Familles, amis et connaissances

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Terme
MAILLOL, aristide

MAILLOL, Aristide (1861-1944), peintre, lissier, céramiste, dessinateur et sculpteur français. Né à Banyuls, il est resté toute sa vie très lié à son Roussillon natal et à la Méditerranée. Élève de Gérôme et de Cabanel à l’École des Beaux-Arts, il commence par admirer Puvis de Chavannes, puis, en 1889, découvre Gauguin. Jusqu’en 1900, il pratique la peinture et la tapisserie dans un esprit proche des Nabis. Rien d’intimiste cependant chez lui, mais un goût pour la nature, le plein air, la lumière (La Femme à l’ombrelle, vers 1895, Musée d’Orsay, Paris). À partir de 1900, il est essentiellement sculpteur. Soutenu par Vollard, il expose, au Salon de 1905, Méditerranée, un nu féminin assis, aux formes simplifiées et au modelé régulier, qui a valeur de manifeste contre la torsion expressionniste à l’œuvre chez Rodin, Camille Claudel et Bourdelle. En 1908, il sculpte L’Action enchaînée, monument qu’on lui a commandé en hommage à Auguste Blanqui. À la suite d’un voyage en Grèce, il se tourne de plus en plus vers une beauté immuable résidant dans l’harmonie de gestes débarrassés des passions. Les nus féminins allégoriques, qu’il multiplie jusqu’à la fin de vie, sont tous caractérisés par des volumes arrondis, un modelé lisse et un grand sens de la monumentalité. Ce néo-hellénisme l’a rendu extrêmement populaire. En 1965, à l’initiative de Malraux, dix-huit de ses statues sont installées dans le jardin des Tuileries, formant une sorte de musée en plein air. Maillol a par, ailleurs, été un remarquable illustrateur (Les Églogues de Virgile, Chansons pour elle, de Verlaine, L’Art d’aimer, d’Ovide, Daphnis et Chloé, de Longus, etc.).

Mirbeau a vu, en 1902, la première exposition personnelle du sculpteur chez Vollard. Il a été séduit et a acheté une Léda en bronze. Lorsque la Ligue des Droits de l’Homme envisagea d’ériger un monument en hommage à Émile Zola, il proposa Maillol (Rodin s’était récusé) : « Je ne trouvais pas, à défaut de Rodin, un statuaire plus digne de cette mission que Maillol. » Mais ce fut Constantin Meunier qui fut choisi (Combats esthétiques, II, 357-365). En 1905, il publia une longue étude, la plus longue de toute sa critique d’art, en forme de plaidoyer pour le sculpteur (Combats esthétiques, II, 374-399). Il y qualifie Maillol de « maître incomparable de la statuaire moderne ». Pourvu d’ « un tempérament très original et très rare […], il s’est influencé et discipliné soi-même, à la vaste et féconde école de la nature. Ce fut son seul atelier et son seul musée. » Mirbeau prend soin de mentionner l’avis de Rodin (« Maillol a le génie de la sculpture ») et, décrivant son intérieur, de noter qu’ « à la place d’honneur, sur le buffet, un puissant plâtre de Rodin » trône. Maillol n’est cependant pas présenté comme un continuateur de Rodin, mais, comme lui, « il a nettement compris que si l’art peut être et est variable à l’infini, la forme, elle, demeure impérieusement une, à travers toute la vie, et toutes les vies. » Poursuivant sa campagne en faveur du sculpteur catalan, il le mentionne chaque fois qu’il le peut. Il salue la commande, par le comte de Kessler, d’une statue monumentale pour le musée de Weimar. Lors de la visite que Paul Gsell lui rend, en 1907, il défend, devant sa Léda, l’art du sculpteur, en proposant une nouvelle fois ce paradoxe : l’art de Maillol, c’est la vie (Combats esthétiques, II, 424).

Il faut signaler, par ailleurs, que Mirbeau a ignoré Bourdelle, alors que c’est plutôt lui que l’on s’attendait à voir défendre, à la suite de Rodin et de Camille Claudel.



C.L.



Bibliographie : Octave Mirbeau, Sur la statue de Zola, Caen, L’Échoppe, 1989 ; Octave Mirbeau, Combats esthétiques, tome II, Paris, Séguier, 1993.

 


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