Thèmes et interprétations

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Terme
ETUDES

Octave Mirbeau n’a pas fait une carrière scolaire et universitaire des plus brillantes. Après les années d’école primaire passées à Rémalard, dans une école religieuse, et dont nous ne savons rien, il a été expédié par son père, en octobre 1859, au collège des jésuites Saint-François-Xavier de Vannes, où il a passé quatre années d' « enfer ». Ses résultats y ont été des plus médiocres, voire mauvais, ce qui témoigne de sa résistance à l’endoctrinement jésuitique et ne saurait en aucune façon expliquer son brutal renvoi, le 9 juin 1863, à quelques semaines à peine de la fin de l’année scolaire, dans des conditions plus que suspectes, qu'il évoquera dans son roman autobiographique Sébastien Roch (1890). À la rentrée d’octobre 1863, il poursuit ses études, avec des résultats de nouveau médiocres, à la pension Saint-Vincent de Rennes, avant que son père ne se décide, en janvier 1865, à l’expédier à Caen, à la pension Delangle, « moule à bachot » laïque, pour y préparer le baccalauréat. Après deux échecs, le 28 août 1865 et en novembre de la même année, c’est seulement le 7 mars 1866 que le jeune Octave devient bachelier ès lettres, à sa troisième tentative.

Ladislas Mirbeau l’incite alors à s’inscrire à la fac de sciences, dans l’espoir probable que son fils puisse suivre des études de médecine et prendre sa succession. Mais le fils récalcitrant n’a aucune appétence pour la médecine (« J’avais constaté plusieurs fois que je n’étais pas fait pour la lancette et le bistouri ») et il s’apprête alors, sans beaucoup plus d’enthousiasme, à « troquer Velpeau pour Cujas », en vue sans doute d’assurer un jour la relève Me Robbe, notaire à Rémalard : le 14 novembre 1866 il s’inscrit donc à la Faculté de Droit de Paris. Mais c‘est sur le tas que, la première année, il commence à se former : saute-ruisseau, il se morfond dans la « caverneuse étude » de Me Robbe et, faute d’avoir travaillé, il échoue à son examen de droit. Il faut dire que, lors de ses escapades parisiennes si longtemps espérées, puis lorsqu’il s’y installe, en novembre 1868, il mène une vie frénétique de plaisirs, après des années de frustration et de refoulement. Il s'endette et, hors d’état de se présenter à ses examens, il rentre la queue basse au paternel logis, avec interdiction absolue de retourner dans la Babylone moderne.

Là s’arrête la carrière universitaire d’un ex-futur notaire qui, après la guerre de 1870, saisira la première occasion qui se présentera pour fuir le « cercueil notarial » de Me Robbe : il suivra alors à Paris le tentateur Dugué de la Fauconnerie (voir ce nom), qui lui mettra le pied à l’étrier en l’embauchant comme secrétaire particulier et en l’introduisant à L’Ordre de Paris.

P. M.

 

Bibliographie : Pierre Michel et Jean-François Nivet, Octave Mirbeau, l’imprécateur au cœur fidèle, Librairie Séguier, 1990, pp. 21-71 ; Octave Mirbeau, Lettres à Alfred Bansard des Bois, Montpellier, Le Limon, 1989.


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