Familles, amis et connaissances
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NOAILLES, comtesse anna de |
NOAILLES, Comtesse Anna de (1876-1933), née princesse Bibesco Bassabara de Brancovan. Auteure de quelques romans, dont La Nouvelle Espérance (1903) et Le Visage Emerveillé (1904), elle fut surtout connue pour sa poésie : Le Cœur innombrable (1901), Les Eblouissements (1907), Les Forces éternelles (1920), recueil couronné par l’Académie Français. Elle créa, en 1904, avec Judith Gautier et Mme Alphonse Daudet, le prix Vie Heureuse, qui deviendra par la suite le prix Femina. Elle fut la première femme à siéger à l’Académie royale de Langue et de littérature françaises de Belgique (1921) et à devenir commandeur de la légion d’Honneur (1931). Alors que ses textes sont publiés depuis 1898, il faut attendre 1904 pour voir apparaître le nom d’Anna de Noailles sous la plume de Mirbeau. Dans L’Humanité du 11 septembre, il remercie Léon Blum qui l’a incité à vaincre ses préjugés liés au roman féminin (prolifique et médiocre), pour découvrir les œuvres de la comtesse. L’hommage qu’il rend à la clairvoyance de son confrère, en reprenant et en interprétant ses propos, lui permet ainsi de saluer indirectement le talent de cette femme de lettres. À l’exception de La Nouvelle Espérance, le premier roman d’Anna de Noailles, Mirbeau ne mentionne aucun autre titre dans son article. Et, répondant à l’enquête de Raoul Aubry, « Les Maîtres de nos maîtres », parue dans Le Temps du 22 septembre 1904, il affirmait encore que « La Nouvelle Espérance [était] un des plus beaux livres de notre temps ». Faut-il conclure qu’il n’apprécia que sa production romanesque ? Cela expliquerait pourquoi son exemplaire des Éblouissements, recueil de poésie (1907) dédicacé par la comtesse, ne fut que partiellement rogné. La confession que Mirbeau fit dans L’Humanité, en 1904 lui attira la sympathie d’Anna de Noailles, avec qui il correspondit jusqu’en 1905. Il fut même le sujet de plusieurs de ses lettres avec Maurice Barrès. Dans un courrier daté du 9 novembre 1904, elle apprenait à son confident « que l’Académie Goncourt, je pense Mirbeau surtout, voudrait donner leur prix à mon livre, mais que Léon Daudet s’y oppose ». L’estime que lui portait Mirbeau fut cependant de courte durée : le personnage d’Anna de Noailles, « Madame Réclamier » comme la surnommait Paul Léautaud, l’insupporta au point que, dans La 628-E8 (1907), il la caricatura, sans la nommer, en poétesse imbue de son talent, idolâtrée et encensée par de « petites perruches de salon », tout en lui concédant « des dons merveilleux, une sensibilité abondante et neuve, un jaillissement de source, […] même un peu de génie »… N. S.
Bibliographie : Octave Mirbeau, « À Léon Blum », L’Humanité, 11 septembre 1904, in Les Combats littéraires d’Octave Mirbeau, L’Age d’Homme, 2006, pp. 571-573 ; Octave Mirbeau, La 628-E8, pp. 399-400 ; Claude Mignot-Ogliastri, Correspondance Anna de Noailles-Maurice Barrès (1901-1923), èd. De l’Inventaire, 1994.
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