Familles, amis et connaissances

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Terme
FORAIN, jean-louis

FORAIN, Jean-Louis (1852-1931), peintre, dessinateur, graveur et caricaturiste français. Rattaché au groupe impressionniste à ses débuts (il a participé à plusieurs des expositions du groupe), il a été influencé par Manet, Degas et les estampes japonaises. Il a collaboré à quantité de journaux illustrés : La Vie moderne, Le Scapin, Le Courrier français, Le Rire et surtout Le Figaro, auquel il a fourni des dessins pendant un tiers de siècle. À l’instar de Mirbeau dans Le Journal d’une femme de chambre, il a voulu y « montrer le ridicule de certaines douleurs et la tristesse de bien des joies ». On lui doit des portraits (notamment de Jacques-Émile Blanche), des scènes de coulisses de théâtre et de prétoire et des tableaux sociaux de grèves, d’une grande noirceur. À droite toute, dans les années 1890, il s’est engagé dans la satire politique à outrance, a publié en 1897 Doux pays, recueil de dessins fort réactionnaires, et a été violemment antidreyfusard (il a fondé alors Psst...!, avec Caran d’Ache). Sur le tard, s’est converti au christianisme et a fini à l’académie des Beaux-Arts.

Mirbeau et Forain semblent avoir été assez liés au début des années 1880 et pourraient bien avoir fait la noce de conserve, mais l’on ne sait en réalité que peu de choses sur leur relations à cette époque et on ne connaît qu’une seule lettre de Mirbeau à son compagnon de plaisir. Curieusement, Rimbaud a dû constituer un lien entre eux. Il se trouve en effet, d’une part que Mirbeau a été l’un des tout premiers à parler de Rimbaud (voir la notice) et de citer des vers de lui qui étaient inconnus à l’époque, et, d’autre part, que Forain lui-même a longtemps fréquenté le poète aux semelles de vent et a eu entre les mains de ses manuscrits. Cela incite à imaginer qu’il ait pu servir de passeur d’Arthur à Octave et constituer entre eux le chaînon manquant, mais cela reste à démontrer. À ce propos, on ne saurait exclure que Forain ait peu ou prou participé à la rédaction de l’anonyme sonnet Poison perdu, cité pour la première fois par Mirbeau en 1882 et le plus souvent attribué à Rimbaud.

En 1884, Mirbeau, devenu critique d’art, qualifie son ami d’artiste « douloureux et délicat ». Un an plus tard, il le loue pour son « sens très délicat et très artiste » de ses scènes de la vie moderne et admire son portrait de Paul Hervieu, où un « mouvement de la main, hardi et sans coquetterie, donne au modèle un accent d’âpreté excessif, mais saisissant » (« Le Salon VI », La France, 26 mai 1885). L’année suivante, il le complimente pour son portrait de Jacques-Émile Blanche, avec son « dessin très personnel », et loue ses portraits de femmes, empreints « de ce modernisme aigu, de cette vivacité d’impression qui distingue le talent de M. Forain » (La France, 21 mai 1886). Par la suite, leur évolution politique respective les a de plus en plus éloignés et l’affaire Dreyfus les a brouillés définitivement.  

P. M.

 

Bibliographie : José Encinas, « À propos de Poison perdu – Un Forain mystificateur ? », Cahiers Octave Mirbeau,  n° 13, 2006, pp. 177-184 ; Pierre Michel, « À propos de Poison perdu - Mirbeau, Rimbaud, Nouveau et Forain », Cahiers Octave Mirbeau,  n° 5, 1998, pp. 158-164.

 

 


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