BILAN DE LA SOCIÉTÉ OCTAVE MIRBEAU (1993-2019) par Pierre Michel

 
 

 Le 28 novembre 1993, avec une poignée de mirbeauphiles, dont plusieurs nous ont quittés, j’ai fondé la Société Octave Mirbeau, association loi 1901, à la Bibliothèque Municipale d’Angers, en présence du président du Conseil Général du Maine-et-Loire, Jean Sauvage.

   Un quart de siècle plus tard, alors que je m’apprête à quitter cette productive association, après un quart de siècle de bons et loyaux services, le bilan est fabuleux. Qu’on en juge !

 * 26 numéros de Cahiers Octave Mirbeau ont vu le jour, qui atteignent le faramineux total de 9 600 pages. Onze d’entre eux sont intégralement et gratuitement accessibles en ligne, sur Scribd (voir https://fr.wikipedia.org/wiki/Cahiers_Octave_Mirbeau). Et les articles des 23 premiers numéros le sont également, mais séparément, et tout aussi gratuitement. Voir les tables des matières des 26 numéros : http://mirbeau.asso.fr/cahiersom.htm.

 Ces Cahiers Mirbeau obéissent naturellement aux exigences universitaires et comportent donc de très nombreux articles de fond et des études sur Mirbeau romancier, conteur, dramaturge, critique d’art, polémiste ou intellectuel engagé. Mais ils s’adressent aussi et surtout à tous ceux qui, sans être des universitaires, ni même des littéraires, ne s’en intéressent pas moins à Mirbeau. Nos volumes sont donc attrayants et abondamment illustrés ; ils comportent nombre de documents, inédits ou oubliés, des témoignages de contemporains de Mirbeau ou de personnalités d’aujourd’hui (gens de théâtre, écrivains, artistes, etc.) ; quantité d’informations sur les activités mirbelliennes, qui intéressent les mirbeauphiles, et aussi sur les associations sœurs s’intéressant à la Belle Époque. De la sorte, par-delà certaines études qui peuvent parfois paraître abstraites, la vraie vie a délibérément droit de cité sous toutes ses formes. De surcroît, nos publications refusent le style compassé,  les édulcorations en tous genres et toutes les formes de langue de bois : la liberté de la plume y a toujours été scrupuleusement préservée, l’humour, l’ironie et la critique, même acerbe, y ont toute leur place.

cahiers OM

 * La participation à deux éditions critiques, par mes soins, de l’œuvre romanesque complète de Mirbeau, soit 15 romans : l’une sous la forme livre, chez Buchet/Chastel, en coédition avec la Société Mirbeau (2000-2001) ; l’autre, numérique et gratuite, aux Éditions du Boucher, également en coédition avec la Société Mirbeau (2003).

oeuvre romantique

     * La décisive participation financière à mon édition des quatre volumes et du supplément de la Correspondance générale de Mirbeau (le tome IV et le supplément sont prêts et devraient paraître au printemps 2020). Soit au total près de 4 500 pages. Travail énorme, commencé 52 ans plus tôt, et qui constitue l’aboutissement de toute une vie.

        * La publication d’un monumental Dictionnaire Octave Mirbeau de 1 200 pages, qui se présente – chose probablement unique – sous deux espèces : papier (en coédition avec l’Age d’Homme, Lausanne) et numérique, sur un de nos sites. Depuis neuf ans, le dictionnaire en ligne reçoit, en moyenne, plus de 300 visites par jour et il atteindra le million de visites d’ici la fin de l’année 2019. Preuve, s’il en était besoin, qu’il répond vraiment à la curiosité d’un nombre impressionnant de lecteurs.

Dico Mirbeau
Les mauvais bergers

 * La publication papier de quantité d’autres volumes : Les Mauvais bergers, édition critique que j’ai réalisée ; sept romans préfacés par moi et imprimés à partir des Éditions du Boucher ; les Premières chroniques esthétiques de Mirbeau,  en coédition avec les Presses Universitaires d’Angers; mon essai Lucidité, désespoir et écriture, en coédition avec les Presses Universitaires d’Angers ; un essai de Claude Herzfeld, Le Monde imaginaire d’Octave Mirbeauen coédition avec les Presses Universitaires d’Angers ; Rédemption ou la folie du toujours mieux, texte de l’oratorio théâtral d’Antoine Juliens ; Un aller simple pour l’Octavie, sous la direction de Kinda Mubaideen et Lolo ; plus deux brochures Octave Mirbeau, parues en 1998 (réédition 2002) et 2007 (réédition 2016).

REDEMPTION

     * La mise en ligne :

 - De toute l’œuvre littéraire et journalistique d’Octave Mirbeau : romans, pièces de théâtre, contes, articles de critique d’art, chroniques politiques et sociales…

 - De ma monumentale Bibliographie d’Octave Mirbeau, mise à jour régulièrement et dont la dernière version approche les 1 000 pages (http://www.scribd.com/doc/2383792/Pierre-Michel-Bibliographie-dOctave-Mirbeau).

 - De ma recension des Articles d’Octave Mirbeau (275 pages : http://www.scribd.com/doc/12846979/Pierre-Michel-Les-Articles-dOctave-Mirbeau.

 - De mes divers essais, accessibles seulement en version numérique :

· Pierre Michel, Octave Mirbeau et le roman, Société Octave Mirbeau, 2005, 276 pages.

· Pierre Michel, Albert Camus et Octave Mirbeau, Société Octave Mirbeau, 2005, 68 pages.

· Pierre Michel, Jean-Paul Sartre et Octave Mirbeau, Société Octave Mirbeau, 2005, 67 pages.

· Pierre Michel, Octave Mirbeau, Henri Barbusse et l’enfer, Société Octave Mirbeau, 2006, 55 pages

· Pierre Michel, Octave Mirbeau et la négritude, Éditions du Boucher, 2006, 40 pages.

· Pierre Michel, Octave Mirbeau et Léon Werth, Société Octave Mirbeau, 2006, 31 pages.

 - De Octave Mirbeau en toutes langues, Actes du colloque Mirbeau de Grenade : https://www.scribd.com/document/385479568/Octave-Mirbeau-en-toutes-langues, https://www.academia.edu/37793234/Octave_Mirbeau_en_toutes_langues, et http://www.mirbeau.org/doc/Grenade-Actes.pdf.

 - Et enfin, en août 2018, de Octave Mirbeau in italiano : https://www.scribd.com/document/387021122/Pierre-Michel-Octave-Mirbeau-in-Italiano, https://www.academia.edu/37792542/OCTAVE_MIRBEAU_IN_ITALIANO  et http://www.mirbeau.org/doc/Mirbeau_in_italiano.pdf.

 * L’organisation de multiples colloques consacrés à Mirbeau : à Angers (2000 et 2017), à Caen (1996), au Sénat (2017), à Morlaix (2017), à Grenade (2017) et à Limoges (2017). Plus ceux initiés par la S.O.M. et pris en charge par ses adhérents : à Cerisy (2005), à Strasbourg (2007), à Debrecen (2017) et à l'université de Chicago (2017).

      * La constitution d’un Fonds Octave Mirbeau à la BU d’Angers : http://bu.univ-angers.fr/zone/Patrimoine/archives-litteraires/fonds-mirbeau-octave.

      * La fabrication d'une exposition didactique et itinérante d'une trentaine de panneaux, qui a beaucoup circulé en France, à partir de 1995 et dans les années suivantes — et gratuitement, bien sûr. Elle a encore servi, en 2017, aux expositions >quiont eu lieu à Carrières-sous-Poissy et à Poissy.

 * Une centaine de conférences, à travers la France et dans plusieurs pays étrangers (Hongrie, Italie, Espagne, Serbie, Allemagne, Belgique, Pays-Bas, États-Unis, Canada, Roumanie). La commémoration internationale de 2017 a permis à de nouveaux mirbeaulogues et mirbeauphiles de prendre le relais, notamment en Normandie et en Limousin.

     * La création de deux sites Internet multilingues extrêmement riches et abondamment illustrés, qui donnent accès, d’un seul clic, à plus de 1 300 articles sur Mirbeau en trente langues :

 - Site principal multilingue : http://mirbeau.asso.fr/.

 - Portail multilingue : . http://www.mirbeau.org/.

 * La préparation de la commémoration internationale d’Octave Mirbeau à l’occasion du centième anniversaire de sa disparition. Des initiatives multiples et diverses ont eu lieu dans ce cadre : publications nouvelles ou rééditions, traductions en une dizaine de langues, colloques dans plusieurs pays, innombrables créations et reprises théâtrales en plusieurs langues, multiples expositions, conférences, et même un timbre… Voir la liste des colloques et publications (http://www.mirbeau.org/colloques_publications.html) et le calendrier de toutes ces manifestations commémoratives, de 2016 à 2019 : www.mirbeau.org/calendrier.html.

     * La constitution, à cette occasion, d’un très important comité de parrainage international, regroupant des personnalités de 35 pays : des universitaires de toutes disciplines, des écrivains, des artistes, des gens de théâtre et de cinéma, des élus, etc. : http://www.mirbeau.org/comite.html.

 * La création d’un nombre impressionnant de notices Wikipédia sur Mirbeau (en 140 langues !), ainsi que sur ses œuvres et ses personnages, soit au total quelque 470 notices. Mirbeau y est à coup sûr un des auteurs les mieux traités par cette encyclopédie numérique, qui permet de toucher un maximum de curieux et qui, en l’occurrence, a contribué éminemment à la reconnaissance internationale de l’écrivain.

 * Enfin, depuis trois ans, sont apparues des pages Facebook consacrées à Mirbeau, en français (cinq) et en italien (une), ce qui a permis d’élargir encore le public touché.

  À toutes ces activités productives il convient d’ajouter que les Assemblées générale et annuelles de la Société ont donné lieu à des retrouvailles conviviales, à des visites touristiques, à un buffet et à des représentations théâtrales d'œuvres de Mirbeau par des troupes, amateurs ou professionnelles. Près d’une vingtaine d’entre elles ont eu lieu à Angers, et les autres à l’Arsenal, à Trélazé, à Saumur, à Rémalard et à Triel-sur-Seine.

Le résultat est à la hauteur des efforts fournis pendant un quart de siècle par un petit groupe de mirbeauphiles, qui ont su créer un vaste réseau international, notamment dans les universités, et il dépasse largement mes espérances initiales. Non seulement Octave Mirbeau est de nouveau publié et lu par un nombre croissant de personnes dans toutes sortes de pays, et souvent sans bourse délier, ce qui en renforce l’accès, mais il est maintenant internationalement reconnu comme un écrivain de première importance, qui a joué un rôle considérable dans l’histoire littéraire, bien sûr, mais aussi dans celle des beaux-arts et dans l’histoire politique et sociale. Alors que, comme Zola dans les années 1960, il était peu ou prou ignoré ou snobé à l’université, il y a fait son entrée partout dans le monde et les études universitaires, mémoires et thèses, se multiplient, en France et à l’étranger, non seulement en Europe et aux États-Unis, mais aussi en Uruguay, en Tunisie, en Algérie, au Maroc, au Cameroun, et même en Chine...

Tous les objectifs que je m’étais fixés en créant la Société Mirbeau et en la finançant largement (à hauteur de quelque 20 000 €) ont donc été plus qu’atteints. Dans ces conditions, quand j’ai dû, pour raisons personnelles, passer le relais à la présidence de la S.O.M., afin de me décharger un peu d’un ensemble de tâches écrasant, je pouvais être rassuré : l’essentiel était acquis et tout l’énorme travail réalisé en 25 ans, qui avait permis de changer totalement le regard porté sur Mirbeau, n’était plus à faire. Je pouvais donc ralentir un peu le rythme de travail en toute sérénité.

   Mais ce calme était en réalité celui qui précède la tempête. Cette tempête a éclaté au cours de la longue phase de transition qui a suivi l’A.G. de Triel du 5 mai 2018 et au cours de laquelle j’ai dû préparer mon successeur à assumer des responsabilités totalement nouvelles pour lui, tout en continuant à me charger d’une partie de mes tâches antérieures, au premier chef la réalisation et la diffusion du n° 26 des Cahiers Mirbeau, qui vient de sortir au début du mois d’avril 2019.

COM 26

 Si je ne renouvelle pas, en 2020, mon adhésion à la Société Mirbeau, qui prend, selon moi, une direction qui la condamne à mort, ce n’est évidemment pas parce que je compte mettre un point final à mes recherches et à mes publications mirbelliennes.

Angers, le 22 avril 2019

Pierre MICHEL,
Fondateur et président honoraire de la Société Octave Mirbeau (1993-2018)

Autres précisions

Les Paradoxes d'Octave Mirbeau.
Avec un an de retard, les Actes des séminaires Mirbeau de la Sorbonne, recueillis par Marie Bat, Émilie Sermadiras et Pierre Glaudes, ont fini par paraître, début janvier, dans les Classiques Garnier. Malheureusement le prix est élevé (42 €), et le coût du téléchargement des différentes communication est carrément prohibitif : 112 € pour le tout !... Ces regrettables pratiques commerciales sont en totale contradiction avec les valeurs et les objectifs de la Société Mirbeau, qui a toujours voulu toucher le plus grand nombre possible de lecteurs et a mis gratuitement à leur disposition toutes les œuvres d'Octave et tous les articles de nos Cahiers deux ans après leur publication papier. Pour ma part, j'ai bien acheté le volume, mais n'ai pas encore eu le temps de le lire. À défaut d'un compte rendu dans les règles, faute d'en avoir reçu dans les temps, le n° 26 de nos Cahiers ne comportera que la présentation des communications par leurs auteurs.

Le 15 février est sorti le dossier Mirbeau de la revue d'études franco-allemandes Lendemains, Octave Mirbeau, enfant terrible de la Belle Époque, qui comporte les Actes du colloque de Limoges de novembre 2017, organisé par Arnaud Vareille et Till Kuhle. Pour l'heure j'ignore comment il est possible de se le procurer et je n'ai pas encore reçu mon exemplaire. En voici du moins le sommaire, que m'a communiqué Wolfgang Asholt, le fondateur de la revue :

À la fin du mois de février, doit paraître un petit volume de 70 pages, œuvre de Claude Barouh, “Octave Mirbeau, Les années Cheverchemont”. Cette brochure, publiée par Triel mémoire & Histoire, comporte divers témoignages des derniers visiteurs d'Octave au cours de ses années trielloises, ainsi qu'une préface de Pierre Michel.

Au cours de cet hiver ont eu lieu plusieurs créations et lectures mirbelliennes :
- Le 4 février, au Théâtre Rive Gauche (6 rue de la Gaieté, Paris 14e), lecture, sur invitation, de La Dresseuse de papillons, librement adapté du Jardin des supplices par Bunny Godillot. Avec Lola Naymark, Tristan Robin, Jean Louis Tribes et Tony Thich. Il s'agit d'un projet très très ancien, qui devrait se concrétiser prochainement.
- Le 26 février, de 19h15 à 20h15, Événement de l’Agora, avec Lire autrement (64 Rue du Père Corentin, 75014 Paris) spectacle Mirbeau : « REDOUTABLE OCTAVE MIRBEAU - Eclats de rire et du pire », avec Ophélia Bard et Simone Hérault.
- Enfin, “Sakta”, pièce très librement adaptée du Journal d'une femme de chambre par Halim Rahmouni et mise en scène par Tounès Aït, a eu droit, en janvier, à pas mal de représentations en Algérie, avec un succès qui ne s'est jamais démenti. Du 6 au 11 février, Sakta a participé au festival du Caire, et c'est Tounès Aït qui a remporté le prix de la mise en scène ! Elle devrait être présente à l'AG de l'Arsenal, le 6 avril, après les représentations programmées à Bruxelles fin mars. Enfin, Sakta sera donné à Avignon, en juillet, dans le cadre du Festival off.

Comme annoncé, le n°26 des Cahiers Octave Mirbeau, gros de quelque 360 pages et très abondamment illustré (et en couleurs), imprimé sur les presses du Petit Pavé, à la Botellerie, sera disponible lors de l'AG et sera expédié par le Petit Pavé dans la première quinzaine d'avril. La couverture comporte un portrait original, et en couleurs, de Mirbeau par Jacques Cauda, que je remercie bien vivement.

Pour ce qui est de la Correspondance générale, il se trouve que le déjà copieux Supplément, qui comporte notamment une soixantaine de lettres inédites à Claude Monet, s'est enrichi d'une vingtaine de nouvelles lettres au cours des trois derniers mois et que j'attends, avec impatience, depuis sept semaines, le scan d'une lettre à Paul Hervieu, conservée à Santiago, dans les archives nationales du Chili. Cette vaine attente retarde le bouclage. En l'absence de nouvelles de l'Age d'Homme, je continue d'espérer que le tome IV et le supplément paraîtront bien, comme prévu, à l'automne prochain. Mais j'en ignore le prix et ne sais s'il y aura un seul volume, énorme, ou deux, un très gros et un moyen. Une souscription sera évidemment lancée, mais, pour l'heure, je suis dans l'incapacité de vous en dire plus.

En tout cas, ce qui est sûr, c'est que l'impression et l'expédition du n°26 des Cahiers Octave Mirbeau (prévoir 6 000 €) et la publication de la Correspondance (la SOM s'est engagée à hauteur de 7 000 €) impliquent de très grosses dépenses. Nous avons donc le plus urgent besoin de toutes nos ressources, à commencer par les cotisations des adhérents, sans lesquelles une association telle que la nôtre ne saurait survivre.

Pour terminer, le Dictionnaire Octave Mirbeau est à nouveau accessible en ligne.

Amicalement à tous.

Pierre MICHEL
10 bis rue André Gautier
49000 - ANGERS
02 41 66 84 64