait que la manière dont Mirbeau en parle ressemble beaucoup à sa présentation de Rimbaud dans l’article « La Sœur de charité ».

Tout récemment, Pierre Michel a découvert dans Le Gaulois du 23 février 1885 un alexandrin totalement inédit de Rimbaud, que Mirbeau  présente ainsi dans un article intitulé : « Les Enfants pauvres » :  « […] et, comme le dit le poète Rimbaud : / L’éternel craquement des sabots dans les cours. » Observons que, cette fois, Mirbeau ne parle plus de « poète inconnu » et il est probable qu’à cette date il était au courant de la publication des Poètes maudits, qui avait d’ailleurs été éditée en plaquette en 1884. On peut trouver dommage que Mirbeau n’ait pas eu l’occasion de faire connaître ses sources à Verlaine qui recherchait des inédits de Rimbaud. D’ailleurs, la manière dont Mirbeau avait pu obtenir ces poèmes de Rimbaud est aujourd’hui une énigme. Mirbeau avait peut-être eu accès aux manuscrits que Forain avait confiés à un certain Bertrand Millanvoye, car il s’y trouvait notamment le poème dont il cite un extrait : Les Sœurs de Charité. Mirbeau est donc le premier grand écrivain à avoir parlé de Rimbaud après son abandon de la poésie.

J. B

 

Bibliographie : José Encinas, « À propos de Poison perdu – Un Forain mystificateur ? », Cahiers Octave Mirbeau, n° 13, 2006, pp. 177-184 ; Jean-Paul Goujon, « À propos de Poison perdu : comment une énigme résolue peut en cacher une autre », Parade sauvage, 1995, no 12, pp. 90-94, et Cahiers Octave Mirbeau, n° 3, 1996, pp. 138-143 ; Pierre Michel, « Mirbeau, Rimbaud, Nouveau et Forain », Cahiers Octave Mirbeau, n° 5, 1998, pp. 158-164 ; Steve Murphy, « Mirbeau et un vers inédit de Rimbaud », Cahiers Octave Mirbeau, n° 16, 2009, pp. 171-180 ; Claude Zissmann, « “Rose et gris” et “Poison perdu” - Une mystification de plus », Cahiers Octave Mirbeau, n° 5, 1998,  pp. 165-173.

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