Familles, amis et connaissances

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Terme
MEYER, arthur

MEYER, Arthur (1844-1924) était un journaliste, un patron de presse et un mondain. En juin 1879 il a pris la direction du Gaulois, quotidien qui était alors bonapartiste, et il l’a conservée toute sa vie, hors une brève interruption en 1881-1882, où il a dû laisser la place à Élie de Cyon. Il a fait du Gaulois un organe légitimiste et catholique et s’est lui-même converti au catholicisme, en 1901. Il était très répandu dans les milieux mondains, aristocratie et grande bourgeoisie. Quoique juif et exposé aux attaques des antisémites – il s’était même battu en duel avec Drumont, le 25 avril 1886, après la publication de La France juive et s’était alors déshonoré en écartant de la main la pointe de l’épée de son adversaire –, il est à son tour devenu antisémite, comme l’étaient les milieux conservateurs qu’il fréquentait. Pendant l’Affaire, il a tout naturellement été anti-dreyfusard. Meyer a publié des souvenirs, Ce que mes yeux ont vu (1911) et Ce que je peux dire (1912).

            Octave Mirbeau a été pendant plus de deux  ans son secrétaire particulier, à partir de l’automne 1879, et a alors collaboré au Gaulois, sous son nom et sous les pseudonymes de Gardéniac et de Tout-Paris. L’entente était loin d’être parfaite, car Meyer ne se souciait aucunement de littérature et aurait voulu confiner Mirbeau dans la chronique parisienne, de préférence mondaine et « très emballée ». Les deux hommes se sont brouillés et réconciliés à plusieurs reprises, Mirbeau reprenant brièvement sa collaboration au Gaulois en 1896. Mais l’affaire Dreyfus les a opposés violemment et éloignés définitivement : au cours du procès de Dreyfus à Rennes, en août 1899, ils se sont retrouvés dans le même hôtel, et, en découvrant son ancien patron, Mirbeau l’a pris au collet et l’a jeté dehors... Dans son article « Palinodies ! » (L’Aurore. 15 novembre 1898), Mirbeau prétend expliquer son antisémitisme des Grimaces de 1883 par le dégoût que lui inspirait alors Meyer : « Je sortais, quand je fis Les Grimaces, du Gaulois, que dirigeait M. Arthur Meyer. Comment eût-il été possible – j’en appelle à tous les cœurs passionnés – que la fréquentation journalière de M. Arthur Meyer m’inspirât d’autres sentiments ?... On conviendra que rien n’était plus naturel, plus légitime, et d’une plus irréprochable psychologie. Bien qu’il fût parfois charmant, M. Arthur Meyer avait ceci de mystérieusement attractif qu’il appelait l’antisémitisme , comme Jésus le miracle. Il y avait en lui, malgré lui, une telle force spontanée de propagande, que lui-même n’a pas pu y échapper. Il serait touchant, et à la fois comique, de penser que c’est par une violente protestation contre lui-même, que M. Arthur Meyer est devenu l’antisémite farouche que vous savez !... Quoi d’étonnant à ce que je le sois devenu moi aussi ?.. Mon tort, en cette circonstance bien parisienne, fut de conclure du particulier au général, et d’englober toute une race dans une réprobation qui eût dû rester strictement individuelle, à moins que je ne l’étendisse à beaucoup de Chrétiens qui sont parmi les plus détestables Juifs que je connaisse !... » La pirouette est un peu trop facile...

P. M.

 


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