Familles, amis et connaissances
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SIMON, jules |
SIMON, Jules (1814-1896), pseudonyme de Simon Suisse, politicien républicain. Ancien normalien, agrégé de philosophie, il a été député sous la deuxième République, puis de nouveau en 1863 et 1869 et a siégé dans l’opposition à l’Empire. Ministre de l’Instruction publique après le 4 septembre 1870, puis sous Thiers, il a été élu sénateur inamovible en 1875. Il représente alors le courant « centre gauche », c'est-à-dire les républicains conservateurs tournés en dérision par Mirbeau dans L’Ordre de Paris parce qu’ils sont toujours prêts à toutes les alliances pour préserver l’ordre social et manger à tous les râteliers. Il a été choisi par Mac-Mahon, comme président du Conseil, en décembre 1876, mais a été révoqué par le maréchal le 17 mai 1877, pour n'avoir pas empêché le vote, par la Chambre des Députés, de l'abrogation de certaines peines punissant des délits de presse. Il a été élu à l’Académie Française en 1875 et a publié divers ouvrages d’histoire et de morale. Il s’est aussi beaucoup occupé d’entreprises prétendument charitables. Mirbeau s'est souvent moqué de Jules Simon, qu’il qualifiait déjà, dans L'Ariégeois, de « larmoyeur sentimental ». Son « indécrottable philanthropie » n’est à ses yeux qu’un trompe-l’œil, quand ce n’est pas carrément une forme d’exploitation de la misère humaine. « Archétype du philanthrope » et « bienfaiteur professionnel », il se prend volontiers pour le Bon Dieu. Pour Mirbeau, « ce n’est plus un homme, c’est une institution à lui tout seul, un corps constitué ». À en croire des sources bien informées, il aurait en effet, « fondé, protégé, présidé, durant sa larmoyante existence, plus de trois mille œuvres de bienfaisance et institutions charitables, pour ainsi parler... Trois mille ! N’est-ce point à faire frémir ? » (« Dépopulation (III) », Le Journal, 2 décembre 1900). Car Simon n’est pas seulement coupable de publicité éhontée pour ses pseudo-bonnes œuvres, « qui ne profitent qu’à ceux qui les fondent » (« Les Petits martyrs » L'Écho de Paris, 3 mai 1892), et il ne contribue pas seulement à endormir les misérables par ses doucereuses paroles. Mais il utilise la philanthropie à des fins plus que suspectes : au lieu de s’attaquer aux causes du mal social et de s’occuper des véritables victimes que sont les enfants miséreux et violentés, il se sert de moyens bien tortueux pour alimenter ses prétendues caisses « de sauvetage » qui ne servent en fait, qu’aux « enfants de ses fournisseurs, avec les deniers chèrement gagnés par les gueux » (« Encore M. Jules Simon », L'Écho de Paris, 10 mai 1892). . Voir aussi Philanthropie. P. M.
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