Familles, amis et connaissances
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QUILLARD, pierre |
QUILLARD, Pierre (1864-1912), helléniste et écrivain engagé. Érudit, Quillard a a traduit Les Lettres rustiques de Claudius Aelianus Prenestin (1895), Les Mimes d’Hérondas (1900), le Philoctète de Sophocle, et des œuvres de Porphire et de Jamblique. Il a été professeur, notamment à Constantinople, de 1893 à 1896, où il a été sensibilisé aux massacres d’Arméniens. Poète symboliste, il est auteur de La Fille aux mains coupées, publié en 1886 et représenté au Théâtre d'Art le 19 mars 1891. Journaliste, il a collaboré à La Pléiade et au Mercure de France. Intellectuel éthique, comme Mirbeau, il a été un dreyfusiste de la première heure, il a signé quantité de pétitions, il a participé à de nombreux meetings, à Paris et en province, et il s’est par la suite distingué par sa défense ardente du peuple arménien massacré par les Ottomans. Mirbeau aimait beaucoup Pierre Quillard, son frère spirituel, qui le lui rendait bien et dont il possédait les œuvres agrémentées de longues dédicaces manuscrites, par exemple : « À Octave Mirbeau, en signe d’admiration chaque jour plus vive et d’amitié chaque jour plus fervente. » Tous deux ont participé à une représentation de L’Ennemi du peuple, d’Ibsen, le 29 mars 1898. Ensemble ils ont animé plusieurs meetings dreyfusistes houleux, notamment à Toulouse, le 22 décembre 1898 (voir la notice Toulouse). Ils devaient être envoyés en Algérie, en proie à des pogroms antisémites, par la toute nouvelle Ligue des Droits de l’Homme, mais le projet ne s’est pas concrétisé. En février 1900, Quillard devait consacrer une conférence à son ami lors d’une lecture des Mauvais bergers par l’auteur, mais a dû être remplacé au pied levé par Hérold. Lors de sa lutte pour un Théâtre Populaire (voir la notice), Mirbeau souhaitait que Quillard fournisse des traductions « loyales des chefs-d’œuvre grecs ». De son côté Quillard a consacré un élogieux article au Jardin des supplices le 1er juillet 1899 dans le Mercure de France. Il voit en Mirbeau un homme « hanté par l'épouvante du mal universel » et « par l'idée que la volupté s'achète par la douleur infligée ou perçue ». Rêvant « d'un monde moins absurde et moins cruel », le romancier est révolté par tout ce qui perpétue morbidement la souffrance et c’est « par l'ironie et la pitié » qu’il invite « au mépris et à la haine des religions, des morales et des lois, de toutes les lois arbitraires qui restreignent la liberté des individus et la sacrifient aux dieux, aux patries, aux devoirs abstraits et catégoriques ». Par une transfiguration esthétique, « sur le fumier des lois et des dieux qui nourrit de poisons hostiles et bienfaisants toute grandeur humaine, de ce fumier, par la révolte, il fait surgir l'angoissante, la tragique et la parfaite beauté ». Quillard admire surtout la deuxième partie du récit, « le long poème en prose où les chairs saignantes et les fleurs luttent d’éclat et mêlent à l’odeur carnassière de la pourriture tous les parfums d’une vie exubérante. [...] La gloire des fleurs est célébrée par un amant qui les a possédées de toute la fièvre de ses yeux, de ses narines et de ses doigts et qui les vénère et les honore d’un culte fervent, presque farouche, à l’égal de divinités impérissables et fragiles. » Quillard a rendu visite à Mirbeau, fin août 1901, lors de sa villégiature à Veneux-Nadon. P. M.
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