Familles, amis et connaissances

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Terme
RENOIR, auguste

RENOIR, Auguste (1841-1919), peintre et sculpteur français. Il débute à treize ans comme peintre sur porcelaine, puis graveur sur médailles, tout en copiant les maîtres du XVIIIe s. au Louvre. En 1863, il rencontre, dans l’atelier de Gleyre, Bazille, Monet et Sisley et peint avec eux sur le motif en forêt de Fontainebleau. Après quatre refus, il est accepté au Salon en 1868.  Comme Monet, il peint alors les reflets changeants de l’eau et les effets éphémères de la lumière (La Grenouillère). Il participe aux trois premières expositions impressionnistes (1874, 1876, 1877). Bien que pauvre, il peint la joie de vivre d’une jeunesse apparemment insouciante (Le Bal du Moulin de la Galette). Poussé par la soif du succès et par la clientèle mondaine qu’il portraiture (Mme Charpentier et ses enfants), il expose à nouveau au Salon à partir de 1878. En Italie, en 1881, il est frappé par  l’art de Raphaël. Trouvant qu’il ne sait ni dessiner ni peindre, il traverse une crise qui l’éloigne de l’impressionnisme. Il expose cependant à nouveau avec ses anciens compagnons en 1882 et conservera des liens d’amitié avec eux (il sera l’exécuteur testamentaire de Caillebotte et aura à gérer les péripéties du legs). Ses couleurs deviennent acides et son dessin plus ferme (Les Grandes Baigneuses) : c’est sa période dite « aigre », qui dure jusqu’en 1890. Son installation dans le Midi ravive son amour lyrique et sensuel de la vie et des jeunes femmes, son panthéisme. Il multiplie les tableaux de baigneuses aux formes plantureuses dans des tonalités rouge et ocre. À la fin de sa vie, atteint d’arthritisme, il se tourne vers la sculpture. Aidé par un assistant, cet admirateur de Jean Goujon modèle dans le plâtre quelques dernières nymphes.

Mirbeau n’a jamais été l’intime de Renoir. Ils se croisent aux dîners des Bons Cosaques, chez Durand-Ruel, au théâtre, chez des amis, mais ne se fréquentent pas. Pas de vraie correspondance entre eux. On peut se demander pourquoi, compte tenu des éloges dont Mirbeau a couvert le peintre. Bien évidemment, l’Affaire Dreyfus les a séparés, Renoir étant un antidreyfusard et un antisémite convaincu. Mais cela ne joue que pour une période de leur vie.

En 1884, dans sa campagne en faveur de l’impressionnisme dans La France, Mirbeau lui consacre sa chronique du 8 décembre. Il salue en lui un « peintre absolument exquis, d’un tempérament très personnel, d’une maestria éclatante ». Puis, il développe l’idée que Renoir « est vraiment le peintre de la femme », aussi bien de ses formes plastiques, de sa carnation que de son âme, « de ce qui de la femme se dégage de musicalité intérieure et de mystère captivant. » Cette femme, Renoir « l’a mise dans tous les milieux, dans toutes les lumières ». En conclusion, il note que « de même que Watteau avait […] créé la grâce de la femme du XVIIIe siècle, de même Renoir a créé la grâce de la femme du XIX° ». La « femme de Renoir » lui sert d’aune, de point de comparaison : il condamne Henner parce que la sienne est stéréotypée, morte ; il loue Maillol dont les femmes sculptées s’en rapprochent. Dans son compte rendu de l’Exposition internationale de peinture chez Petit, paru dans Le Gaulois du 16 juin 1886, Mirbeau énumère, dans une longue phrase-catalogue, tout ce que Renoir a su saisir de la femme. Dressant ensuite un court bilan, il note que le peintre a changé bien des fois de manières. Il loue une de ses récentes toiles (L’Enfant au sein – dit Maternité), bon exemple de la période « aigre », dans lequel il voit « le charme des Primitifs, la netteté des Japonais et la maîtrise d’Ingres. »

Dans le Gil Blas du 14 mai 1887, Mirbeau poursuit son soutien à la nouvelle manière du peintre. Il y dit toute son admiration pour l’ « une des plus belles et des plus curieuses œuvres de ces temps, les Baigneuses, de M. Renoir, un grand tableau décoratif, très discuté. » Il s’agit, selon lui, d’une œuvre « profondément méditée et d’un art tout exceptionnel qu’on pourrait appeler, pour en caractériser la nature très particulière, de la quintessence d’art, de l’extrait d’art. »

En dehors de quelques rapides mentions, il faut attendre 1913 pour que Mirbeau reparle un peu longuement du peintre dans les Cahiers d’aujourd’hui, à l’occasion d’une exposition chez Bernheim. Il y présente un Renoir qui « peint comme on respire », qui n’est ni un révolutionnaire, ni « un prophète ». « Il a vécu et il a peint. Il a fait son métier. C’est peut-être là tout le génie. » En 1997, Colin Bailey, spécialiste américain du peintre, reprochera à Mirbeau d’avoir propagé, par ce texte, l’image d’un artiste étriqué, sans réelles ambitions intellectuelles. Mirbeau, cependant, avait assez bien vu, dans ses articles précédents, que l’ambition de Renoir était précisément de se confronter aux maîtres du passé.

La collection de Mirbeau comportait quatre œuvres du peintre.

C. L.

 

Bibliographie : Octave Mirbeau, Combats esthétiques, tomes 1 et 2, Séguier, 1993.

 

 

 

           


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