Familles, amis et connaissances
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VALLOTTON, félix |
VALLOTTON, Félix (1865-1925), peintre, dessinateur, graveur et écrivain français d’origine suisse. En 1882, il quitte Lausanne pour apprendre la peinture à Paris. Il s’inscrit à l’Académie Julian et, au Louvre, copie les maîtres. Au départ son travail, marqué par les peintres qu’il admire (Holbein et Ingres), est plutôt sage. Mais l’amitié qu’il noue avec les Nabis (avec qui il expose chez Le Barc de Bouteville), la fréquentation des milieux de la presse et la découverte des estampes japonaises le conduisent à un art puissant et personnel. Son originalité va s’exprimer tout d’abord dans la gravure qui, entre 1890 et 1900, prend le pas sur la peinture. Sa maîtrise da la xylographie lui vaut une réputation internationale. Sa mise en page audacieuse, son graphisme elliptique, sa simplification des formes, son jeu de contraste novateur et son esprit critique séduisent les journaux qui le sollicitent. Il publie dans Le Rire, La Gazette de Lausanne et surtout dans La Revue Blanche. Il illustre également certains ouvrages (Renard, Gourmont). Ce sens du cadrage, ce dessin épuré, cette économie chromatique, cette suppression des nuances, il va les appliquer par la suite à sa peinture, comme en témoignent ses toiles d’une facture lisse, parfois dure et froide, révélant une certaine causticité. Mirbeau, dans le groupe des Nabis, accorde une place particulière à Vallotton : il est le seul à qui il consacre un article. Comme Bonnard et Vuillard, il collabore à La Revue Blanche pour laquelle il réalise de nombreux portraits (dont celui de Mirbeau, actuellement au musée de Grenoble), mais son pessimisme et son souci de réalisme austère le différencient de ses amis. Est-ce cette singularité qui attire l’attention du journaliste, ou son goût de l’imprévu et du cocasse évoqué par Jules Renard, ou encore son amour de la littérature qui l’amène à fréquenter les « mardis » de Mallarmé ? Qu’est-ce qui, aux yeux du critique, le distingue des autres ? Quelle que soit la raison qui le pousse, le résultat est là. Le journaliste ne se contente pas de noyer son nom au milieu d’autres dans des listes flatteuses, ni d’expédier en quelques lignes l’art de ce peintre, il rédige, en 1910, la préface au catalogue de l’Exposition Vallotton à la Galerie Druet. Comme il le fait quand il aborde l’art de ces peintres, il commence par traiter des Nabis en général, de leur place dans la peinture, de leur amitié, de leur zélateur Natanson et des commentaires qu’ils ont suscités. Il s’adonne ensuite à une diatribe contre les critiques et ce n’est que dans le dernier tiers de l’article, que le critique entre enfin dans le vif du sujet : Vallotton. Comme pour compenser ses atermoiements, il se montre alors dithyrambique. Mirbeau, comme s’il redoutait d’être en deçà de son émotion, l’amplifie, son style est hyperbolique : « M. Vallotton est un esprit clair, précis, très averti, très cultivé, très passionné. [...] il ne se dessèche pas l’âme dans les théories […]. Comme ceux qui ont beaucoup vu, beaucoup lu, beaucoup réfléchi, il est pessimiste. [...] Nul ne possède comme lui, autant que lui, les ressources de son art. [...] Mieux que personne [...] il sait être un coloriste très savant, très abondant, très nuancé, dégrader, avec une très fine sensibilité, les blancs et les noirs. [...] Je connais des peintres différents de M. Vallotton, j’en connais de plus séduisants, peut-être, je n’en connais pas de plus forts. » Lui qui a souvent recours aux images, se cantonne ici à des considérations abstraites et à des jugements catégoriques. Ses réflexions restent théoriques et sont rarement illustrées par des exemples picturaux. S’il n’a aucun mal à clamer son admiration pour les impressionnistes, car elle émane du cœur, il lui est plus difficile de traduire ses enthousiasmes face à Vallotton – et aux Nabis en général – car eux semblent le fruit de la raison. L. T.-Z.
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