Familles, amis et connaissances
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RACHILDE |
RACHILDE (1860-1953), pseudonyme de Marguerite Eymery, épousa en 1888 Alfred Vallette, futur directeur du Mercure de France. Romancière à la réputation sulfureuse, Monsieur Vénus (1884), certaines de ses oeuvres comme La Marquise de Sade (1887), Les Hors Nature (1897) scandalisèrent le public. Elle débuta sa carrière littéraire comme feuilletoniste à L’École des femmes et chroniqueuse au Zig Zag. Elle fréquenta un temps Maurice Barrès, Paul Verlaine, Catulle Mendès. Elle assura la critique littéraire du Mercure de France jusque dans les années 1920. Bien que Mirbeau ait sympathisé avec quelques-uns des collaborateurs du Mercure de France, comme Paul Léautaud, il semble n’avoir jamais été convié aux fameux “mardis” présidés par Rachilde. Leur divergence d’opinion, au moment de l’Affaire Dreyfus, n’encourageait pas, en effet, leur rencontre. En octobre 1900, Rachilde rendait néanmoins compte du Journal d’une femme de chambre et, en octobre 1901, des Vingt et un jours d’un Neurasthénique. Sa première critique peut se lire comme un hommage rendu au talent de l’auteur, un hommage toutefois ambigu. Si elle voit en Mirbeau « l’un de nos meilleurs journalistes », « prime-sautier, spirituel, combatif, doué d’un style rapide et amusant, [sachant] tirer l’épée aussi bien que la plume », elle déplore que « le génie inventif d’un grand journaliste ne nous serve pas meilleur canard sauvage ». Ce « canard sauvage », c’est Le Journal d’une femme de chambre, qui n’est, à ses yeux, qu’une compilation de lieux communs, car « quand, [...] on fait un livre “cochon” [...], on n’a qu’une excuse : nous offrir un piment inédit. Or, Céline [sic], à part l’antisémite violeur et assassin de petite fille, n’a rien inventé, pas même le prurit de la délation, si commun chez les salariés de toutes les classes”. L’année suivante, elle reprocha aux Vingt et un jours d’un neurasthénique son « manque de perversité, parce que c’est toujours brutal, d’une brutalité de [...] sanguin », tout en admirant « la naïveté des découvertes ». La dernière phrase de son compte rendu éclaire cet apparent paradoxe et résume l’opinion qu’elle se fait de l’auteur : « Je commence à le croire plus amateur de la pureté des roses que fin connaisseur en pornographie moderne ! ». Autrement dit, Rachilde estime que Mirbeau est encore trop naïf, au sens premier du terme, pour s’essayer aux études de mœurs. N. S.
Bibliographie : Rachilde, « Le Journal d’une femme de chambre », Le Mercure de France, octobre 1900, pp. 183-186 ; Rachilde, « Les vingt et un jours d’un neurasthénique », Le Mercure de France, octobre 1901, pp. 197-198.
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