Familles, amis et connaissances

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Terme
ROSNY aîné, J.-H.

ROSNY, pseudonyme de Joseph-Henri Boex, dit J.-H. Rosny aîné (1856-1940), romancier belge, naturalisé français, venu vivre à Paris après dix ans passés à Londres. Il a commencé par publier des romans de facture naturaliste (Nell Horn, 1886, Le Bilatéral, 1887, L’Immolation, 1887, Marc Fane, 1888), mais il a vite répudié  l’école zolienne – qu’il caricature dans Le Termite, roman à clefs de 1890 –, après avoir signé le Manifeste des Cinq contre La Terre. Seul ou en collaboration avec son frère cadet Justin (1859-1948), il a continué d’écrire des romans contemporains (L’Impérieuse bonté, 1894, L’Indomptée, 1895, Le Crime du docteur, 1903), mais, esprit curieux et nourri de lectures scientifiques, il a surtout tenté de créer un fantastique original, admiré par Mirbeau, avec Les Xipéhuz (1888), et s’est orienté vers le roman préhistorique – Vamireh (1892), La Guerre du feu (1911), Helgvor du fleuve Bleu (1930) – et le roman de science-fiction, s’inspirant de l’évolution de la recherche scientifique (La Mort de la Terre, 1912, La Force mystérieuse, 1914). Il a été membre de l’Académie Goncourt dès sa fondation et a laissé des volumes de souvenirs : Torches et lumignons (1927), L’Académie Goncourt et Portraits et souvenirs (posthume).

Mirbeau a manifesté une indéniable admiration pour les premières œuvres de Rosny. En 1887, il évoque les « joies inattendues, bouleversantes » que lui ont procurées « quelques paragraphes du Bilatéral » (« L’Inconnu », Le Gaulois, 24 juin 1887) et regrette qu’un écrivain de son talent ait signé le Manifeste des Cinq contre Zola : « Vous, ô Rosny, vous qui avez dit magnifiquement les grands drames du ciel, que veniez-vous faire là ? » (« Le Paysan », Le Gaulois, 21 septembre 1887). En mars 1888, il lui écrit : « Vous me passionnez comme une force de ce temps. Vous êtes de ceux qui avez apporté le plus de nouveau à la littérature d’aujourd’hui, car vous y avez fait entrer des préoccupations intellectuelles qui semblaient en être bannies. […] Et puis vous avez découvert le ciel. Aucun n’en a expliqué les grands drames, défini les innombrables et changeantes couleurs, comme vous ». En 1889, dans un article en forme de bilan sur la littérature française au présent, il signale avec intérêt ses « recherches sociologiques » (« Quelques opinions d’un Allemand », Le Figaro, 4 novembre 1889), et, l’année suivante, en accusant réception du Termite, il lui adresse de nouveaux compliments : « Vous êtes, mon cher confrère, de toute la génération montante, comme vous dites, celui, artiste et penseur, de qui je reçois les plus fortes impressions. Vous avez d'admirables dons de peintre, et un cerveau puissamment organisé. Tout, pour vous, est matière intellectuable, et dans vos émerveillantes sensations de nature, vous nous faites vivre, penser, en elle. Je vous admire profondément, car vous agrandissez le domaine de mon intelligence. Il y a dans tout ce que vous faites, et dans Le Termite, plus particulièrement peut-être, des résurrections d'humanité, des compréhensions d'âmes, aussi belles, aussi complètes, que les évocations que vous faites de la nature. » La seule réserve qu’il émette, c’est  de ne pas avoir assez montré « l'omnipotence raisonneuse de cet orgueilleux, égoïste, naïf et féroce parvenu » qu’est Zola, qui, « intellectuellement parlant », est « un Sarcey geignard et gagateux »...

Les deux écrivains se retrouveront pendant seize ans, presque tous les mois, à l’occasion des dîners de l’Académie Goncourt, mais ils ne deviendront jamais amis pour autant, et leurs votes convergeront rarement. Les témoignages tardifs de Rosny sur son aîné révèleront de sa part, une regrettable incompréhension de l’homme Mirbeau et de son œuvre : il le taxe d'incohérence, comme un vulgaire Jean Lorrain*, et qualifie son œuvre de « frénétique »...

P. M.

 

Bibliographie : J.-H. Rosny, Mémoires de la vie littéraire - L'académie Goncourt, Paris, Crès, 1927, pp. 11-24 ; J.-H. Rosny, « Les Incohérents – Octave Mirbeau », Les Nouvelles littéraires, 10 septembre 1932 ; J.-H. Rosny, Portraits et souvenirs, Paris, Compagnie française des arts graphiques, 1945, pp. 59-64.

 

 

 


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