Familles, amis et connaissances
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BOURGET, paul |
BOURGET, Paul (1852-1935), romancier mondain qui se réclame de Balzac et de Stendhal, qui se pique de psychologie « au scalpel » et qui, par arrivisme et conservatisme social, s’est rallié à l'Église catholique romaine et à la monarchie (L’Étape, 1902). Il a fait ses débuts à La République des Lettres de Catulle Mendès (1876-1877) et a percé grâce à la Nouvelle revue de Juliette Adam (voir la notice). Auteur notamment de : Cruelle énigme (1885), André Cornélis (1885), Un crime d’amour (1886), dont Mirbeau rend compte élogieusement, Mensonges (1887), où il s’est souvenu explicitement de la liaison de Mirbeau avec Judith Vimmer, Le Disciple (1889), où il critique la doctrine de Taine, son premier maître, Un cœur de femme (1890), Cosmopolis (1893), L’Étape (1902), où il se rallie au catholicisme, Un divorce (1904), L’Émigré (1907), etc. Il a aussi fait paraître en 1888, dans La Vie parisienne, une Physiologie de l’amour moderne, dont Mirbeau s’est beaucoup gaussé. Il a été élu à l’Académie Française en 1894. Lié d'amitié avec lui à ses débuts, Mirbeau est alors favorablement impressionné par son intelligence et sa culture, dont témoignent notamment, à ses yeux, ses Essais de psychologie contemporaine de 1883, où il admire sa capacité à rendre « l’intime vie morale » de quelques grands écrivains (voir « M. Paul Bourget », Les Grimaces, 3 novembre 1883. De son côté, Bourget consacre au Calvaire un article dithyrambique dans la Nouvelle revue du 1er janvier 1887. Mais Mirbeau est bientôt de plus en plus révulsé par son ami, pour de multiples raisons, qui apparaissent au fil de sa correspondance, de ses articles et de ses romans : par le réclamisme impénitent d’un arriviste sans scrupules ni complexes (voir « Le Manuel du savoir écrire », Le Figaro, 11 mai 1889 ; par le snobisme vulgaire d’un naïf que tout épate dans le “monde” ; par ses dérisoires prétentions à la scientificité, alors que sa psychologie pour mondaines n’est que « du toc » ; par son exploitation mercantile du juteux et inépuisable filon de l’« adultère chrétien » qu’il a « inventé », avant de se mettre, sur le tard, à « exploiter la souffrance humaine, la souffrance des âmes riches et vertueuses » (Têtes de Turc, 31 mai 1902) ; et par ce qu’il considère comme la haine des pauvres : « Ah ! sapristi ! il n’aime pas les pauvres », s’écrie la soubrette Célestine. Bourget devient alors une de ses têtes de Turc préférées, Mirbeau considérant qu’il a prostitué son talent et trahi la mission de l’écrivain pour aduler servilement les nantis. À l’automne 1897, il le tourne en ridicule dans une série de dialogues bouffons intitulée Chez l’Illustre écrivain, 1897. Dans Le Journal d’une femme de chambre (1900), il présente son ex-ami, philosophe pour salons, comme le préposé à la vidange des âmes des riches, qui fait à Célestine l’effet d’« une cuvette ». En 1902, dans un numéro de L’Assiette au beurre entièrement réalisé par lui, il conclut lapidairement la notice consacrée à son ex-ami, devenu académicien, par un cinglant « Il est entré vivant dans la mortalité ». Et dans le dernier chapitre de La 628-E8 (1907), il raconte à des femmes allemandes cultivées sa dernière entrevue avec Bourget sur le yacht de Maupassant, que l’auteur du Disciple se vante, grossièrement et en toute inconscience, d’avoir converti à la psychologie et qui n’est plus alors que l’ombre de lui-même (voir le récit dans la notice Maupassant). La plupart des lettres de Mirbeau à Bourget sont recueillies dans le tome I de sa Correspondance générale. Dix lettres de Bourget à Mirbeau ont été publiées à Nice, dans Sur la Riviera, en 1922. P. M.
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