Familles, amis et connaissances
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VIELE-GRIFFIN, francis |
VIELÉ-GRIFFIN, Francis (1864-1937), poète symboliste de nationalité américaine et d’expression française. Il a collaboré à Lutèce, à L’Ermitage et au Mercure de France, et a fondé et financé les Entretiens politiques et littéraires, en 1890. Partisan du vers libre, considéré comme une « attitude mentale », il aspirait à l’eurythmie et prétendait se rafraîchir aux sources populaires. Auteur de Cueille d’avril (1886), Les Cygnes (1887), Joies (1888), Diptyque (1891), La Clarté de vie (1897), d’une tragédie en vers, Phocas le jardinier (1898), et, surtout, de La Chevauchée de Yeldis (1893), fort admiré de la jeune avant-garde poétique. Sur le plan politique, il était anarchisant, ce qui a contribué à le rapprocher de Mirbeau, qui l’a reçu au Clos Saint-Blaise et qui a accepté, en mars 1895, d'être, à ses côtés, témoin de leur commun ami Whistler dans sa querelle avec George Moore. Mais littérairement, ils étaient séparés par des abîmes d’incompréhension. Dans une savoureuse parodie parue dans Le Journal le 2 février 1897 sous le pseudonyme de Jean Salt, « Le Poète et la source », Mirbeau se moque de la platitude et de l’insignifiance de pseudo-vers supposés eurythmiques . Trois ans plus tard, il évoque, au détour d’une chronique, « ces piaulements inarticulés que M. Vielé-Griffin persiste à pousser parfois, dans des revues et dans des livres » (« Espoirs nègres », Le Journal, 20 mai 1900). Cela lui vaut les protestations d’Edmond Pilon, auquel Mirbeau répond dans un nouvel article au titre ironique, « Le Chef-d'œuvre » (Le Journal, 10 juin 1900). Il y tourne longuement en dérision La Chevauchée de Yeldis : « Il est parfaitement vrai que je me refuse à prendre pour des vers libres, et même pour de la prose esclave, les vers de M. Vielé-Griffin. Si libre qu’il soit, un vers doit exprimer quelque chose, une idée, une image, une sensation, un rythme. Or, je défie M. Edmond Pilon de nous prouver que les vers de M. Vielé-Griffin expriment quelque chose d’autre qu’une mystification, laquelle, vraiment, a trop duré. » Après avoir cité de larges extraits de ce poème, abusivement admiré selon lui, il conclut, sarcastique : « Tel est ce chef-d’œuvre, tel est le chef-d’œuvre de M. Vielé-Griffin !… Eh bien, je le demande, en toute bonne foi, à M. Edmond Pilon, qu’est-ce que tout cela veut bien dire ?… Quelle est cette langue ? Est-ce du patois américain ? Est-ce du nègre ? »... Alors que Mirbeau admire profondément Baudelaire, Rimbaud, Mallarmé, Verlaine, Rodenbach et Verhaeren, il est totalement allergique à la poésie des symbolistes proclamés en général, et à celle de Viélé-Griffin en particulier. P. M.
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