Familles, amis et connaissances
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RENARD, jules |
RENARD, Jules (1864-1910), écrivain inclassable, n’appartenant pas tout-à-fait au XIX° siècle ni tout-à-fait au XX°, Jules Renard échappe aux appellations littéraires habituelles : ni naturaliste, ni post-naturaliste, ni romancier, ni nouvelliste, ni vraiment dramaturge. Son ami Léon Blum le décrit ainsi: « S’il fallait définir d’un mot le talent de M. Renard, je dirais donc que c’est un poète naturaliste ou un réaliste lyrique. Et il faut bien que je pense ainsi, admirant son talent comme je le fais, car j’ai tiré quelque vérité de mon expérience littéraire, elle tiendrait dans ces quatre mots : toute beauté est poésie. » (Gil Blas, 7 décembre 1903). Alors que la plupart de ses contemporains sont oubliés, son œuvre appartient à cette petite poignée toujours lue aujourd’hui. Quatre de ses pièces sont encore jouées régulièrement. Comme tout ce qui concerne Jules Renard, ses relations avec Octave Mirbeau furent ambigües. Relations purement littéraires qui débutèrent en février 1891 au cours d’un dîner des Symbolistes et se poursuivirent au hasard des rencontres dans d’autres dîners ou dans les salles de rédaction des journaux qui recevaient leurs copies : le Journal, la Revue blanche, l’Humanité. De seize ans son aîné, Mirbeau admirait l’œuvre de son jeune collègue, mais il semble que ses sentiments n’aient pas toujours été réciproques. En parlant des Mauvais bergers, Jules Renard note dans son Journal (15 décembre 1897) : « les pièces socialistes me rendront fou.» Trois jours plus tard (18 décembre), il ajoute : « Mirbeau, une peau de lion pour descente de lit. Une gueule ouverte qui n’avale rien, des dents superbes qui ne mordent pas, du rouge au cœur, mais c’est une bordure d’andrinople, une queue flasque, prétentieusement ramenée sur le flanc. Il croit que pour casser des vitres, il suffit d’y jeter des pierres. Son éloquence est à l’éloquence ce que Mirbeau est à Mirabeau. » Pourtant, il rédigera une critique admirative des Affaires sont les affaires dans le Canard sauvage du 18 avril 1903. «Ah ! Mirbeau n’a pas du s’embêter à l’écrire. » Ignorant le contenu du Journal et de toute façon guidé par ses propres convictions, c’est Octave Mirbeau qui, une première fois lors de la constitution de l’Académie Goncourt, suggère d’inscrire le nom de Jules Renard sur l’un des deux couverts restant à pourvoir. Mais celui-ci refuse de « marcher contre Descaves. » Sept ans plus tard, lorsqu’il s’agit de trouver un successeur à Huysmans dans la dite Académie, l’opiniâtre Mirbeau, interrogé par Charles Vogel dans le Gil Blas du 24 mai 1907, déclare : « Quant à moi, j’ai mon candidat, que vraisemblablement je serai seul à recommander : il se nomme Jules Renard, c’est un prosateur, un écrivain de grand talent, le type accompli de l’homme de lettres ; il est désigné, ce me semble, à tous les suffrages ! il n’aura que le mien. » Au mois d’octobre suivant, ayant mis sa démission dans la balance et soutenu par Lucien Descaves, il obtient l’élection de son poulain. L’œuvre de Jules Renard est pérennisée dans trois volumes de la Bibliothèque de la Pléiade. Le premier contient le Journal qui couvre la période 1887 à 1910, année de sa mort. Dans les deux suivants, il faut retenir les ? romans ? : L’Écornifleur (1892) et Poil de Carotte (1894) ; trois pièces en un acte : Le Plaisir de rompre (1897), Le Pain de ménage (1898), Poil de Carotte (1900) ; une pièce en deux actes : Monsieur Vernet (1903) et les textes des Histoires naturelles et de Nos frères farouches, Ragotte. T.J.
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