Familles, amis et connaissances
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IBSEN, henrik |
IBSEN, Henrik (1828-1906), auteur dramatique norvégien, qui a vécu hors de son pays natal de 1864 à 1891. Il est un des phares de la rénovation théâtrale en Europe dans la deuxième moitié du siècle, en introduisant sur scène des problèmes moraux et sociaux en lien avec la vie moderne. Mais il n’est pas pour autant tombé dans le théâtre à thèse, et il a su dépasser l’opposition stérile entre naturalisme et symbolisme (voir par exemple Peer Gynt, 1867). Il avait la capacité de faire vivre des personnages fortement individualisés, dans des cadres bien précis et bien observés, engagés dans une action fortement agencée. Ses principales pièces sont La Comédie de l’amour (Kjærlighedens Komedie, 1862), Brand (1866), Une maison de poupée (Et Dukkehjem, 1879), Les Revenants (Gengangere, 1881), Un Ennemi du peuple (En folkefiende, 1882), La Dame de la mer (Fruen fra Havet, 1888) et Solness le constructeur (Bygmester Solness, 1892). Au cours des années 1890, Mirbeau a eu l’occasion d’assister à de nombreuses représentations de pièces d’Ibsen : Les Revenants (Théâtre Libre, 30 mai 1890), Le Canard sauvage (Théâtre Libre, 27 avril 1891), Hedda Gabler (Vaudeville, 17 décembre 1891), Un Ennemi du peuple (Bouffes du Nord, 10 novembre 1893), Maison de poupée (Vaudeville, 20 avril 1894), Solness le constructeur (L’Œuvre, 3 avril 1894), Brand (22 juin 1895), Peer Gynt (L’Œuvre, 12 novembre 1896) et Jean-Gabriel Borkmann (L’Œuvre, 9 novembre 1897). Et d’emblée, comme son ami Marcel Schwob, il a été frappé par le « génie » d’Ibsen. Sollicité par Lugné-Poe de donner son avis sur Peer Gynt, il a d’abord jugé, au vu du manuscrit, que l’œuvre n’était pas vraiment faite pour la scène, mais il a ensuite reconnu volontiers, après la représentation, qu’il avait eu tort et, le 15 novembre 1896, il en a parlé élogieusement dans une désopilante chronique du Journal intitulée « Les Pintades », où il désigne par ce terme dépréciatif les grotesques critiques dramatiques, aussi insensibles à la beauté que ces volatiles stupides face à des colliers en or. Il est revenu sur cette incompréhension des critiques face au théâtre scandinave dans sa chronique du 24 janvier 1897, « Entracte à l’Œuvre », où il faisait dialoguer l’un d’eux avec un abonné de l’Œuvre qui ne comprend rien à Ibsen : « C’est absurde, c’est incohérent, c’est obscur, c’est rasant… » Et pourtant, force lui est de reconnaître, bien malgré lui, « qu’il y a, tout de même, dans Peer Gynt, un je ne sais quoi… un petit rien, qui vous intéresse… Je sais comment cela commence… Un petit rien… Un petit picotement d’abord !… Et puis après, le grand frisson, le grand délire ! Ça y est !… Vous êtes fichu !… Cela devait arriver !… » Quelques jours plus tard, Mirbeau a uni Ibsen et Bjørnson dans un même hommage reconnaissant, parce qu’ils ont rénové le vieux théâtre enkysté et lui ont permis d’éprouver « de fortes joies et de nobles émotions » (La Revue blanche, 15 février 1897). Pendant l’affaire Dreyfus, le 29 mars 1898, il a volontiers accepté de faire de la figuration lors d’une représentation unique d’Un ennemi du peuple, au théâtre de la Renaissance, qui était aussi une manifestation politique en faveur de Dreyfus et de Zola. P. M.
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