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SAINT-SAËNS, camille |
SAINT-SAËNS, Camille (1835-1921), compositeur français d’inspiration néo-classique plus que post-romantique. Il était hostile au wagnérisme et se voulait très patriote. Il est l’auteur de dix concertos (cinq pour piano, trois pour violon et deux pour violoncelle), de poèmes symphoniques (La Danse macabre), de la célèbre Symphonie avec orgue (1886), d’une abondante musique de chambre, de musique religieuse, notamment un Requiem (1878), et de plusieurs opéras : Le Timbre d’argent (1877), Samson et Dalila (1877), son chef-d’œuvre lyrique, et Henri VIII (1883). Mirbeau n’a parlé de Saint-Saëns que lors de ses débuts journalistiques et avec un regard extrêmement critique qui surprend un peu. C’est ainsi que, le 30 novembre 1876, il propose, sur le ton de la plaisanterie, d’appliquer la peine de mort « sans pitié ni merci » au compositeur et à quelques autres personnalités du monde culturel qu’il exècre pour leur médiocrité, en même temps qu’aux notaires et aux concierges... Plus sérieusement, il accuse ce compositeur, si « incontestablement dépourvu de talent » et qui « malmène et torture la musique si fort », d’avoir mené des « intrigues sourdes » pour parvenir à faire montrer ce « malencontreux ouvrage » qu’est Le Timbre d’argent, dont il souhaite la chute. Mais, plus que d’être dépourvu de l’étincelle du génie, ce qu’il reproche à Saint-Saëns, c’est de s’employer, en tant que critique musical, à étouffer dans l’œuf les gloires naissantes (« Chronique de Paris », L’Ordre de Paris, 14 décembre 1876). Le 25 janvier 1877, nouvelle attaque contre Saint-Saëns, dont il qualifie d’« impudente » la « ténacité des médiocres qui s’ignorent » à vouloir être joué à tout prix. Dans un article de souvenir paru le 19 février 1911 dans L’Écho de Paris, Saint-Saëns rappellera qu’« un jeune journaliste », qu’il ne nomme pas, avait, dans « deux avant-premières », préparé « la chute de [son] ouvrage ». Six ans plus tard, le ton de Mirbeau a complètement changé quand il parle d’Henri VIII : il en juge « la partition superbe, d’un talent et d’une inspiration soutenus », et voit alors en Saint-Saëns, « sans contredit, notre premier compositeur français » (« Coulisses », Paris-Midi Paris-Minuit, 6 mars 1883). On a l’impression qu’il ne juge plus, ab irato, sur la base du comportement déplaisant de l’homme, mais en fonction de l’émotion procurée par le compositeur. P. M.
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