Pays et villes

Il y a 116 entrées dans ce glossaire.
Tout A B C D E F G H I L M N P R S T U V Y Z
Terme
ARGENTINE

Dans ce vaste pays sous-peuplé qu’est l’Argentine, la culture française a toujours été une référence pour les élites intellectuelles, qui avaient généralement le regard tourné vers l’Europe. Octave Mirbeau ne fait pas exception à la règle, si on en juge par les traductions de ses œuvres.

De fait, bien que les nombreuses traductions espagnoles publiées en Espagne même aient sans doute été diffusées dans les pays hispanophones d’Amérique du Sud, des traductions autochtones ont vu le jour. Ainsi a-t-on la surprise de constater que Le Jardin des supplices a eu droit à quatre éditions : en 1945, par la Sociedad Editora Latino-americana de Responsabilidad Limitada, dans la collection « Ediciones selectas SELA », sans indication de nom de traducteur ; en 1959, chez  Dintel, dans la collection. Beleño « Los Divinos y los Malditos », n° 3, dans une traduction – tronquée – de E. G. Grieben, avec une préface de l’écrivain Pitigrilli ; en 1968, aux éditions Merlin, dans la collection « Arco de Eros » ; et, plus récemment, à une date indéterminée, chez Berlinghieri Hermanos, de Buenos-Aires (mais nous n’avons pu en voir d’exemplaire).

Il en va de même du Journal d’une femme de chambre, édité à cinq reprises : en 1941, 1947 et 1949, il a été publié, sous le titre de Memorias de una doncella, différent du titre généralement adopté en Espagne, par l’Editorial Poseidon, dans une traduction de Francesco Madrid et avec des illustrations de Luis Seoane ; en 1946, il a paru sous le même titre, chez Cine Moderno, de Buenos Aires, mais il s’agit apparemment d’une adaptation, peut-être inspirée du film de Jean Renoir sorti précisément cette année-là (nous n’en avons pas vu d’exemplaire) ; en 1968, nouveau titre, Diario de una mucama  – mucama étant un terme propre à l’Argentine –, chez un autre éditeur porteño, Editorial y Librería Goncourt (sic), dans la collection « Idus », n° 3, dans une traduction, complète et fidèle, de Maria Euillades, avec une couverture d’Alberto Orfila ; en 1975, nouvelle traduction, également complète, due à Alfonso Berenguer et intitulée une nouvelle fois Memorias de una doncella, a paru chez Merlin, toujours à Buenos-Aires, dans la collection « Obras populares permanentes », avec un dessin de couverture de Sergio Camporale ; enfin, en septembre 2009, un éditeur de Buenos-Aires,  Losada, vient de publier Diario de una camarera, dans sa collection « Aniversario Losada (1938-2008) », avec une « Nota preliminar » de Mariano Fiszman.

Un troisième roman, Sebastián Roch, a paru à Buenos Aires, aux Ediciones Joyas Literarias, dans la « Collección Selecta », n° 14, à une date indéterminée, qui pourrait être 1900, selon certaines sources. Si cette datation était confirmée, ce serait un signe fort de l’intérêt manifesté en Argentine pour un auteur dont le roman s’est heurté, dix ans plus tôt, à une véritable conspiration du silence. Confirmation en est donnée par la publication rapide de « Las bocas inútiles » (« Les Bouches inutiles »), dans La Ilustración Sud Americana, Buenos-Aires, n° 86, du 16 juillet 1896 ; par la traduction des Contes de la chaumière, intitulée Cuentos de la choza, et parue à Buenos Aires, dans la Biblioteca d’El sol, à une date indéterminée, mais du vivant de Mirbeau (le volume figurait dans sa bibliothèque) ; et, dans un autre registre, par la publication, en 1952, toujours à Buenos-Aires, chez Emece, d’une Antología apócrifa, qui  comporte une parodie de Mirbeau, aux côtés de textes apocryphes rédigés à la manière de Baudelaire, Kipling, Conan Doyle, Góngora, Tolstoï et Mark Twain, le tout accompagné de caricatures de Toño Salazar. Mais le signe le plus étonnant  de cet intérêt est fourni par la publication, en juin 1922, d’un numéro entier d’une revue engagée à gauche, Los Intelectuales, consacré à Mirbeau, sous le titre de Prostitución y miseria [“prostitution et misère”]. Ce sixième numéro comporte les mêmes textes, contes et chroniques, parus à Barcelone quelques mois plus tôt sous un titre différent, El alma rusa [“l’âme russe”]. Le titre argentin est celui de la nouvelle de tête, qui n’est autre que « Pour M. Lépine », que Mirbeau a insérée en 1901 dans le chapitre XIX des 21 jours d’un neurasthénique. Sans doute d’autres contes de Mirbeau ont-ils été publiés dans d’autres revues, mais ils n’ont pas été recensés. Signalons simplement que « Le Portefeuille » (« La Cartera ») figure, en 1974, dans un recueil intitulé symptomatiquement Dinamita cerebral, sous-titré Los mejores cuentos anarquistas de los más famosos autores et publié par Distribuidora Baires.

Pour ce qui est du théâtre, l’accueil semble avoir été également favorable. Sous le titre  Los malos pastores, Les Mauvais bergers a été traduit et adapté par Jorge Downton, qui a réduit la pièce à quatre actes ; la pièce a été créée à Buenos-Aires le 29 juillet 1920 et a été publiée la même année dans le n° 111 d’une revue de la capitale, La Escena.  Vieux ménages a connu deux traductions : Un viejo matrimonio  [“un vieux ménage”], traduit et adapté de nouveau par Jorge Downton et publié en 1921 par Bambolinas, dans la collection « Bambolinas », n° 145 ; et Matrimonios maduros [“ménages mûrs”], paru en 1922 à Buenos-Aires, chez B. Fueyo. Pour sa part, L’Épidémie (La Epidemia) a été édité en 1921, toujours à Buenos-Aires, par F.-J. Madero, dans une traduction anonyme. Certes, nous n’avons pas trouvé de traces des représentations des Affaires sont les affaires, ni du Foyer, mais il serait fort étonnant que ces deux grandes comédies n’aient pas été montées au moins à Buenos-Aires. Il pourrait bien en aller de même de Scrupules et du Portefeuille, qui ont toujours bien plu à des troupes amateurs. Notons enfin que Le Journal d’une femme de chambre (Diario de una camarera, adapté et mis en scène par Manuel Iedvabni, a été représenté  à Buenos-Aires, La Plata et autres lieux, de 1998 à 2001, avec l’actrice Rita Terranova dans le rôle de Célestine.

Il est frappant de noter que c’est au lendemain de la Première Guerre mondiale que se sont multipliées les traductions de Mirbeau en Argentine, comme si la guerre avait donné une actualité pressante à ses valeurs et à ses engagements.

Concernant les études universitaires portant sur Mirbeau, nous en avons trouvé quatre, mais il est possible que d’autres nous aient échappé. Tout d’abord, Saul Taborda, dans ses Investigaciones pedagogicas, publiées en 1951 par l’Ateneo Filosofico de Córdoba, consacre un chapitre à Sébastien Roch  (tome II, pp. 64-81), et confronte le roman de Mirbeau à Poil de Carotte et à Jean-Christophe, trois romans qui ont en commun de se placer du point de vue des enfants face aux parents et à l’école et de donner des pères une image critique, sans pour autant en faire de mauvais pères. En 2000, également à Córdoba, ont paru les Actes du colloque Literatura y Fin(es) de Siglo [“Littérature et Fin(s) de siècle”], qui comportent un article de Silvia Emma Miranda de Torres portant notamment sur Le Journal d‘une femme de chambre, « De Octave Mirbeau a Isabel Marie : la domesticidad en dos fines de siglo » (vol. I, pp. 109-118).  Enfin, le nouvelliste et universitaire Daniel Attala a publié en 2003, dans les Cahiers Octave Mirbeau, n° 10 (pp. 272-278), un article sur « Jeff Noon lecteur du Jardin des supplices » et va y publier un autre article dans le n° 17, à paraître en mars 2009, « Octave Mirbeau et Pierre Ménard (Quasi fantasia) ».

. P. M.


Glossary 3.0 uses technologies including PHP and SQL