Familles, amis et connaissances

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Terme
MANET, édouard

MANET, Édouard (1832-1883), peintre, pastelliste et dessinateur français, qui a été un temps l’élève de Thomas Couture, avant de rompre avec le classicisme et l’académisme. Il a été l’ami de Baudelaire, dont il a subi l’influence et qu’il a représenté dans La Musique aux Tuileries (1862), et d’Émile Zola, qui l’a défendu contre la critique tardigrade et dont il a fait le portrait, resté fameux (1868). Il apparaît comme le chef de file de la peinture nouvelle, qui met en rage les bourgeois misonéistes par le choix de ses sujets, souvent provocants, et par sa manière de peindre, contraire à tous les canons en vigueur ; mais, s’il est l’inspirateur de Pissarro et de Monet, il n’est pas pour autant impressionniste stricto sensu. Très souvent refusé au Salon, parce que ses envois choquent les habitudes picturales de l’École des Beaux-Arts, il expose son Déjeuner sur l’herbe au Salon des Refusés de 1862, et, l’année suivante, fait scandale avec son Olympia, que la presse couvre d’injures. Il a peint des portraits, des paysages et des scènes de la vie moderne. Parmi ses toiles les plus célèbres : Lola de Valence (1862), Le Joueur de flûte (1866), L’Exécution de Maximilien (1867), Le Balcon (1869), Le Chemin de fer (1874), Argenteuil (1882), Nana (1877), Bar aux Folies-Bergère (1882), etc. En 1874, il illustre la traduction du Corbeau d’Edgar Poe par Mallarmé. Fantin-Latour  lui a rendu hommage dans son tableau de groupe, Un atelier aux Batignolles.

Nous ignorons quand Mirbeau et Manet ont eu l’occasion de se rencontrer, mais il est plausible que le journaliste ait fréquenté un temps l’atelier du peintre, qui lui a adressé deux lettres, malheureusement non retrouvées, à une date non précisée par le catalogue de la vente Mirbeau de 1919. Dans ses premiers « Salons » de L’Ordre de Paris, parus sous la signature d’Émile Hervet, Mirbeau semble partagé dans son appréciation de Manet : d’un côté, il a tendance à considérer avec une certaine distance critique l’inachèvement choquant de ses toiles, ébauchées « à la va-te-faire-fiche », au regard des exigences habituelles avec lesquelles lui-même n’a pas encore rompu ; mais, de l’autre, il juge sa façon de peindre « juste » et « vivante », comme le confirment éloquemment les réactions des bourgeois quand il leur arrive de découvrir avec horreur une toile de Manet : « Vous n'êtes pas, peut-être, sans connaître un bourgeois quelconque : prenez-le délicatement entre le pouce et l'index, et déposez-le avec précaution devant une toile de M. Manet. Vous verrez aussitôt un beau phénomène se produire : si votre bourgeois a des cheveux, ils se dresseront sur sa tête comme des piquants sur le dos d'un porc-épic. [...]  Car M. Manet a pour spécialité de jeter les bourgeois, et généralement les orléanistes, dans des rages incommensurables. C'est justement ce qui fait que nous bénissons trois fois par jour la Providence, qui a bien voulu donner à M. Manet un talent capable de procurer des attaques d'apoplexie aux Philistins » (« Le Salon XIV », L’Ordre de Paris, 28 juin 1874). Huit ans plus tard, il constate avec satisfaction qu’« on ne rit plus devant les tableaux de M. Manet » et pronostique : « On n’admire pas encore, mais cela viendra » (Paris-Journal, 4 mai 1882). Dans ses « Notes sur l’art » de La France, en 1884-1885, il loue Manet d’avoir « exprimé la vie » avec « la disproportion de ses formes, l’exagération de ses grimaces et de ses grâces maladives » (8 novembre 1884).

Après la mort de Manet, auquel il ne consacre pourtant aucun article, Mirbeau ne manque jamais de citer son nom parmi les plus grands et, en 1889, à l’occasion de l’exposition centennale, il note avec satisfaction que « l’on s’aperçoit enfin que l’Olympia, si durement insultée, est un pur chef-d’œuvre d’art classique » (Le Figaro, 10 juin 1889).  Au même moment, Monet lance une souscription qui permettrait d’acheter Olympia à la veuve de Manet, pour 20 000 francs, et de l’offrir à l’État afin qu’il soit exposé le plus tôt possible au Luxembourg, puis au Louvre, Mirbeau donne aussitôt 300 francs (alors que Zola refuse de souscrire...)  et, en janvier 1890, lorsque la souscription est close, il aide Monet à rédiger la lettre au ministre accompagnant la remise du tableau. Il intervient aussi dans Le Figaro, à la demande de Monet, pour moucher Antonin Proust, ancien ami et modèle de Manet, qui prétend que « le temps n’est pas encore venu pour Édouard Manet d’entrer au Louvre », ce qui lui vaut une lettre de remerciement de la sœur du peintre.

P. M.

 

 

 

 

 

           

 

 

 


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