Familles, amis et connaissances

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Terme
REGNIER, henri de

RÉGNIER, Henri de (1864-1936), poète et romancier de la nouvelle génération symboliste. Issu d’une famille aristocratique, familier des Mardis de Mallarmé, ami de Francis Vielé-Griffin, avec qui il a collaboré aux Entretiens politiques et littéraires, Régnier a commencé en 1885 par un recueil de vers, Lendemains, suivi d’Apaisement en 1886, d’Épisodes en 1888 et de Poèmes anciens et romanesques en 1890. Par la suite il reviendra à une conception plus classique du vers (Aréthuse, 1895), se rapprochera du Parnasse, épousera la deuxième fille de José-Maria de Heredia (qui sera connue en littérature sous le pseudonyme de Gérard d’Houville et aura un fils adultérin de Pierre Louÿs), écrira des contes (Contes à moi-même, 1894, La Canne de jaspe, 1897) et des romans (La Double Maîtresse, 1900, Le Bon plaisir, 1902, Le Mariage de minuit, 1903, Les Vacances d’un jeune homme sage, 1903, L’Amphisbène, 1912, Romaine Mirmault, 1914). Il a été élu à l’Académie Française en 1911 et éreinté à cette occasion par Albert de Mun, chargé du discours de réception. Son journal, longtemps inédit,  conservé à la Bibliothèque Nationale, a été publié en 2003.

En 1890, Henri de Régnier a adressé à Mirbeau une lettre de quatre pages sur Sébastien Roch, probablement élogieuse, mais dont nous ignorons malheureusement le contenu, et il lui a expédié un exemplaire dédicacé de ses Poèmes anciens et romanesques. Mirbeau a éprouvé de la sympathie pour le jeune poète, qu’il a invité à plusieurs reprises chez lui, à Carrières-sous-Poissy, de 1894 à 1896, et il a assisté à son mariage, le 17 octobre 1895. Il lui a manifesté son admiration pour les Contes à moi-même : « Je n’en connais pas de plus impérissablement beau. Je le lis et le relis, et, chaque fois, il m’enchante davantage », lui écrit-il, avant de les évoquer élogieusement dans son article sur « Félix Fénéon » (Le Journal, 29 avril 1894), dont il rappelle une visite quelques semaines plus tôt : « Sur la table de mon cabinet il y avait les Contes à soi-même, de M. Henri de Régnier. Fénéon prit le livre, l’ouvrit, en lut à haute voix des fragments, saisi par la beauté mystérieuse de cette oeuvre, et s’interrompant de lire pour commenter, avec son esprit si net, si compréhensif, tout ce que ce livre contient de hauts symboles, et tout ce qu’il dévoile sur la vie intérieure, sur l’invisible et sur l’inconnu. »

Mais il semble que leurs relations se soient refroidies et qu’une simple politesse ait succédé à la chaleur des débuts. Régnier remercie froidement pour l’envoi des Mauvais bergers, en mars 1898, cependant que Mirbeau, sous le masque de Jean Salt, ironise sur la prolixité et les ambitions académiques du poète dans une fantaisie du Journal, « Le Poète et la Source » (2 février 1897), où il tourne en dérision Francis Viélé-Griffin, qui, tout en chevauchant sa bicyclette Yeldis, se plaint de n’avoir pas les ancêtres de son ami, ni ses ambitions : « Régnier est parti à droite, vers la renommée, les honneurs, les académies. » De son côté, Régnier a visiblement eu du mal à se faire au caractère de Mirbeau et ne l’a visiblement pas compris. Dans ses tardifs souvenirs, il formule un jugement plutôt critique sur la « fureur » de son aîné, à l’éloquence « agressive et saccadée », dont les dégoûts et les haines lui paraissent chimériques et saugrenus : « Il y avait dans ce visage énergique quelque chose de tourmenté et d’irritable, de contracté et de violent. […] Il vivait dans une continuelle exaspération, dans une sorte de fureur où s’aiguisait sa verve de pamphlétaire et de satiriste. De l’un et de l’autre il avait tous les partis pris et tous les grossissements et il les exprimait avec une sorte d’éloquence agressive et saccadée, déformant les faits pour les rendre plus favorables à son besoin d’invectives. »

P. M.

 

Bibliographie : Henri de Régnier, « Octave Mirbeau », Nouvelles littéraires, 28 novembre 1931 (article recueilli dans De mon temps, Mercure de France, 1933, pp. 63-70).

 

 


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