Familles, amis et connaissances
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ROBIN, paul |
ROBIN, Paul (1837-1912), ancien normalien et agrégatif, est un militant anarchiste, un pédagogue révolutionnaire et un théoricien du néo-malthusianisme (voir la notice). Il est l’auteur de brochures de propagande en faveur du contrôle des naissances et le fondateur, en 1896, de la Ligue pour la régénération humaine. À partir de 1880, il a longtemps dirigé l’orphelinat de Cempuis, dans l’Oise, avant d’être révoqué de ses fonctions par Georges Leygues, alors ministre de l’Instruction Publique, à la demande du parti catholique, le 31 août 1894. Bien qu’on n’ait rien pu lui reprocher sur le plan pédagogique, il a été accusé de répandre des idées subversives. Paul Robin s’est suicidé en 1912. Mirbeau partageait ses valeurs, son idéal de pédagogie humaniste et libertaire et ses objectifs néo-malthusiens. Aussi, quand Robin a perdu son poste à Cempuis, a-t-il pris vigoureusement la défense d’un homme doté d’un « grand dévouement », « d’une belle générosité » et d’une intelligence supérieure, confronté à la collusion contre-nature entre, d’une part, des politiciens « qui s’intitulent républicains », mais qui en réalité ont fait main basse sur la France et qu’il assimile à Cartouche, et, de l’autre, les cléricaux, qualifiés de Loyola, qui sont, les uns et les autres, uniquement soucieux « de perpétuer leur domination » et ont besoin pour cela de réduire les futurs adultes à « des troupeaux de brutes », plus maniables que de véritables citoyens. Provocateur, il a intitulé son article « Cartouche et Loyola » (Le Journal, 9 septembre). Comme dans « Mon précepteur », paru le 26 août précédent, il y chante les louanges de la pédagogie alternative, respectueuse de l’enfant, qui était mise en œuvre à Cempuis : « Jamais on ne vit, dans une agglomération d’enfants, autant de santé et autant de joie. [...] Pour la première fois j’ai eu l’impression d’une enfance et d’une jeunesse vraiment jeunes et enthousiastes, et j’ai compris qu’il pouvait sortir de là de vrais hommes et de vraies femmes, c’est-à-dire des êtres admirablement armés pour le travail et la vie sociale et qui, protégés contre les disciplines esclavagistes de l’autorité, contre les déceptions énervantes des religions, sauront peut-être trouver le bonheur en soi-même. » À l’automne 1900, Mirbeau popularise les idées néo-malthusiennes de Paul Robin dans une série de six chroniques du Journal intitulées « Dépopulation ». P. M.
Bibliographie : Octave Mirbeau, Combats pour l’enfant, Ivan Davy, Vauchrétien, 1990, pp. 131-142.
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