Familles, amis et connaissances
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RAFFAELLI, jean-françois |
RAFFAËLLI, Jean-François (1850-1924), peintre, dessinateur et graveur français. D’abord acteur au théâtre lyrique, il commence à peindre en 1870 dans le style de Fortuny. Au Salon de 1876, Duranty loue son réalisme et le présente à Degas, qui sera son principal soutien. Installé à Asnières, il peint, dans un style très graphique et avec une palette sombre et resserrée, le petit peuple miséreux (mendiants, chiffonniers, prostituées) d’une banlieue sans joie. Sa participation aux expositions impressionnistes de 1880 et 1881 provoque des remous au sein du groupe. Il est soutenu par Geffroy et Huysmans, dont il illustre les Croquis parisiens. Il fait le portrait de Clemenceau et d’Edmond de Goncourt. Le bibliophile Paul Gallimard lui commande l’illustration de Germinie Lacerteux. Lié aux écrivains naturalistes, il entretient également de bonnes relations avec Mallarmé. À la suite d’une tournée de conférences aux États-Unis, il acquiert une renommée internationale. Le succès venu, il quitte Asnières pour Paris, où il trouve de nouveaux motifs qui le conduisent à rompre avec le misérabilisme qui avait fait sa réputation. Naturaliste davantage qu’impressionniste, c’est peut-être dans la gravure qu’il s’est exprimé avec le plus de pertinence. Dès 1876, il s’essaie à la lithographie. En 1889, il aborde la gravure en couleurs, technique qui lui convient parfaitement et dont il va être l’un des artisans du renouveau en France. Il a également illustré de nombreux ouvrages (L’Assommoir, Les Sœurs Vatard, etc.). Mirbeau apprécie le fait que Raffaëlli soit un autodidacte qui a forgé son art en dehors des formules ressassées de l’Ecole. Il loue son « sens de la modernité » et la façon dont, dans son Portait de Clemenceau au cirque Fernando (Musée de Versailles), il « a résolu, avec une grande maîtrise, un problème d’art très difficile : détacher un homme sur une foule » (Combats esthétiques, I, 181). En 1889, il lui consacre tout un article, dans lequel il proclame que « grâce à M. Raffaëlli, la banlieue parisienne […] a conquis sa place dans l’idéal ». (Combats esthétiques, I, 367). Davantage que Victor Hugo, Raffaëlli est, pour Mirbeau, le meilleur peintre des misérables en raison de son solide sens de l’observation. Mais, lassé par l’arrivisme et la suffisance du peintre, Mirbeau adopte peu à peu l’opinion de Monet, qui ne voit en lui qu’un « barbouilleur ». Commence alors une période où Mirbeau se lâche dans sa correspondance (à Monet au début de février 89 : « Décidément, c’est le roi des idiots », Correspondance générale, II, 37), tout en continuant de défendre publiquement le peintre dans ses articles. Raffaëlli illustre une réédition des Lettres de ma chaumière et demande à Mirbeau sa collaboration aux Types de Paris. L’écrivain lui donne Cocher de maître, mais écrit à Hervieu : « Je connais peu de choses, même chez des illustrateurs ordinaires, d’aussi parfaitement mauvaises » (Correspondance générale, II, 80). En 1894, il persiste à louer « le caractère constant de simplicité, de jour en jour plus précis et plus direct » du peintre. Et il ajoute : « C’est la vie qu’il reproduit, la vie qui passe devant nous, en images familières et connues, […] dont il nous dévoile, avec une singulière compréhension, tout l’inconnu. » (Combats esthétiques, II, 64-65). En 1897, dans une chronique dialoguée, il rompt les ponts avec le peintre de manière fracassante, l’exécutant froidement : « C’est du Jongkind pour demoiselles du Connecticut. […] Raffaëlli a créé la banlieue… C’est un dogme… N’en parlons plus !... » (Combats esthétiques, II, 185). C. L.
Bibliographie : Octave Mirbeau, Cocher de maître (illustrations de Raffaëlli), Reims, Éditions À l’écart, 1990 ; Octave Mirbeau, Combats esthétiques, tomes I et II, Paris, Séguier, 1993 ; Jean-François Raffaëlli et Octave Mirbeau, Correspondance, suivie des articles de Mirbeau sur Raffaëlli, Tusson, Du Lérot, 1993.
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